L’ex-première ministre d’Ukraine Yulia Timoshenko vient d’être condamné à sept ans de prison par un juge de Kiev qui la declara coupable d’avoir abusé de ses compétences au moment de signer un contrat de distribution de gaz russe avec le premier ministre de Russie, Vladimir Putin, en 2009.

 

 

Le président du tribunal qui jugeait Timoshenko, le magistrat Rodion Kirieev, imposa également une interdiction d’occuper les fonctions étatiques pendant 3 ans. La leader opposante a annoncé qu’elle fera appel au jugement devant le Tribunal Européen des Droits de l’Homme.

Le tribunal donna satisfaction à la demande de Naftogaz, qui réclamait de l’ex-première ministre la somme de 1500 millions de grivnias (environ 150 millions d’euros) en compensation des préjudices occasionnés à la compagnie d’hydrocarbures d’Ukraine par la signature des contrats de distribution de gaz avec la Russie. Selon le jugement, l’ex-chef du gouvernement devra rembourser cette somme, sous peine de se voir confisquer sa résidence principale.

L’UE considère que le jugement n’a pas respecté les standards internationaux et que les accords avec le gouvernement de Kiev sont en danger.

Vêtue d’un long manteau blanc et coiffée de sa fameuse tresse enroulée autour de la tête, Yulia Timoshenko interrompit à plusieurs reprises la lecture de la sentence qui décrit un procès considéré comme politique. Timoshenko accusa le président Victor Yanukovich d’avoir rédigé lui-même la sentence qui selon elle "ôtait la liberté de l’Ukraine" et évoquait un retour aux purges de 1937.

"Aucun régime autoritaire ni leurs sentences ne m’arrêteront. Le tribunal a bafoué la Constitution et la justice", affirma-t-elle. Elle ajouta: "Je vous appelle à la lutte. Nous traversons un moment très difficile et de grande responsabilité. Nous devons défendre l’Ukraine de l’autoritarisme. Ne nous décourageons pas". Assis aux côtés de la première ministre, se trouvaient son époux, Alexandr, et leur fille, Yevguenia. Timoshenko, sans aucun doute le politique le plus brillant ayant la plus grande capacité oratoire et de réaction d’Ukraine, sorti de la salle du procès sans menottes.

 

 

La condamnation de Timoshenko causera probablement des problèmes au président Yanukovich, tant à Moscou qu’à Bruxelles. En Russie, parce que Vladimir Putin est vu comme le complice de Timoshenko, ayant été son associé au moment de la signature des fameux contrats que les actuels dirigeants ukrainiens voudraient annuler, les considérants onéreux pour l’économie du pays.

Au sein de l’Union Européenne, la sentence du tribunal a critiqué la responsable des affaires étrangères, Catherine Ashton, qui menaçait de réviser la politique de l’UE par rapport à Kiev.

Yanukovich doit voyager à Bruxelles dans les jours suivants pour tenter de finaliser son rêve d’association avec l’UE qui est désormais dans le doute.

"Le verdict arrive après un procès qui ne respecte pas les standards internationaux en se référant aux procès légaux justes, transparents et indépendants", affirma Ashton.

Pendant le procès de Timoshenko, l’exprésident d’Ukraine, Victor Yushenko fit une déclaration contre son ancienne aliée de la révolution orange. Les ukrainiens sont fatigués des soubresauts politiques vécus au cours de ces dernières années et sa mobilisation au moment de la divulgation de la sentence fut, d’entrée, un pâle reflet des rassemblements qui avaient eu lieu pendant la révolution orange.

"Aucun régime autoritaire ni leurs sentences ne pourront m’arrêter. Le tribunal a bafoué la constitution et la justice".

 

Près de 5000 personnes se reunirent Place de l’Indépendance à Kiev pour soutenir l’ex-première ministre. Les autorités avaient réalisé un énorme déploiement de forces de sécurité dans la capitale en cas de troubles.

Dans une enquête réalisée en juillet dernier, "Regions", le parti gouvernemental, avait une popularité de 20.3%, tandis que le parti de Yulia Timoshenko atteignait un pourcentage de 14.7%. La popularité personnelle de Yanukovich est en décllin et il se passe la même chose pour Timoshenko, qui, début 2010, mit un certain temps à reconnaître sa défaite éléctorale pour les éléctions présidentielles.

Timoshenko a la possibilité de faire appel au jugement dans un délai de 15 jours.

Récemment, la Rada Suprême de Kiev adopta des amendements dans le Code Pénal qui dépénalisent certains délits économiques. Cependant, les amendements adoptés n’affectent pas les délits pour lesquels Timoshenko fut condamnée.

Le Gouvernement d’Ukraine assure que l’exécution des contrats signés par l’ex-première ministre supposent pour le pays une perte de 80 000 miliions de dollars depuis ses 10 ans d’existence.

Selon le vice-premier ministre et titulaire des Industries d’Ukraine, Boris Kolésnikov, à cause de ces accords l’Ukraine paye pour chaque 1000 mètres cubes de gaz naturel russe 200 dollars de plus que l’Allemagne et d’autres pays européens.