La justice doit juger des actes, et non leurs conséquences

Je vous invite aujourd’hui à réfléchir à un fait divers rapporté par la presse qui est le suivant :

Un jeune homme de 19 ans tout content d’avoir son permis décide d’aller faire une ballade en ville avec ses amis, au volant de sa voiture toute neuve (une belle 206 avec un super moteur).

Tout fou, il appuie sur le champignon : le compteur atteint les 150km/h en pleine ville.

Ce genre d’initiative n’a rien d’intelligent, mais le fait est que dans 90% des cas, lorsqu’on est pas totalement suicidaire (c’est à dire lorsqu’on reste dans des rues quelque peu larges), ce genre de voyage se termine sans incident majeur.

Je n’incite personne à rouler à une telle vitesse en ville, c’est stupide et dangereux, je mets simplement en évidence le fait que ce genre de conduite ne se termine pas fatalement par un drame.

Toujours est-il que dans le cas présent, ce qui était à craindre arrive : en dépassant une voiture, le jeune homme perd le contrôle du bolide et va percuter deux jeunes filles. Deux morts.

Décision de justice : 4 ans de prison ferme et 400 000 € d’amende. Une somme que le type mettra toute sa vie à rembourser une fois sorti de prison.

 

Ce que je reproche au tribunal, c’est d’avoir pris le parti des victimes (ou plutôt de leurs familles).

Un tribunal doit rester neutre.

Le tribunal lui a expliqué qu’il n’était en aucune façon victime, mais responsable à part entière. Je répond ARCHIFAUX. Il est victime dans le sens où il paie très cher, proportionellement à son délit.

La justice doit juger des actes.

Le délit à juger, quel était-il ? Rouler à 150km/h en ville, rien de plus, rien de moins. La conséquence de cette imprudence est une conséquence, justement. Le délit, c’est l’imprudence.

La question importante que nous pose ce fait divers est la suivante : celui qui tue quelqu’un en roulant à 150km/h est-il plus coupable que celui qui roule à 150km/h sans tuer personne ?

Si oui, alors nous admettons qu’aller en prison ou non est au moins en partie une question de chance, car on peut, certes, reprocher dans le cas présent une imprudence, mais on peut difficilement contester à son auteur que si il n’y avait eu personne sur le banc au moment de l’accident, il n’aurait jamais mis les pieds dans un tribunal.

Si non, alors la décision de justice est totalement infondée : on n’envoie pas quelqu’un en prison parce qu’il a fait un excès de vitesse, même important.

En d’autres termes, juge-t-on les actes, ou les conséquences des actes ?

À ceux qui me demanderons : et si c’était quelqu’un de votre famille, que diriez-vous ?, je réponds que si une telle situation se produirait, je deviendrais parti, et je ne serais donc plus capable de juger.

Ce genre d’affaire vous paraît peut-être lointaine : vous avez peut-être parfois le pied lourd, mais pas à ce point, me direz-vous…

Je vous propose donc un autre fait divers, très médiatisé :deux gamins de treize ans, qui avaient tué un bébé qu’ils n’avaient pas vu en jettant des pierres du haut d’une falaise, en Corse. Plusieurs mois de préventive pour chacun… Cher payé pour avoir balancé des cailloux du haut d’une falaise, non ?

19 réflexions sur « La justice doit juger des actes, et non leurs conséquences »

  1. Ce qu’il ne faut pas lire comme conneries quand même sur le web ;D
    C’est véritablement affligeant de crétinisme.
    Pour continuer dans la bêtise tiens ce fait « d’hiver » un homme a tué quelqu’un de sang froid en lui tirant 3 coups de chevrotines dans le dos, or la chasse au sanglier est autorisée. Dès lors comment est-il possible qu’on dise à l’un qu’il a le droit de tirer et pas à l’autre ?

  2. L’article est rédigé de façon bizarre, mais je trouve en effet, qu’il est facile de juger une fois de délit commis (je passe sur le nombre de fois ou la police prévenue, les autorités aussi n’ont rien fait et ont laissé faire pour ensuite nous faire la morale dans ce genre de cas, sans jamais se remettre en question, par exemple, quelqu’un est condamné pour non dénonciation d’enfant en danger, sauf que dans tous les cas ou je l’ai fait rien n’a été fait de probant, ce n’est pas pris au sérieux, on m’a même fait comprendre d’arrêter de signaler cela, que ça dérangeait…), que dans les cas cités, il s’agit de comportement dangereux mais ils ne s’agit pas de meurtre prémédité, et surtout que la justice se contente de sanctionner une fois le délit commis, mais ne fait rien pour en comprendre les causes et l’origine, ce qui permettrait la prévention. C’est comme aux USA, c’est devenu un business ou lorsqu’on est victime d’un accident grave, on essaie de rafler le pactole, et cela pose le problème du fait que les auteurs seront moins sanctionnés si ils ont plein d’argent. Je pense que l’auteur veut dire que ces jugements sont plutot des vengeances que de la véritable justice, car le condamné devient à son tour la nouvelle victime du jugement.

    Cela pose en effet le problème inverse, quelqu’un qui met en danger la vie d’autrui par son comportement mais ne tue ou n’handicape gravement personne ne sera pas sanctionné, ou pas du tout de la même façon, cela vient du fait que la prétendue justice ne veut pas voir les véritables causes de ce qu’elle juge, se faisant ainsi le parti de l’auteur des faits, tout en prétendant défendre les victimes.

  3. Et le souçi avec tout ça, c’est que ne s’intéresser qu’aux effets empêche de prévenir les causes de ces accidents et les accidents en eux mêmes. Si on ne connait pas la cause d’un accident, ce qui fait qu’un accident se produit, comment l’éviter ? Dans les accidents d’avions on recherche la cause du crash, pourtant on ne le fait pas dans ces affaires.

  4. StarAc4Ever,
    Vous me parler d’un meurtre, donc d’un homicide parfaitement volontaire.
    C’est totalement hors-sujet, puisque je vous parle là de conduites à risques qui ont entraîné la mort. Il y a une petite différence que vous n’avez pas l’air de saisir : tirer sur quelqu’un n’est pas la même chose que de faire un excès de vitesse.

  5. bubul01,
    Oui, vous avez reformulé mon propos, je pensais pourtant qu’il était clair.
    En clair, les gens sont condamnés d’une certaine manière parce que leur conduite a eu certaines conséquences, par pour leur conduite en elle même.

  6. [b]Poissonrouge!
    J’y comprend « rien »!
    Le jeune homme savait qu’il ne pouvait pas rouler à 150km en ville, il l’a fait, à ses risques et périls, s’il n’avait tué personne il aurait écopé d’une sacré amende, mais à partir du moment ou il ote la vie à deux personnes en sachant qu’il prend un risque dans l’illégalité, ce jeune homme pour moi devient un MEURTRIER!!

    Qu’est-ce que ce raisonnement poisson rouge ?

    Je vous ai connu plus rationnel…[/b]

  7. Dans le même genre:

    [url]http://www.dailymotion.com/video/xapjgx_emission-speciale-dieudonne-proces_news[/url]

  8. vous êtes un irresponsable

    vous êtes par le droit responsable de vos actes. le conducteur a commis un homicide, certes involontaire, mais un homicide quand même, aggravé par les conséquences.

    le fait pour lequel il a été jugé c’est la vitesse ET la mort des jeunes filles. la peine est juste, je l’assortirai d’une impossibilité A VIE d’avoir le permis de conduire.

    la naïveté de votre article débile (un de plus sur ce site) est clairement démontrée : s’il avait tué ces deux personnes à vitesse normale, vous pensez qu’il aurait dû être acquitté.

    débile, profondément débile, mais parfaitement en phase avec cette société de merde qui ne parle que de « droit » et « liberté » mais oublie le mot « devoir ».

  9. Sophy,
    [i] »Le jeune homme savait qu’il ne pouvait pas rouler à 150km en ville […] s’il n’avait tué personne il aurait écopé d’une sacré amende »[/i]
    Oui, c’est exact, et il aurait d’ailleurs parfaitement mérité l’amende, voire même du sursis.

    Je pars du principe que sa faute est l’excès de vitesse. Le fait qu’il ait pour conséquence la mort de deux personnes, c’est autre chose.

    Comme vous dîtes, si il n’avait tué personne, il s’en serait tiré avec une simple amende (et pas 400000€) et sans mettre un pied en prison.
    Si il n’avait tué personne, autrement dit si il avait eu la chance de ne pas rencontrer de piéton sur sa route.

    On en déduit la chose suivante : entre deux personnes qui ont le même comportement à risque, celui qui a de la chance s’en tire avec 2000€ d’amende et probablement un retrait de permis, l’autre se prend 400000€ et 4 ans de prison.
    Pourtant, [b]les deux personnes ont commis le même délit, elles méritant donc la même peine[/b].
    C’est mon point de vue : [b]je juge l’acte[/b].
    [b]Si vous n’êtes pas d’accord, vous jugez la conséquence de l’acte[/b].

    [i] »il ote la vie à deux personnes en sachant qu’il prend un risque dans l’illégalité, ce jeune homme pour moi devient un MEURTRIER »[/i]
    Si vous seulement jugez l’acte qu’il commet, non, il ne devient pas un meurtrier, il reste et demeure un jeune taré qui a adopté un comportement à risque.

  10. bubul01,
    Le fait que vous proposiez ce lien prouve que vous n’avez rien compris à l’article.
    [b]La justice, dans le cas dieudonné a bien jugé un acte[/b], à savoir des propos négationnistes qu’il a tenu.
    Aucun rapport, donc.

  11. Berton,
    [i] »le fait pour lequel il a été jugé c’est la vitesse ET la mort des jeunes filles »[/i]
    C’est justement ce que je reproche au jugement.

    [i] »vous êtes par le droit responsable de vos actes »[/i]
    L’acte, quel est-il ? Avoir roulé à 150km/h, mettant ainsi autrui en danger, non ?
    La question que je pose ici est : [b]Ce type est-il plus responsable qu’un autre qui a roulé à la même vitesse au même endroit et qui a eu la chance de ne croiser personne ?[/b]

    [i] »s’il avait tué ces deux personnes à vitesse normale, vous pensez qu’il aurait dû être acquitté. »[/i]
    Je considère effectivement que quand on tue quelqu’un sur la route sans avoir commis d’imprudence, on a rien à se reprocher et on mérite d’être acquitté. Ça s’appelle un accident.
    Imaginez que vous rouliez à 130km/h sur autoroute (normal), qu’un gamin qui joue à côté passe les barrières et se retrouve devant vous.
    Vous étiez à votre place, c’est un accident tragique mais vous n’en êtes nullement responsable. Si je devais donner le verdict, c’est l’acquittement.

    On ne condamne pas quelqu’un à une certaine peine pour soulager des victimes, ni pour les venger, mais parce que son comportement fait qu’il a mérité une certaine condamnation.
    La justice est neutre, [b]elle ne rend pas service à un parti[/b] (en l’occurrence les victimes, comme c’est trop souvent le cas) [b]mais à la société[/b].

  12. Poisson rouge,

    pour rajouter ma pierre au concert de protestations,

    Dans le cas présent, le coupable est jugé pour homicide involontaire, cet homicide ayant été perpétré au moyen d’une vitesse illicite.

    Tout comme l’infirmiere s’étant trompée de médicament ayant entrainé la mort sera jugée pour homicide involontaire (en risquant quelques années de prison)

    L’acte est le crime , involontaire ou non , passionnel ou non et non l’arme!!!
    Il est coupable vis à vis de la famille de la victime.

    qu’il soit aussi jugé en second lieu pour avoir enfrain la loi en faisant un exces de vitesse et paye une amende forfaitaire est un fait accessoire…

    Ayant lu certains de vos articles, je me demande si celui ci n’est pas à lire au second degré. Il me rappelle une histoire provençale recente.

    bien cordialement

    Agnes

  13. Donc, si je suis votre raisonnement :
    -> Le principal fait à retenir (lorsqu’on juge le jeune homme) n’est pas l’excès de vitesse mais la mort de deux individus.
    -> En conséquence, [b]si on tue quelqu’un en voiture, même sans commettre la moindre imprudence[/b] (ni excès de vitesse, ni alcool, ni téléphone…)[b] on doit être traduit en justice et condamné à une peine similaire.[/b]
    -> [b]Toute personne conduisant régulièrement est susceptible de percuter un piéton[/b], même en restant à sa place, donc, tout le monde peut se retrouver en taule pour homicide involontaire.

    Agnès,
    Si l’histoire provençale que l’article vous rappelle est celle des deux adolescents qui avaient tué un bébé du haut d’une falaise en jettent des pierres, je m’en réjouis.

  14. Vous me parlez aussi de l’infirmière.
    Je ne sais pas ce que vous faîtes comme travail, mais moi, je n’ai aucune chance d’aller en taule parce que je fais une erreur dans mon métier (aucune vie ne dépend de moi).
    Mais une infirmière, si, sous prétexte que son travail consiste à soigner des gens, donc que la moindre erreur peut avoir des conséquences plus graves.
    Ça ne donne pas envie d’être infirmier(e), vous ne trouvez pas ?

  15. poissonrouge,

    mon metier d’ingenieur est devenu trop cerebral mais, si je cause la mort de maniere accidentelle et non intentionelle, (chute d’un engin lourd ou electrocution par ma faute), je vais etre jugée pour homicide; ce sera au juge de decider des circonstances attenuantes

  16. [b]Poissonrouge,
    Sincèrement vous chipotez sur les causes qui ont des effets condamnables sans hésitation!

    Ce n’est pas la première fois que vous nous sortez un article de ce genre!!
    Je ne vois pas ou vous voulez nous emporter..

    Les faits sont là, une famille, des amoureux, des amis pleurent le décès de deux jeunes filles VICTIMES d’un chauffard qui se savait dans l’illégalité

    Je peux vous dire qu’ici les circonstances atténuantes il faudra les chercher, parce que ce flagrant délit d’irresponsabilité ou de « connerie » aura du mal à passer auprès des personnes en deuil.. et de tous ceux qui risquent de voir à nouveau ce jeune au volant s’amuser avec la vie d’innocents!

    Que cherchez vous donc à nous faire dire ??,[/b]

  17. Attention !

    Je ne cherche pas à faire passer quoi que ce soit auprès des familles des victimes.
    Je cherche à trouver une condamnation méritée (ni trop forte ni trop faible).
    De toute façon, si on écoutait les familles dans des cas comme celui-ci, il faudrait pendre le type en place publique, ainsi que tous les automobilistes pris en excès de vitesse en France et en Navarre.
    Je ne dis pas que leur réaction ne peut pas se comprendre, je dis qu’il ne faut peut-être pas faire ce qu’elles nous demandent.
    Les familles des victimes sont parti, donc inaptes à juger, c’est d’ailleur bien pour ça qu’il y a des tribunaux.

    Ce que je cherche à faire admettre, c’est que le HASARD a fait que c’est ce chauffard et pas un autre qui a payé pour tous ceux qui prennent des risques inconsidérés sur la route.

    Autrement dit, je considère que la responsabilité de la mort des deux personnes n’est pas exclusivement celle du conducteur, mais celle de tous les conducteurs qui prennent de tels risques sur la route (le plus souvent sans conséquences).

    On a l’impression à vous entendre qu’il a joué à la roulette Russe. Il n’y a pas une chance sur 100 pour que ce genre de conduite se finisse par un mort. Dans l’écrasante majorité des cas, ce genre de ballade est sans conséquence.

    Encore autrement dit, ne doit-on pas considérer que [b]tous les contrevenants[/b] (les gros contrevenants) ont eu chacun un comportement à risque, qui a conduit à la mort, mort dont ils se partagent la responsabilité ?
    Le fait que l’un d’eux (des gros contrevenants) aie été au volant plutôt qu’un autre au mauvais endroit au mauvais moment est un résultat dû au hasard, résultat alors secondaire.
    C’est mon point de vue.

    L’autre solution est de faire comme notre justice : considérer que, tant pis, c’est lui qui n’a pas eu de chance, parce qu’il n’a pas eu de chance : ils étaient 50 dans sa ville à prendre les rues pour des pistes de karting et c’est sur lui que c’est tombé. Mais c’est lui qui a eu l’accident, donc, qu’il paie pour les 50 autres.

  18. [b]En fait c’est un débat sur le hasard, le destin que vous cherchez
    Entre nous vous auriez pu choisir un exemple moins « sanglant »[/b]

  19. Ce débat est bien en rapport avec le sujet. Mais ce n’est pas exactement le sujet. Il ne faut pas oublier le rôle de la justice.
    Le but est de départager deux points de vue :
    -> Dès l’instant ou l’on commet une imprudence, mettant ainsi la vie d’autrui en danger, on est coupable de mise en danger de la vie d’autrui et on doit être condamné.
    Mais le fait que notre imprudence soit suivie de graves conséquences ou non est accessoire : la justice ne juge pas votre bonne/mauvaise étoile.
    [b]Lorsqu’on tue quelqu’un par imprudence, on est ni plus ni moins coupable qu’un autre qui a commis la même imprudence sans tuer personne[/b]. Ce point de vue qui est le mien remet en cause le bien fondé du délit d’homicide involontaire.

    -> Lorsqu’on tue quelqu’un par imprudence, on est meurtrier. C’est pas de chance, mais on n’avait qu’à pas commettre d’imprudence. C’est le point de vue de beaucoup de monde, visiblement.

    Le choix de l’exemple est discutable. J’ai également pensé à choisir celui des adolescents de Corse, dont je dis un mot en fin d’article, et qui, si l’on suit mon raisonnement, n’ont fait que jeter des pierres du haut d’une falaise, comportement à sanctionner, certes, mais pas par de la prison…

    Maintenant que vous voyez ou je veux en venir, vous comprenez que l’article n’a rien d’irrationnel.

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