La Guinée est dans un tournant de son histoire. Plus de 50 ans après l’indépendance de la Guinée, ce scrutin qui s’annonce comme « HISTORIQUE » pourrait bien être la première élection libre de la Guinée.
Le 27 juin 2010 a lieu le premier tour de l’élection présidentielle, qui voit s’opposer vingt-quatre candidats, dont les anciens Premiers ministres Sidya Touré, Cellou Dalein Diallo et l’éternel opposant au régime Alpha Condé, comme promis, aucun militaire ni aucun membre du gouvernement n’a participé au scrutin.
C’est la première fois que la Guinée, indépendante depuis 1958, va pouvoir choisir démocratiquement son chef d’État.
Elle n’en a jusque-là connus que trois en 52 ans.
Cette élection est organisée alors que le pouvoir est détenu par un gouvernement de transition présidé par le général Sékouba Konaté et s’inscrit dans une situation politique tendue.
Dans ce contexte, le fait qu’aucun militaire ni aucun membre du gouvernement ne prenne part à l’élection renforce la crédibilité du processus électoral.
La participation des 4,2 millions de Guinéens appelés à voter au premier tour , s’élevant à 77 % montre à quel point cette élection est historique.
Le vote, que surveillaient 500 observateurs internationaux, s’est déroulé dans le calme.
Suite à la proclamation des résultats du premier tour, l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo et l’opposant historique Alpha Condé s’affronteront tous deux au second tour de l’élection présidentielle. Selon les résultats définitifs, publiés le 20 juillet, les deux candidats, obtiennent respectivement 43,69 % et 18,25 % des suffrages, et confirment le fait que Sidya Touré est arrivé troisième avec 13,02 %.
Retour sur les causes de ce changement
Le 22 décembre 2008, les Guinéens apprennent la mort de leur président de la République, décédé à la suite d’une maladie inconnue. Quelques heures après sa mort, un groupe de militaires annonce à la radio, par le biais de son porte-parole Moussa Dadis Camara, la dissolution du gouvernement et de la Constitution du pays, laissant présumer un coup d’État.
Le 24 décembre 2008, Moussa Dadis Camara prend le titre de président de la République.
A son arrivé, le nouvel homme fort de la Guinée promet des élections « libres, crédibles et transparentes » en décembre 2010 auxquelles ni les membres du CNDD, ni les membres du futur gouvernement de transition ne seront candidats, à la fin décembre 2009.
Néanmoins en avril 2009, Dadis Camara menace de se présenter à la présidentielle de décembre 2009 si les leaders d’opinion ne cessent de s’« acharner » contre le CNDD
Sous sa gouvernance de multiples arrestations de hauts fonctionnaires ou d’officiers supérieurs ont lieu ce qui vaudra à Dadis Camara l’estime de la population voyant en cela la volonté de rompre avec l’impunité développée depuis longtemps et la corruption généralisée
Le 28 septembre 2009,un meeting organisé dans l’enceinte du plus grand stade de Conakry tourne au bain de sang : des dizaines de personnes sont tuées par des membres de l’armée.
Aboubacar Sidiki Diakité, dit « Toumba », militaire guinéen, aide de camp du président guinéen ouvre le feu le 03 décembre 2009 sur Dadis Camara et le blesse gravement.
Probablement touché à la tête et au cou, il est transféré le lendemain à Rabat (Maroc), afin d’y être hospitalisé l’intérim est assuré par le n°3 de la junte, le général Sékouba Konaté
Le 7 mars 2010, Sékouba Konaté fixe par décret la date du premier tour de l’élection présidentielle au 27 juin 2010. Il tient parole et pour la première fois une élection présidentielle en Guinée se déroule sans qu’aucun militaire ne soit candidat. Le second tour des élections présidentielles se tiendra le 10 octobre 2010.
La Guinée s’apprête à vivre l’un des moment les plus importants de son histoire.