En restant silencieuse ce lundi après plusieurs appels de la troïka, la Grèce a fait voler un petit vent de panique sur les places boursière européennes : celle de Paris cédait 0,8%, celle de Francfort 0,2% tout comme l’indice paneuropéen FTSEurofirst 300. L’indice Stoxx des valeurs bancaires européennes reculait quand à lui de 0,6%. 

 

La principale raison est le silence enregistré par Athènes qui n’a toujours pas conclu ses négociations avec ses créanciers privés ce lundi. Depuis des semaines, on s’attend à un accord imminent et pourtant, les discussions traînent beaucoup trop en longueur. Les temps optimistes selon lesquels les banques accepteraient une décote de près de 70% de leurs titres de dette souveraine, succèdent aux mauvais temps, annonçant des difficultés dans les échanges. Les banques n’accepteraient pas une décote supérieure aux 50% prévus initialement, les hedge funds, ces fonds d’investissement ultra risqués et utilisant des Credit Default Swap, ces contrats financiers fonctionnant comme des contrats d’assurances, faisant exprès de semer la panique pour que la Grèce fasse défaut afin de faire jouer les assurances. Les banques se sont également étonnées du manque de participation du secteur public, estimant qu’elles sont les plus lésées dans l’histoire, amenant ainsi la question d’une participation de la Banque Centrale Européenne, qui pourrait voir filer le bénéfice des 40 milliards de dette grecque achetées, pour subir également une décote de ses titres, lui faisant alors perdre de l’argent (environ 20 milliards). Cet accord, indispensable au deuxième plan d’aide européen de 130 milliards, doit permettre de tenir l’objectif selon lequel la dette grecque ne doit pas dépasser les 120% du PIB en 2020. Aujourd’hui, la dette grecque s’élève à hauteur de 160% du PIB.

 

Une décote de 65% pourrait permettre de retirer 100 milliards de poids à cette dette. Outre une participation accrue du secteur public, la troïka (UE, FMI, BCE) a demandé à la Grèce de nouvelles réformes. Selon l’organisme américain, la récession, la hausse du chômage et la baisse des salaires sont indispensables au redressement de la Grèce. Le pays hellénique est engagé dans une récession qui dépasse parfois les 20% et possède un taux de chômage de 20 à 25% de sa population active. 

 

L’Union Européenne, par la voix de Angela Merkel, semble s’impatienter de la situation grecque estimant la mise en place des réformes souhaitées par la Troïka urgente. Le secteur privé pourrait participer à ces nouvelles mesures d’austérité après que le secteur public ait terriblement souffert l’an passé des premiers plans d’austérité : baisse des salaires des salariés de la fonction publique de 20%, baisse au moins équivalente des effectifs… Ce dimanche, le premier ministre grec avait affirmé avoir obtenu l’accord des autres partis politiques du pays sur une nouvelle baisse des salaires sans qu’aucune mesure concrète ne soit révélée. Le but est de faire baisser les dépenses publiques de 1,5% du PIB. La réforme du marché du travail et la recapitalisation des banques sont d’autres thèmes qui seront abordés au cours des discussions. 

 

Le temps presse. Le 20 mars, 14,5 milliards de dette grecque arrivent à échéance et le pays pourrait se retrouver en défaut de paiement. C’est toute la zone euro qui retient son souffle car un tel événement aurait de grosses répercussions sur l’avenir de l’euro en Grèce. En attendant, des grèves sont prévues en Grèce pour protester contre les mesures d’austérité auxquelles les habitants s’attendent.