« La forme même des pyramides est là pour nous prouver que dans l'Ancienne Egypte les ouvriers passaient de moins en moins de temps à travailler »

François le lionnais.


Au-delà de la poblématique du partage de l'activité pour résoudre la question du chômage, et donc des revenus, les 35 heures version Jospin consiste t-il dans une grande intuition ?


Selon certains responsables politiques de droite comme de gauche, il s'agit d'une idée calamiteuse plusieurs fois coûteuse en terme de compensations que l'Etat doit verser aux entreprises pour éviter la baisse de salaire de ceux qui travaillent déjà.

Mais en plus, aucune création d'emploi conséquente n'a été enregistrée au point de permettre de mesurer l'efficacité de la mesure face au chômage.


Le partage du travail s'est tout de même finalement réalisé sous Sarkozy mais autrement : de plus en plus d'hommes et de femmes se trouvent désormais sous-employés à travers des contrats à temps partiels concurrençant le modèle à durée indéterminée qui faisait référence en droit du travail et dont la primauté fut régulièrement attaquée, par exemple avec le CPE de Villepin.


Ce « partage » de fait pris le joli nom de « flexibilité de l'emploi » dans les discours du candidat de la droite aux élections présidentielles : possibilité était offerte à l'entreprise de se séparer plus facilement de ses collaborateurs et de jouer finalement sur la compétition à l'échelle salariale pour obtenir des baisses de salaires sans que la loi intervienne.

Le fait prime désormais sur le droit : celui-ci n'étant plus bon qu'à renforcer le principe de réalité dans la vie des gens, sous couvert de pragmatisme comme vertu annoncée de la nouvelle présidence et de la nouvelle législature, il ne rempli plus sa fonction protectrice, mais au contraire se laisse déconstruire par la nouvelle fiction de la mondialisation.

La décrue du chômage n'a jamais pu avoir lieu évidemment, car le chômage a l'avantage d'entretenir la nécessaire concurrence des employés qui permet à l'employeur de profiter d'une main d'oeuvre bon marché et plus soumise sans recourir à la loi.

L'idée même d'augmentation des salaires devient inconvenante dans un environnement social tourné vers la paupérisation de la classe moyenne et une plus grande soumission à la loi du marché que la loi tout court ne régule plus, mais dont elle renforce l'influence au détriment du droit-principe.

On peut même pronostiquer que de nouvelles couches de la société, jusque-là protégées, vont connaître des épisodes sans emploi de plus en plus longues, car toute l'économie s'oriente vers cette dynamique de tirer partie de la fragilité retrouvée du corps social dépossédé de son bouclier législatif.


La crise bancaire fragilisant toutes les entreprises plongées dans un environnement concurrentiel mondialisé, d'inévitables fermetures, sinon des délocalisations, aboutiront au final à des pertes de pouvoir d'achat conséquentes, mais également une remise en cause des droits sociaux fondamentaux.


Finalement, les mesures sensées lutter contre les 35 heures vont avoir un coût financier, mais également humain, jamais atteint. Et engendreront même un changement de société.

Le coût financier concernera évidemment l'Etat qui verra ses recettes diminuer puis sa capacité à influencer l'économie particulièrement affaiblie, signant la fin de 50 ans d'Etat Providence ; le coût humain concernera la Nation dont la pérennité sera remise en cause à travers des politiques d'échelles supra-nationales censées apporter des solutions, mais en réalité destinées à substituer des législations d'échelles différentes.

Seules les couches supérieures et minoritaires de la société tireront partie de la situation.

Alors, les 35 heures, géniale intuition ?

Oui, sans conteste OUI !

Pourquoi ?

Parce que la machine et l'automation (le robot) aidant, le temps de travail dans la vie ne devrait pas augmenter mais plutôt diminuer, comme la difficulté de la tâche.

L'argent circule désormais à la vitesse de l'écriture électronique, comme l'information.

Ces facteurs auraient du contribuer à une décontraction des machoîres sociales.

Or, on observe l'inverse : une véritable crispation des intérêts financiers sur un modèle économique dépassé, dont ils veulent encore tirer partie grâce à des recettes vieilles du XIX s, constitue le frein principal qui bloque la société.

Les 35 heures sont perçues par le capital comme LA mesure sans intérêt qui fait baisser leurs intérêts.

Pourtant, à y regarder de plus près, le bénéfice de l'investisseur ne repose pas que sur la différence entre coûts de production et prix de vente.

La volatilité des marchés nuit à sa nécessaire visiblité.

Lorsque le marché ne charrie plus de clients potentiels, l'offre se trouve engagée dans un processus de baisse des prix pour écouler sa production. L'esclavage devient la seule solution rentable avec la colonisation.

Toutefois, l'entreprise ne peut se contenter de posséder la main d'oeuvre la moins chère du monde : il lui faut les clients les plus fidèles en bout de chaînes.

La robotique est une voie vers la fin de l'exploitation humaine.

Mais si un robot ne fait pas grève, il n'achète pas non plus des voitures !

La perte du pouvoir d'achat, mais aussi du temps à consommer, ne relèvera pas le carnet de commande des entreprises.

Plus le système s'engage dans une spirale déflationniste en terme d'emplois et de salaires, plus la production cherchera à baisser son coût pour s'adapter aux marchés.

au final, toutes les sortes de richesses que l'on a connu se volatiliseront et leurs détenteurs exposés à la contagion de l'appauvrissement.

La consommation soutient l'investissement est ausi vrai que l'inverse.

On ne fera pas non plus courir deux fois la même course au même cheval. Quand le système surchauffe, il est proche de l'explosion qui ne différencie pas le riche du pauvre. 

Si l'Europe devait ressembler un jour à l'Afrique, le nombre de travailleurs disponibles seraient bien supérieurs au nombre d'acheteurs potentiels.

La production n'a de sens que si une demande peut soutenir le marché.

Des formes secondaires de marchés s'ouvrent de toutes façons spontanément, comme celui de l'occasion, mais aussi l'économie souterraine qui a le principal défaut d'échapper à la loi, de ne générer aucune taxe, et dont la concurrence tue celle qui exploite la surface en toute légitimité.


Aujourd'hui on produit en réalité trop de n'importe quoi.

Le profit même comme but de l'activité tue l'activité réelle et durable.

On fini par consommer tout et rien de la même façon.

Les déchets engendrés démontrent que le problème se situe dans la nervosité à produire à tout prix tout autant dans le profit immédiat visé comme seul résultat de sa production.

Enfin, le travail est encore présenté comme une valeur, de façon presque Pétainiste, à côté de la nation et de la famille (le couple est une unité de production).

Il serait temps de sortir de l'idéologie du travail tout court.

Aujourd'hui, les moyens de produire n'obligent plus l'emploi de l'entière population : le revenu ne devrait donc plus être rattaché seulement à l'activité professionnelle d'une personne, mais à la richesse de la Nation.

Le partage des revenus et richesses aurait dû précéder celui de l'emploi ou de l'employabilité.

La source de revenu ne devrait plus se justifier par la seule appartenance au marché de l'emploi.

L'individualisation de l'existence ne devrait pas concurrencer l'intérêt collectif, mais le faire avancer comme une vague part de l'océan jusqu'à la plage.

Travailler de moins en moins n'est pas révolutionnaire, c'est tout simplement naturel pour des organismes hautement sophistiqués comme l'esprit et le corps humains qui doivent prendre soin d'avancer ensemble.

Le profit ne constitue pas la base des grandes performances. La conscience est la vie, l'instinct ne sert que la survie.