Source Transparency International vient de publier son dernier classement de la perception de la corruption dans 180 pays du monde. Cet indice est calculé sur une base 10 en s’appuyant sur 18 rapports différents réalisés par les milieux d’affaires, des universitaires et des analystes économiques.

Évidemment, avant de lire leur tableau, il convient de mieux connaître cette organisation. Voici comment elle se présente et décrit son travail :

« L’indice de corruption (IPC) permet de lutter contre la corruption nationale et internationale. Afin d’être indépendante et d’assurer à son action un maximum d’efficacité, Transparency est constituée de la façon suivante : L’ensemble des sections nationales élit les membres de la conférence annuelle, qui se réunit pour assurer la continuité de l’action d’année en année et qui élit le bureau des directeurs; celui-ci est assisté par un conseil réunissant des experts internationaux indépendants. L’action qu’elle engage a pour base un « Source book » : celui-ci décrit les systèmes nationaux d’intégrité et les réformes qui peuvent être conduites dans chaque secteur de la société. (…)

Transparency joue un rôle de catalyseur dans les actions entreprises autour d’elle par plusieurs associations ayant décidé de se joindre à son action. Chaque année Transparency publie deux indices devant éclairer l’opinion publique sur l’état de la corruption dans le monde : – L’Indice de corruption des pays exportateurs (ICPE) – L’Indice de perception de la corruption (IPC) Ce système de notation sert de référence au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale, notamment pour exercer une pression sur les pays les plus corrompus. (…)

L’indice de perception de la corruption (IPC) de Transparency International, publié tous les ans depuis 1995, continue de contribuer grandement à la recherche menée par les spécialistes en sciences sociales sur les causes et conséquences de la corruption. Il constitue une agrégation de perception de personnes bien informées sur l’ampleur de la corruption, celle-ci étant définie comme l’abus de pouvoir public reçu en délégation à des fins privées. L’ampleur de la corruption reflète la fréquence des payements illégaux ainsi que les entraves qui en résultent pour les entreprises. Alors que des innovations méthodologiques continuent d’être introduites, les résultats sur plusieurs années présentent une grande cohérence. »

Pour calculer l’IPC, Source Transparency International utilise dix-sept sources de données fournies par treize institutions différentes à savoir : 1) le forum économique mondial; 2) l’institut de développement et de management; 3) l’Economiste Intelligence Unit; 4) Information International basé à Beyrouth; 5) le centre de recherche sur les marchés mondiaux (Londres); 6) Gallup International; 7) Freedom’s House’s Nations in Transit; 8) PricewaterhouseCoopers ; 9) Political and economic Risk consultancy (Honk-Kong) ; 10) l’étude sur l’environnement des sociétés dans le monde réalisé par la banque mondiale; 11) l’université de Columbia; 12) une banque de développement multilatérale; 13) l’étude sur l’environnement commercial et les performances des entreprises réalisées par la banque européenne pour la reconstruction et le développement et la banque mondiale.

Chacun de ces différents organismes réalise son classement de la corruption par pays selon des critères identiques, Source Transparency International n’a plus qu’à collationner le tout pour publier son IPC..

Voici grosso modo comment est calculé cet indice, bien sûr la méthode est critiquable et surtout, comme l’ont relevé d’autres O.N.G. concurrentes, le financement de Transparency International est tout sauf transparent. Il faut donc prendre les résultats avec des pincettes, et plusieurs lectures du tableau sont évidemment possibles. Mais comme cet indice sert de référence au Fonds Monétaire International et à la Banque Mondiale il nous est difficile de le nier, et il est extrêmement important pour les pays en voie de développement.

Si l’on regarde l’indice de cette année, on verra que malgré tous les scandales actuels, la France est classée vingt-quatrième, et si on regarde les classements des années précédentes on verra que notre pays a toujours oscillé entre la dix-huitième et la vingt-quatrième place, l’indice de perception chez nous semble donc d’une grande stabilité ; et ce, malgré les scandales juridico-politiques qui font la une des journaux actuellement. Il est vrai que ces scandales ne se refléteront que dans l’indice de l’année prochaine, qui risque donc de nous voir descendre au-delà de la 24e place.

En tête des pays perçus comme étant les moins corrompus, nous avons la Nouvelle-Zélande et le Danemark, et en bas de classement le Soudan, suivi du Myanmar, de l’Afghanistan (Karzai confirme là ce que tout le monde pense de lui) et en bon dernier : la Somalie.

Pour ceux qui s’intéressent à l’Amérique latine, le pays de ce sous-continent perçu comme étant le moins corrompu est la Barbade (classé 20e, donc mieux que la France), puis Sainte-Lucie (22e), le Chili 25e ex aequo avec l’Uruguay, Saint Vincent et les Grenadines (31e), la République Dominicaine (34e), Porto Rico (35e), le Costa Rica (43e), et puis nous plongeons à la 61e place pour trouver Cuba (qui est donc mieux classé que l’Italie de Berlusconi qui se trouve à la 63e place), puis le Brésil, la Colombie et le Pérou qui se partage la 75e place (pour la Colombie, Transparency International souligne depuis plusieurs années les efforts faits pour lutter contre la corruption), et en bas de classement pour l’Amérique latine : Haïti (168e sur 180 pays classés) et le Venezuela de Chavez (162e, le pays du socialisme bolivarien est donc considéré comme un des pays les plus corrompus au monde, mais il est certain que les grands investisseurs qui n’ont pu s’installer dans la patrie de Chavez ont dû influencer ce classement).

Mais comme je l’ai dit précédemment, ce genre de classement est toujours un peu arbitraire en fonction des données prises en compte et de la manière de les analyser, et, tout comme les sondages, ont pour leur faire dire tout et n’importe quoi… Ce qui est grave, puisque deux grandes instances internationales se basent sur cet indice pour accorder ou non des prêts à des pays en voie de développement.

Encore une fois, ce sont les pays riches et développés qui ont mis au point cet outil pour les servir et punir les mauvais élèves qui ne suivent pas leurs injonctions, et même si cet indice correspond malgré tout à une certaine réalité, ce qui semble évident quand on regarde le bas du classement, il ne devrait en aucun cas être pris comme facteur d’exclusion économique et financier. Hélas, la mondialisation tant commerciale que politique oblige à avoir recours à pareil outil.

Pour ceux qui veulent étudier l’ensemble du tableau à leur aise ou consulter les nombreux dossiers fournis par Transparency International, voici l’adresse où vous devez vous rendre

Indice IPC 2009