La Franc-maçonnerie, dossier suite 16,

de la seconde guerre mondiale à nos jours.

 

les personnalités pendant l'occupation Allemande, suite.

 

Pendant cette période sombre de notre histoire, la Franc-maçonnerie nous l'avons vu est en sommeil ses franc-maçons sont poursuivis par les Allemands, et toute société secrète est interdite. Il est donc impossible de relater leur activité. Les personnes qui ont eu une influence néfaste ou exemplaire sont celles que je présente dans ces dossiers de la seconde guerre mondiale à nos jours. Ces personnalités sont nombreuses et interfèrent les unes aux autres. Comme elles ont traversé plusieurs décennies de notre histoire, leur histoire me conduit, pour la compréhension de ces dossiers, à dépasser largement la période de l'occupation Allemande, c'est le cas notamment pour Jacques Soustelle avec une extension son passé dans l'OAS, puis à Jean-Jacques Susini, Pierre Lagaillarde, Georges Bidault, le général Salan, Jean Moulin, Georges Gorse et Henri Queuille, voir le dossier suite 13. Ceux qui ont 60 ans et plus connaissent ses personnes, mais pour d'autres, un aperçu de leur histoire peut être appréciée.

 

[8] Marcel Deat.

Marcel Déat, est né à Guérigny dans la Nièvre le 7 mars 1894 et est mort à San Vito, près de Turin, le 5 janvier 1955, c'est un homme politique, socialiste, puis néo-socialiste, et collaborationniste.

Normalien, journaliste et intellectuel, il est député SFIO de 1926 à 1928 et de 1932 à 1936. En 1933, il est exclu du parti pour ses doctrines de plus en plus autoritaires, et devient le chef de file des néo-socialistes, séduits de plus en plus par les modèles fascistes.

Ministre de l’air en 1936, dans le cabinet Sarraut, député «rassemblement anticommuniste» en 1939, il devient le fondateur en 1941 du Rassemblement National Populaire, un parti collaborationniste, qui se déclare socialiste et européen. Il termine sa carrière politique en 1944 comme ministre du Travail et de la Solidarité Nationale sous le régime à Vichy, et s'enfuit à Sigmaringen avec le dernier carré des ultra-collaborationnistes, puis en Italie.

En 1939, il est élu député à Angoulême, pour le «rassemblement anticommuniste», après avoir perdu son ancien mandat au profit d’un communiste. Cette année-là, il affirme sa position munichoise et son pacifisme dans Mourir pour Dantzig ?, article paru le 4 mai 1939 dans l'Œuvre, journal auquel il collabore durant toute la période de l'occupation en tant que directeur politique.

Pacifiste, il s'oppose à l'entrée en guerre de la France en septembre 1939 et nourrit par la suite une grande haine à l'encontre des dirigeants de la IIIe République qu'il accuse de bellicisme et d'être manipulés par une Angleterre capitaliste cherchant à défendre son empire économique en se servant de la France. Il appuie logiquement l'armistice de Pétain et la nomination de Pierre Laval comme président du conseil. Allié politique de Laval et des Allemands, mais détesté par Pétain, il part pour Paris et tente d'unifier les mouvements collaborateurs de la Zone Nord, en vue de créer un parti unique, fer de lance d'une révolution national-socialiste ayant pour modèle ses voisins Allemand et Italien.

Il s'éloigne alors peu à peu du gouvernement à Vichy et de sa politique qu'il juge trop frileuse et se rapproche des Allemands. Durant quatre ans il assène quotidiennement dans L'Œeuvre son désaccord avec Vichy mais tout en se gardant d'attaquer Pétain ou Laval plus tard, dans l'espoir d'obtenir un poste au gouvernement. Sa tentative de parti unique échouant, il crée le Rassemblement National Populaire (RNP) mais souffre de la concurrence des autres partis de la zone nord, notamment du PPF de Doriot.

Au fil des mois, Déat s'engage dans une fuite en avant motivée par l'attraction du pouvoir et l'interdit de renier ses engagements de l'été 40. Il est blessé dans l'attentat de Paul Collette contre Pierre Laval alors qu'ils passaient en revue les troupes de la LVF le 27 août 1941. Poussé par les Allemands, il entre enfin, le 16 mars 1944, dans le gouvernement comme ministre du travail et de la solidarité nationale de Pierre Laval, et appuie une politique de collaboration totale avec l'Allemagne mais le conflit qui l'oppose à Laval bloque toute initiative de sa part.

Il s'enfuit à l'été 1944 et reste dans la Commission gouvernementale à Sigmaringen. En avril 1945, il quitte l’Allemagne pour l’Italie où il finira ses jours sous un nom d'emprunt, converti au catholicisme, dans le couvent de San Vito, près de Turin. Il fut condamné à mort par contumace à la Libération.

 

[9] Jacques Soustelle.

Un homme de la quatrième république impliqué dans l'OAS organisation secrète et terroriste politico-militaire contre le général de Gaulle à la suite de l'abandon de l'Algérie Française. Ses actions sont le militantisme, la propagande et quelques actions violentes. Créée le 11 février 1961 après une rencontre à Madrid entre Jean-Jacques Susini [9-1] et Pierre Lagaillarde [9-2], elle regroupait les partisans du maintien de l'«Algérie Française» par la lutte armée. Le sigle OAS apparut sur les murs d'Alger le 16 mars 1961, accompagné du slogan «L’Algérie est Française et le restera». Le nom OAS fait volontairement référence à l’Armée Secrète de la Résistance.

images-jacques-soustelle.1246564300.jpgJacques Soustelle est un ethnologue, membre de l’Académie Française et né le 3 février 1912 à Montpellier (Hérault) et décédé le 6 août 1990 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Jacques Soustelle fit des études de lettres et de philosophie, il reçu dès l’âge de dix-sept-ans premier au concours de l’École normale supérieure en 1929, il est diplômé d’ethnologie (1930), professeur agrégé de philosophie (reçu premier en 1932) et docteur ès lettres (1937). Il fut également sous-directeur du musée de l'Homme et chargé de cours au Collège de France, à l’École Nationale de la France d'Outre-mer, ainsi que professeur à l’École des hautes études en sciences sociales à partir de 1951.

Marxiste internationaliste, antistalinien, il participa aux revues Masses, Spartacus, dirigées par René Lefeuvre éditeur et militant marxiste, parfois sous le pseudonyme de Jean Duriez. Il fut également membre du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Soustelle était alors pacifiste de conviction, comme une bonne partie des intellectuels de la gauche de l’entre-deux-guerres. Il dénonça pourtant en 1938 les accords de Munich tout en étant l’un des dirigeants de la Ligue des Intellectuels antifascistes. Il gardera longtemps une réputation d’homme de gauche qui le rendra souvent suspect aux yeux des ultras de l’Algérie Française.

Après l’armistice du 22 juin 1940, il rejoint les Forces Françaises libres à Londres. Le général de Gaulle le charge d’une mission diplomatique en Amérique latine en 1941, où il installe des comités de soutien à la France libre, qui court-circuitent les efforts des diplomates pétainistes sur tout le continent. Il entre ensuite au Comité National Français de Londres (Gouvernement de la France libre, puis de la France Combattante), où il assume le Commissariat national à l'information (1942). Nommé à la tête de la Direction Générale des Services Secrets (DGSS) à Alger en (1943-1944) par le Comité Français de la Libération Nationale), il est Commissaire de la République (préfet) à Bordeaux à la Libération puis député de la Mayenne à la Première Assemblée constituante.

Son engagement gaulliste.

C’est à Jacques Soustelle que le général de Gaulle confie au début de 1947 l’organisation du RPF dont il est le premier secrétaire général, il représente ce mouvement à l’Assemblée nationale comme député du Rhône en 1951.

Militant gaulliste au début de la guerre d’Algérie. Le député Soustelle est réélu en 1956 sous l’étiquette républicain-social, et en 1958 sous l’étiquette UNR, et défend une politique favorable à l’État d'Israël.

Le nom de Jacques Soustelle est alors étroitement mêlé aux événements d’Algérie dont il est le gouverneur général au début de la guerre (1955-1956). Il est nommé à cette fonction par Pierre Mendès France. La politique de Soustelle, c’est l’assimilation des musulmans et de leur culture. Il fonde, en 1956, l’Union pour le Salut et Renouveau de l'Algérie Française (USRAF), puis, en 1959, avec Georges Bidault [9-3], Léon Delbecque (militant et résistant puis responsable gaulliste au sein du RPF puis des républicains sociaux)ou Robert Lacoste (qui occupe des fonctions gouvernementales de 1944 à 1958, député socialiste de la Dordogne de 1945 ) 1958, puis sénateur de 1971 à 1980), le Rassemblement pour l’Algérie Française (RAF), dissous en 1962, à l’indépendance.

Il œuvre, dans les derniers temps de la IVème République, pour le retour de De Gaulle au pouvoir, ce dernier étant un espoir fort pour beaucoup de citoyens des départements Français d’Algérie. Il devient ministre de l’information dans le gouvernement de Gaulle (1958).

C’est la fin de la IVe République.

Il reste un proche du président de Gaulle et entre au gouvernement avec le portefeuille de ministre délégué auprès du Premier ministre Michel Debré, chargé du Sahara, des DOM et TOM et des Affaires atomiques (1959-1960).

L’homme révolté de la fin de la guerre d’Algérie.

Les choix du général de Gaulle pour l’avenir de l’Algérie sont pour lui une profonde déception. Il entre en conflit avec le général et se prononce résolument pour l’Algérie Française. Il est alors démis de ses fonctions gouvernementales et exclu de l’UNR en 1960. Son action en faveur du maintien de l’Algérie au sein de la République Française le conduit à être poursuivi pour atteinte à l’autorité de l’État. Démissionnaire du conseil municipal de Lyon en octobre 1961, il laisse son fauteuil au directeur de la manufacture des tabacs de Lyon et ancien résistant André Girard.

Il vit en exil de 1962 à 1969.

Le retour dans la vie politique, Jacques Soustelle bénéficiera de la loi d’amnistie générale sur les événements d’Algérie de juin 1968, il fait l’objet d’un non-lieu en octobre suivant. Jacques Soustelle député du Mouvement national Progrès et Libertés du Rhône, siège alors à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe et à l’Assemblée de l’Union de l'Europe occidentale (1973). Il apporte un soutien discret mais constant à Maurice Papon, notamment dans le jury d’honneur composé d’anciens résistants.

Jacques Soustelle fut élu à l’Académie Française le même jour que Léopold Sédar Senghor. Il est enterré au cimetière de Miribel dans l’Ain.

Les zones d’ombre.

Après son exclusion du gouvernement en février 1960 et son départ du mouvement gaulliste en raison de ses positions sur l’Algérie Française, Jacques Soustelle rejoint l’OAS dont il fait partie des instances dirigeantes. Au cours d’une conférence dans laquelle il expose ses convictions pro-OAS, il est poursuivi pour atteinte à la sécurité de l’État, part en exil à l’étranger et un mandat d’arrêt est lancé contre lui, il sera gracié en 1968.

 

[9-1] Jean-Jacques Susini.

Le fondateur de l'OAS, voir ici l'interview du 22 mai 2008 N° 1862, Le Point. 

susiny-jean-jacques-suisini.1246565308.jpgJean-Jacques Susini est né à Alger le 30 juillet 1933, il obtient son baccalauréat en 1948 après des études au collège Notre Dame d’Afrique. Il quitte l’Algérie à 18 ans pour mener ses études de médecine à Strasbourg, puis à Lyon où il est inscrit aux Jeunes du R.P.F..

Militant activement en faveur de l’Algérie Française, il retourne en Algérie à la fin de 1958 et y prend les responsabilités de la propagande et de l’action politique au sein du Front National Français. Elu président de l’Association Générale des Étudiants d’Algérie en 1959, il est l’un des principaux acteurs (avec Pierre Lagaillarde et Joseph Ortiz) de l’insurrection des «Barricades» de janvier 1960 à Alger.

Il s’installe en Espagne et participe à la création de l’O.A.S. avec Pierre Lagaillarde au début de 1961.

Jean-Jacques Susini est reçu par le général Salan [9-1-1] le 19 décembre 1960 à l’hôtel Princesa à Madrid. Jean-Jacques Susini a 27 ans, Raoul Salan a 60 ans, et il est conquis par l’agilité d’esprit et les analyses de son interlocuteur. Il dirigera l’Action Psychologique et la Propagande (A.P.P) de l'organisation.

Après l’échec du «Putsch d’Alger»,

(Le putsch d'Alger ou coup du 13 mai est le coup d'État mené conjointement à Alger par l' action des hommes de l'Algérie Française le 13 mai 1958 par le député d'Alger et officier parachutiste de réserve Pierre Lagaillarde, les généraux Raoul Salan, Edmond Jouhaud, Jean Gracieux, l'amiral Auboyneau avec l'appui de la 10e division parachutiste du général Massu et la complicité active des alliés de Jacques Soustelle),

il s’enfonce dans la clandestinité et prend à Alger les responsabilités de l’action psychologique et politique de l’O.A.S. sous les pseudonymes de Boumendjel, Jeannette, Janine ou R19. Il prend fréquemment des initiatives personnelles et rédige en particulier la lettre du général Salan publiée par «Le Monde» en septembre 1961 et l’instruction O.A.S. n° 29 du 23 février 1962 ayant pour objectif de créer une situation insurrectionnelle en Algérie dès la signature du cessez-le-feu avec le F.L.N.(qui interviendra le 19 mars 1962).

Après l’arrestation de Raoul Salan en avril 1962, il devient responsable de l’O.A.S. pour Alger et Constantine. Il engage et mène les négociations O.A.S.- F.L.N. en juin 1962 qui aboutissent aux accords «Susini-Mostefaï», lesquels ne seront pas appliqués en raison de l’effondrement du G.P.R.A. et de la prise de pouvoir par Ben Bella à l’été 1962.

Condamné à mort par deux fois par la Cour de sûreté de l’Etat, il revient en France après l’amnistie de 1968. Amnistié sur décision du général de Gaulle en 1968, avec les autres dirigeants de l'O.A.S. encore incarcérés, il revient en France, mais, soupçonné d’avoir commandité un hold-up, il est à nouveau arrêté en mars 1970 et placé seize mois en détention provisoire avant d’être acquitté.

En octobre 1972, il est à nouveau arrêté et placé en détention provisoire pendant deux ans pour avoir organisé l’enlèvement et la disparition du colonel Raymond-Jean Gorel ex-trésorier de l’O.A.S (amnistié avant son jugement par une loi votée, suite à l'élection de François Mitterrand). Propriétaire et dirigeant d’une entreprise de sécurité, il se présente sous l’étiquette du Front National aux élections législatives à Marseille en 1997 et obtient 45% des suffrages au deuxième tour.

Jean-Jacques Susini est l’auteur d’une «Histoire de l’O.A.S.» dont seul le premier tome, couvrant la période de mai à juillet 1961, a été publié dans la collection « Taglaïts » aux Editions de La Table Ronde en 1963.

 

[9-1-1] Le général Salan.

200px-general_raoul_salan.1246643109.jpgLe général d’armée Raoul Salan, Grand Croix de la Légion d’honneur, né à Roquecourbe (Tarn) le 10 juin 1899, a été successivement commandant en chef en Indochine (1952-1953), commandant en chef, puis Délégué Général du Gouvernement en Algérie (1956-1958). Il est décédé à Paris le 3 juillet 1984 et repose au cimetière de Vichy d’où était originaire la famille de sa femme.

Il fut le chef de l'Organisation Armée Secrète, OAS, une organisation qui luttait contre l'indépendance Algérienne et fut condamné à la prison à perpétuité, puis amnistié et réhabilité.

Lors de la crise de mai 1958, il cumule les pouvoirs civils et militaires en Algérie. Son ralliement impromptu au général de Gaulle lors d'un discours à Alger place ce dernier en position de force. Cependant, de Gaulle le prive de ses pouvoirs en décembre 1958, en lui accordant un poste honorifique en France. Partisan de l'Algérie Française, Salan dirige l'OAS après l'échec du putsch des Généraux en 1961.

Il est arrêté à Alger le vendredi 20 avril 1962 après un an de clandestinité et le 23 mai 1962, après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, est condamné par le Haut Tribunal militaire à la peine de détention criminelle à vie, verdict qui entraînera la dissolution du tribunal par le général de Gaulle le 27 mai 1962.

Le 8 décembre 1962, il est transféré à la prison de Tulle où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie Française Le 15 juin 1968, dernier occupant de la prison de Tulle, il est libéré par grâce présidentielle à la suite des événements de mai 1968.

 

[9-2] Pierre Lagaillarde.

images-pierre-lagaillarde.1246566400.jpgPierre Lagaillarde né le 15 mai 1931 à Courbevoie était un partisan de l'Algérie Française pendant la Guerre d'Algérie. Il fut l'un des fondateurs de l'OAS.

En 1957, il prend la présidence de l'Association générale des étudiants d'Alger.
Le 13 mai 1958, il participe au soulèvement d'Alger, et devient membre du Comité de salut public d'Alger et occupe le Gouvernement général de l'Algérie.
En novembre 1958, aux élections législatives, il figure sur la liste Algérie Française.
En janvier 1960, opposé à l'idée d'autodétermination proposée par le général de Gaulle, il prend la tête du mouvement insurrectionnel, la semaine des barricades.

Arrêté, il est incarcéré à la prison de la Santé, et lors de sa mise en liberté provisoire, il s'enfuit en Espagne. Il rejoint Raoul Salan en Espagne et fonde avec lui l'OAS (Organisation Armée Secrète) le 3 décembre 1960.

Déchu de son mandat de député, il est condamné par contumace en mars 1961 à dix ans de réclusion criminelle, et bénéficie de la loi d'amnistie en 1968.

 

[9-3] Georges Bidault.

Georges-Augustin Bidault est né à Moulins dans l'Allier le 5 octobre 1899 et décédé à Cambo-les-Bains aux Pyrénées-Atlantiques le 26 janvier 1983, est un résistant et un homme politique démocrate chrétien qui participa au combat pour l'Algérie Française.

250px-bidault_3.1246643023.jpgDémocrate-chrétien Georges Bidault reprend ses études d’histoire à la Sorbonne. Son attirance pour la démocratie chrétienne s’affirme et il devient vice-président de l'Association catholique de la jeunesse chrétienne. En 1925, il est reçu 1er au concours de l'agrégation et enseigne au lycée de Valenciennes. De 1926 à 1931, il est professeur au lycée de Reims. A la rentrée scolaire de 1931, il est nommé professeur au lycée Louis-le-Grand où il enseignera jusqu’en 1939. En parallèle, il milite au Parti démocrate populaire aux côtés de Robert Schuman.

Lors de la signature des accords de Munich, en septembre 1938, il signe une série d’éditoriaux où il stigmatise la capitulation des démocraties, de Daladier et de Chamberlain, devant Adolf Hitler et prévoit lucidement l'arrivée de la guerre.

Mobilisé comme sergent en 1939, il demande à aller combattre en mai 1940. Il est fait prisonnier le 8 juin 1940 et est envoyé au Stalag IIA à Neubrandenburg dans le Mecklembourg.

Libéré en juillet 1941 au titre de «la Relève», il rejoint Paris, puis Lyon, où il est professeur au lycée du Parc. Recherché par la Gestapo en tant que Georges (et non Augustin) Bidault, éditorialiste anti-munichois, il noue des contacts dans la résistance, devient membre du comité directeur de Combat, le mouvement fondé par Henri Frénay et écrit des articles dans le journal clandestin Combat. Il rencontre pour la première fois Jean Moulin [9-3-1] qui lui confie, en avril 1942, la responsabilité du Bureau d’information et de propagande qui devient une sorte d’agence de presse de la résistance.

Le 27 mai 1943, se tient au 48 rue du Four à Paris, dans le sixième arrondissement, sous la présidence de Jean Moulin, la réunion de création du Conseil National de la Résistance (CNR). Les mouvements de résistance, de partis politiques et de syndicats votent à l’unanimité une motion préparée par Georges Bidault, lui-même représentant la démocratie-chrétienne, demandant, en particulier, la création d’un gouvernement provisoire à Alger.

Le 22 août, le CNR s’installe à l'hôtel de ville où, le 25 août, Georges Bidault accueille le général De Gaulle. Le 26 août, lors du défilé de la «libération de Paris», il descend les Champs-Elysées aux côtés du général De Gaulle, j'y étais. Il sera d'ailleurs effacé des photos par la suite.

Georges Bidault est l’un des membres éminents de l’Union pour le salut et le renouveau de l’Algérie Française (USRAF) fondée par Jacques Soustelle. Pressenti le 20 avril 1958 par le président Coty, le dernier président de la quatrième république, pour être président du conseil après la chute du cabinet Félix Gaillard, Georges Bidault n’obtient pas le soutien du MRP, ce qui marquera la rupture avec son parti. Le 14 mai 1958, Georges Bidault, écrit au général de Gaulle, une lettre l’adjurant d’accepter de revenir au pouvoir «pour le salut de la patrie en péril» et, le 1er juin, vote pour son investiture.

Très rapidement, le doute le saisit sur les intentions du général sur l’Algérie. Son discours du 16 septembre 1959 sur l’autodétermination en Algérie le jette dans une opposition résolue à la politique Algérienne du général, le 19 septembre, il crée le Rassemblement pour l’Algérie Française. Le 17 juin 1960, avec Jacques Soustelle qui a été exclu du gouvernement le 5 février précédent, il fonde le Comité de Vincennes qui rassemble plus de deux cents personnalités venant d’horizons politiques variés qui s’engagent à «défendre en toutes circonstances» l’intégrité du territoire national. Le 8 novembre 1961, Georges Bidault est l’un des 80 parlementaires qui votent «l’amendement Salan», voir ici.

Surveillé étroitement par la police, Georges Bidault participe à une réunion du Comité de Vincennes, le 16 novembre 1961, réunion qui conduit à sa dissolution par le gouvernement et qui voit ainsi disparaître la seule voie de défense de l’Algérie Française.

En mars 1962, Georges Bidault se réfugie en Suisse. Après l’arrestation de Raoul Salan, le 20 avril 1962, Georges Bidault ne sera pas chef de l’OAS, mais président d’un nouveau Conseil national de la résistance (CNR) qui englobera une partie de l’OAS, le CNR ayant une vocation politique et l’OAS une vocation militaire. C'est le 20 mai 1962, à Rome, que Georges Bidault, avec Jacques Soustelle, et d'autres personnalités pour l'Algérie Française créent le comité exécutif de ce nouveau CNR qui désigne Georges Bidault pour président.

Celui-ci donne, peu après, deux articles virulents au quotidien bruxellois «La Dernière Heure» et voit son immunité parlementaire levée par 241 voix contre 72 et 167 abstentions sans, d’ailleurs, qu’une inculpation lui soit notifiée.

Désormais, il mène une vie de clandestin entre l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, le Portugal et l'Angleterre où il donne une interview à la BBC en janvier 1963.

Georges Bidault était Compagnon de la Libération et Grand-Croix de la Légion d’Honneur.

 

9-3-1] Jean Moulin.

La plus grande figure de la résistance Française sous l'occupation Allemande.

t39rmoulin.1246654343.jpgJean Moulin est né à Béziers le 20 juin 1899 et est mort dans un train aux environs de Metz le 8 juillet 1943, il était préfet et grand résistant. Il dirigea le Conseil national de la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Souvent considéré comme un des principaux héros de la Résistance, un Cénotaphe se trouve au Panthéon des grands hommes de la République Française, son corps n'a jamais été identifié avec certitude, et l'urne transférée au Panthéon ne contient que des «cendres présumées de Jean Moulin».

D'origine méridionale, Jean Moulin, issu d'une famille républicaine et radicale sert 23 ans la République comme sous-préfet et préfet. Sa carrière dans la préfectorale est entrecoupée d'un passage au ministère de l'Air du gouvernement de Front populaire comme chef de cabinet de Pierre Cot. Il s'implique dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine. Dès cette époque, il est résolu à défendre sa patrie contre le nazisme et le fascisme. À la déclaration de guerre, il tente en vain de se faire mobiliser dans l'Armée de l'air, le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut n'entend pas se priver d'un des meilleurs éléments de l'administration préfectorale.

Son premier acte de résistance se situe à Chartres le 17 juin 1940, il est préfet d'Eure-et-Loir depuis janvier 1939, lorsqu'il refuse de signer un document rédigé par les Allemands accusant à tort les troupes sénégalaises de l'Armée Française de massacres sur les populations civiles. Craignant de céder sous les coups de soldats «en délire», il tente de se suicider. L'affaire est étouffée mais le préfet Moulin a su protéger la population des exactions de l'occupant.

Le préfet de gauche, fidèle serviteur de la République est révoqué le 2 novembre 1940 par le gouvernement à Vichy. Il s'installe à Saint-Andiol dans les Alpilles et prend contact avec les différents mouvements de Résistance de zone sud. En octobre 1941, il gagne Londres et se fait le messager de la Résistance auprès du général de Gaulle.

Assuré d’un soutien matériel essentiel, il rejoint le pays dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942. Il prend différentes identités, dont celles d’un agriculteur et d’un directeur de galerie d’art. Il tente de rallier les différents mouvements de résistance entre eux et sous l’autorité du Général. Il contacte tous les chefs des différents mouvements de résistance. Ensuite, il s’efforce, après avoir créé l’Armée secrète (AS), de mettre en place différents services : parachutage, information, presse, transmissions, comité général d’études, noyautage des administrations publiques…Volontaire, il parvient encore à réunir les trois grands mouvements de résistance, à savoir,

Combat de Henri Frenay une grande figure du fédéralisme de la résistance voir ici , Franc-tireur et partisans FTP créé par la direction du parti communiste de Jean-Pierre Levy chef de l'un des trois mouvements de résistance, et Libération-Sud édité de 1941 à 1964 d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie. Il les rassemble au sein du Mouvements Unis de résistance (MUR).

Trahi, arrêté, torturé, tué.

La première réunion du CNR se déroule le 27 mai 1943, à Paris. Mais les conflits au sein de la Résistance ne s’atténuent pas. Certains espèrent même pouvoir évincer Jean Moulin. Lorsque le chef de l’Armée secrète, le général Delestraint, proposé à l'été 1942 par Jean Moulin au général de Gaulle, sur l'avis d'Henri Frenay pour organiser, d'abord en zone sud, l'Armée secrète (AS) qui doit voir fusionner les groupes paramilitaires des mouvements de Résistance , il est arrêté par l’occupant au début du mois de juin. Jean Moulin organise en urgence une réunion des responsables militaires à Caluire, afin de s’organiser en l’absence du malheureux.

Le 21 juin 1943, la Gestapo envahit le lieu de rassemblement et arrête tous les participants. La trahison, ou dénonciation, semble évidente. Jean Moulin est emprisonné à Lyon et torturé pendant plusieurs jours. Malgré les tortures, il ne donnera aucune information sur le mouvement qu’il a mis en place. Il meurt lors de son transfert en Allemagne, le 8 juillet 1943.

 

[10] Georges Gorse.

Il occupa des fonctions gouvernementales du troisième gouvernement Blum de décembre 1946 jusqu'au troisième gouvernement Messmer de 1974.

caf90018377-grorges-gorse.1246720039.jpegIl est né le 15 février 1915 à Cahors dans le Lot, et mort le 17 mars 2002 à Paris. Des études brillantes lui permettent d'intégrer l'École normale supérieure en 1936. Agrégé de lettres en 1939, il part en Égypte où il est professeur au lycée Français puis maître de conférences à l'Université du Caire. Il se rallie à de Gaulle dès juin 1940 et dirige les services d'information de la délégation de la France libre au Proche-Orient. En janvier 1943, il part pour une mission diplomatique en Union soviétique, puis il entre au cabinet du président du gouvernement provisoire. En 1944, le Conseil de l'Ordre de la Libération le nomme à l'Assemblée consultative provisoire.

En août, il remonte les Champs-Élysées dans Paris libéré, derrière le Général de Gaulle.

Son engagement au cours de la guerre lui vaut la médaille de la Résistance. Il est élu député socialiste SFIO de la Vendée à la première et à la seconde Assemblée nationale constituante, et est réélu en 1946 à la première Assemblée nationale de la Quatrième République. Il choisit de siéger à la commission des affaires étrangères.

En 1957, Guy Mollet le nomme ambassadeur de France en Tunisie, auprès de Habib Bourguiba. Le Général de Gaulle le confirme dans ce poste à son retour au pouvoir en 1958, puis il le nomme représentant permanent du Gouvernement Français auprès des Communautés européennes en 1959.

Sous la Ve République, il est élu député des Hauts-de-Seine sous les couleurs gaullistes (de l’UNR-UDT au RPR) de 1967 à 1997. Il occupe à nouveau des fonctions ministérielles dans les gouvernements Debré, Pompidou et Messmer. Il fonde en 1968 le Mouvement pour l'indépendance de l'Europe, préfigurant assez largement le souverainisme qui verra ultérieurement se rapprocher des membres de la droite et de la gauche opposés au fédéralisme européen. Georges Gorse, bon connaisseur du monde et de la civilisation arabe, s’oppose à la Guerre du Golfe en 1991.

 

[10 ] Henri Queuille.

Il occupe des fonctions gouvernementales dans le gouvernement d'Allexandre Millerand 1 de 1920 à celui de Joseph Daniel de 1953.

Henri Queuille, est né le 31 mars 1884 à Neuvic d'Ussel (Corrèze) et est mort le 15 juin 1970.

En raison de sa longue carrière politique, en particulier sous la IVe République, et des citations lapidaires qu'il a pu faire sur l'exercice du pouvoir, Henri Queuille «le petit père Queuille», comme on le surnommait, a fini par devenir le symbole de l'inefficacité et du discrédit de la IVe République, empêtrée dans le régime des partis et, plus généralement, d'une certaine conception de la politique placée sous le sceau de l'impuissance fataliste et cynique.

Henri Queuille présente la particularité d'avoir été le parrain en politique de deux hommes que l'histoire opposera à maintes reprises,

en 1946 il conseille à François Mitterrand de se présenter dans la Nièvre et en 1965 il propose à Jacques Chirac de lui succéder deux ans plus tard dans sa circonscription de Corrèze.

Citations de Henri Queuille,

 

Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout.
La politique ne consiste pas à faire taire les problèmes, mais à faire taire ceux qui les posent.
Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout.
Toute réforme fiscale consiste à supprimer des impôts sur des choses qui étaient taxées depuis longtemps pour les remplacer par des nouveaux plus lourds, sur des choses qui ne l'étaient pas.

 

La suite 17 est la Franc-maçonnerie sous la fin de l'occupation Allemande

11 réflexions sur « La Franc-maçonnerie, dossier suite 16, »

  1. Ce n’est pas un commentaire mais une question. Je vous ai « attrapé » par hasard et ne vois pas comment faire pour lire TOUS vos articles sur la FM depuis le n°1. Pouvez-vous me dire où aller exactement ou acceptez-vous de me les @dresser. Ensuite je vous dirai ce que j’en pense. Mais je vous félicite déjà pour ce travail. Merci

  2. [b]NicoleR,

    bonsoir…

    Il suffit, pour lire tous les articles de Anidom Nidolga, que vous cliquiez au choix,
    [i]- soit sur sa photo,
    – soit sur son nom[/i]…
    Ensuite, vous parviendrez à son profil. Là, vous cliquerez sur « 1000 derniers »… Vous pourrez, de ce fait, accéder à tous ses articles parus, dont ce dossier sur la Franc-maçonnerie…
    Les titres de ses articles étant inscrits en bleu, il suffit de cliquer sur l’article de votre choix pour pouvoir le lire… Puis, pour lire les autres articles de Anidom Nidolga, vous répétez la même procédure que celle indiquée ci-dessus…

    Bien cordialement et bonne lecture,

    Dominique Dutilloy[/b]

  3. [b]Anido,

    bonsoir…

    Je brûle de lire la suite de ta passionnante série…

    Mais, je voudrais savoir deux choses :
    [i]- Est-ce que Jean Moulin a fait partie de la Franc-maçonnerie ?
    – Parmi les Franc-maçons, qui ont été poursuivis par la Police de Laval et par la Gestapo, combien d’entre eux ont survécu ?[/i]

    Avec toute mon amitié,

    Dominique[/b]

  4. [b]NicoleR[/b] bonjour,

    Le hasard fait bien les choses, et Dominique mon ami vous a répondu mieux que je l’aurais fait.

    Lisez et donnez moi vos impressions et commentaires.

    Vous pouvez imprimer ces articles, ils représentent une richesse introuvable sous cette forme sur internet.

    Avec mon amitié,

    Anido.

  5. [b]Dominique[/b] bonjour,

    [u][b]Merci d’avoir répondu à Nicole R.
    [/b][/u]
    Jean Moulin n’a pas été franc-maçon, c’est son père [b]Antoine Émile Moulin.
    [/b]
    Ses convictions laïques et anticléricales le poussent à s’engager dans la Franc-Maçonnerie. En 1902, il se fait recevoir dans une l[b]oge affiliée au Grand Orient de France[/b]. Lors de la séparation de l’Église et de l’État, il prend position nettement pour la séparation.

    Antoine Émile Moulin était professeur de Français, de latin et d’histoire, il occupa des fonctions politiques départementales.

    Avec mon amitié

    Anido

  6. [b]Anido[/b],

    il n’y a pas de quoi…

    En ce qui concerne les [b]Franc-maçons[/b], qui ont subi la répression de la [b]Police de Laval[/b] et des [b]Gestapo allemande et française[/b], combien d’entre eux ont survécu ? Puis, l’Allemagne, a-t-elle indemnisé les loges franc-maçonnes ?

    Avec toute mon amitié,

    [b]Dominique[/b]

  7. cachez tout et « Quand vous êtes embêtés, embrouillez tout. » Ca pourrait être la devise de la FM !!!!

  8. [b]Veritas[/b] bonjour,

    [b]jean Monnet oui[/b], il n’est pas cité pourquoi ?

    Par ce qu’il n’intervient pas dans les personnes référencées dans ces dossiers sur la Franc-maçonnerie.

    Je n’ai pas fait l’histoire de la résistance, j’ai simplement décrit les personnages présentés en cascade dans ces dossiers pour qu’on les connaissent.

    Jean Moulin est évoqué avec [b]Georges Bidault en [9-3][/b] dans la phrase :

    « [b]Il rencontre pour la première fois [b]Jean Moulin [9-3-1][/b] qui lui confie, en avril 1942, la responsabilité du Bureau d’information et de propagande qui devient une sorte d’agence de presse de la résistance[/b] ».

    Je sais que votre question est possible, mais voulant développer au mieux la connaissance des personnes citées, je me suis trouvé à déborder le cadre seul de la Franc-maçonnerie par ce qu’elles interféraient les unes aux autres.

    Quand Georges Bidault rencontre Jean Moulin en avril 1942, je me devais de citer Jean Moulin pour être complet.

    Cela a été un cas de même pour Gorse ou Queuille, que devais-je faire, ne rien écrire sur eux et laisser le lecteur sans les connaître, ou bien les décrire ?

    J’ai préférer la seconde solution en la limitant au mieux sans cela, j’en serais encore à cette période de l’occupation Allemande.

    Avec mon amitié,

    Anido

  9. [b]Dominique[/b],

    Je n’ai pas les informations précises que tu me demandes, je le regrette.

    Il y a eu plusieurs niveaux de répression, je crois avoir écrit que 500 franc-maçons étaient décédés tués ou déportés, 1.000 déportés sur les 60.000 recensés, voir le dossier 13.

    Avec mon amitié,

    Anido

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