du Front populaire à la seconde guerre mondiale,
les autres personnalités et les accords de Matignon.
Ce ne sont pas des biographies, mais des données qui précisent l'action des personnes citées au dossier précédent afin de mieux comprendre le front populaire de 1936.
[4] Paul Ramadier.
Il est initié Franc-maçon, en 1913, à la Loge «La Parfaite Union», Rodez, et maire de Decazeville de 1919 à 1959.
Paul Ramadier est né à La Rochelle le 17 mars 1888 et mort à Rodez le 14 octobre 1961. Homme politique avocat, docteur en droit romain, défenseur des coopératives. Il est militant socialiste dès 1904 et député socialiste de l'Aveyron de 1928 à 1940, de 1945 à 1951 et de 1956 à 1958.
Favorable à la participation des socialistes au pouvoir, il quitte la SFIO pour rejoindre l’Union Socialiste Républicaine. Il fait partie du gouvernement Léon Blum en 1936 comme sous-secrétaire d’État (mines, électricité et combustibles liquides) puis du gouvernement Camille Chautemps comme sous-secrétaire d'État aux Travaux publics. Il est ministre du Travail de janvier à août 1938 dans le cabinet Édouard Daladier. Il démissionne quand celui-ci remet en cause la semaine de 40 heures.
Il refuse avec véhémence les pleins pouvoirs à Pétain en juillet 1940 (voir: Liste des 80 parlementaires ayant voté contre les pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940, ici), et participe à la Résistance. Son action en faveur des Juifs lui vaut de voir son nom inscrit sur la liste des Justes parmi les Nations à Yad Vashem. Il rejoint de nouveau la S.F.I.O. pendant l’Occupation. À la Libération, il est ministre du Ravitaillement de novembre 1944 à mai 1945, gouvernement de Gaulle, et se voit surnommé «Ramadan» ou «Ramadiète», bien qu'il donne l'exemple en travaillant dans un bureau non chauffé. Il occupe le ministère de la Justice en décembre 1946-janvier 1947, ministère Léon Blum. Il est, en 1947, le premier président du conseil après l’adoption de la Constitution de la IVe République. Il est ministre de la Défense en 1948-49, gouvernement Henri Queuille, et des Affaires économiques et financières en 1956-1957, gouvernement Guy Mollet. C'est un grand socialiste. Il participe en mai 1948 au Congrès de La Haye.
Sous le Front populaire, il fait adopter d’importantes lois sociales. Il prépare notamment une loi sur les accidents du travail, la retraite et les 40 heures. Confronté à d'énormes difficultés dans tous les domaines comme chef de gouvernement, véritable bourreau de travail, il écarte les communistes de son gouvernement mettant ainsi fin au tripartisme (P.C., S.F.I.O., M.R.P.), fait voter le statut de l’Algérie et l’adhésion de la France au Plan Marshall.
[5] Camille Chautemps.
Il est initié franc-maçon le 8 décembre 1906 aux Démophiles (Grand Orient de France) à Tours. Il sera accusé par l'extrême-droite d'être un instrument de la maçonnerie et présenté comme étant un haut grade suite à une erreur de l'abbé tourmentin qui le désigne comme un 32° du Rite écossais. Il faut se rappeler qu'à cette époque l'antisémitisme était encore très fort, les suites de l'affaire Dreyfus.
Camille Chautemps, né à Paris le 1er février 1885 et mort à Washington le 1er juillet 1963, est un homme politique.
Il est combattant volontaire à la première guerre mondiale. Il entre au conseil municipal de Tours en 1912. Élu député radical-socialiste en 1919 (sur l'aile droite du parti), maire de Tours de 1919 à 1925, plusieurs fois ministre (1924 à 1926), il devient Président du Conseil de la Troisième République en 1930, et de novembre 1933 à janvier 1934. Il démissionne de la présidence du conseil après l'affaire Stavisky.
Il est ministre d'État du Front populaire, puis succède à Léon Blum de juin 1937 à mars 1938 à la tête du gouvernement. À partir de 1938, tentant de poursuivre l'expérience du Front Populaire, il procède à la nationalisation des chemins de fer et à la création de la SNCF. Il se retire peu avant l'Anschluss, (nom donné à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne nazie). Il est vice-président du Conseil des Gouvernements Édouard Daladier, puis du gouvernement Paul Reynaud, et du gouvernement de Philippe Pétain jusqu'au 12 juillet 1940. En novembre 1940, chargé d'une mission officieuse, il part pour Washington et choisit d'y demeurer jusqu'en 1944, date à laquelle il gagne l'Afrique du Nord.
[6] Maurice Viollette.
C'est un franc-maçon très actif dans la franc-maçonnerie. Initié en mars 1893 à la loge «Bienfaisance et Progrès», il a plus tard été élu au Conseil de l'Ordre du Grand Orient de France.
Maurice Gabriel Viollette est un homme d'État, né le 3 septembre 1870 à Janville (Eure-et-Loir) et mort le 9 septembre 1960 à Dreux.
Candidat aux législatives de 1902 à Dreux, et élu député radical d'Eure-et-Loir, et constamment réélu jusqu'en 1919. Membre de la Ligue des droits de l'homme, il retrouve son siège au Palais-Bourbon en 1924 (radical puis dès 1928 républicain socialiste). Il est sénateur de 1930 à 1939. Après la guerre, il siège aux deux Assemblées nationales constituantes comme radical puis comme UDSR. Élu UDSR à l'Assemblée nationale en 1946, il est inscrit au groupe républicain radical et radical-socialiste de 1951 à 1955.
Maire de Dreux de 1908 à 1959, il est ministre du Ravitaillement en 1917, gouverneur général de l'Algérie de 1925 à 1927, puis ministre d'État sous le Front populaire de 1936 à 1938. Partisan des réformes dans l'Empire colonial, il est l'auteur du projet Blum-Viollette qui prévoyait d'accorder la citoyenneté Française et le droit de vote aux élites algériennes. Révoqué et arrêté par Vichy, il est réélu à la Libération et reste député jusqu'en 1955 ainsi que maire de Dreux et président du conseil général d'Eure-et-Loir jusqu'à sa mort en 1960, à 90 ans.
[7] Jean Zay.
Jean Zay est un homme politique né à Orléans, Loiret, le 6 août 1904 et mort assassiné par des miliciens à Molles, Allier, le 20 juin 1944.
Il a été ministre de l'Éducation nationale et des Beaux-arts de 1936 à 1939.
«Les hommes qui ne rêvent point la nuit perdent un tiers de leur existence».
Jean Zay s'engage très tôt en politique. Dès ses études secondaires, il adhère aux Jeunesses laïques et républicaines, puis, à sa majorité, 21 ans, s'inscrit au Parti radical. Il constitue l'un des piliers des «Jeunes Turcs», ces membres du parti qui souhaitent en réformer profondément la doctrine. Il fréquente les cercles républicains, devient membre de la Ligue des Droits de l'Homme, responsable de la Ligue de l'enseignement et se fait initier à la loge maçonnique Étienne Dolet en 1926. Malgré son état de santé déficient, il demande à être intégré dans une unité combattante. Son courage et son dévouement, au sein de la IVe armée, sont attestés par ses chefs militaires, «volontaire pour les missions les plus périlleuses et les plus délicates ». Sous-lieutenant rattaché à l'État-major de la IVe armée, il séjourne en Lorraine pendant la «Drôle de guerre 39-40». Mobilisé à Bordeaux, il quitte son régiment pour assister le 19 juin 1940 à la dernière session du parlement qui s'est replié avec le gouvernement dans cette ville et qui débat de la question d'un abandon de la métropole aux troupes Allemandes et d'un transfert du gouvernement Français en Afrique du Nord.
Aucune décision ne fut prise, mais le même jour, en fin d'après-midi, Camille Chautemps, vice-président du Conseil, les présidents des deux chambres et vingt-sept parlementaires embarquent à Port-Vendres à bord du Massilia le 21 juin. Arrivés à Casablanca au Maroc, plusieurs jours plus tard en raison d'une grève de l'équipage, puis de l'attente d'une demande d'asile au gouvernement britannique, les passagers du Massilia sont d'abord consignés par le résident dans un grand hôtel, et quatre d'entre eux seront arrêtés pour désertion en présence de l'ennemi.
Renvoyé en métropole, Jean Zay est interné le 20 août à la prison militaire de Clermont-Ferrand. Dénoncé pendant des mois par une violente campagne de presse, orchestrée par Philippe Henriot, ministre de l'Information du gouvernement à Vichy, qui réclame la condamnation à mort du «Juif Jean Zay» comme Juif, franc-maçon, antimunichois, antihitlérien et ministre du Front populaire. Le 4 octobre 1940, le tribunal militaire permanent de la 13e division militaire, siégeant à Clermont-Ferrand, le condamne comme officier pour désertion en présence de l'ennemi à la déportation à vie et à la dégradation militaire. Le 20 juin 1944, des miliciens de Joseph Darnand viennent le chercher à la prison, sous le prétexte d'un transfert à la prison de Melun, lui laissent entendre ensuite qu'ils sont des résistants déguisés qui ont pour mission de lui faire rejoindre le maquis, et l'assassinent dans un bois, près d'une carrière abandonnée, au lieu-dit «Les Malavaux», à Molles, dans l'Allier. Les tueurs le déshabillent, lui ôtent son alliance, le fusillent, jettent la dépouille dans un puits et y lancent quelques grenades de manière à ce qu'il ne puisse pas être identifié.
Le 22 septembre 1945, son corps et ceux de deux autres personnes sont retrouvés, enfouis sous un tas de pierres, par des chasseurs de Molles et de Cusset, et enterrés sur ordre de la municipalité de Cusset dans une même fosse du cimetière communal. Faisant le rapprochement entre le cadavre et la disparition de Jean Zay, les enquêteurs retrouvent l'identité du milicien qui a signé le registre de levée d'écrou, Charles Develle, et l'interpellent à Naples, où il s'était réfugié. Exhumés fin 1947, les restes de Jean Zay sont identifiés grâce à sa fiche dentaire et aux mensurations données par son tailleur. Jugé en février 1953, le milicien est condamné à mort par le tribunal militaire de Lyon et fusillé. Jean Zay est inhumé dans le grand cimetière d'Orléans depuis le 15 mai 1948.
[8] Laval.
Pierre Laval, homme politique et d'État, 1883-1945. Pierre Laval est né le 28 juin 1883 à Châteldon dans le Puy-de-Dôme et mort fusillé le 15 octobre 1945 à Fresnes dans le département de la Seine.
Issu d'une famille modeste, il devient avocat à force de travail et d'obstination.
Membre de la SFIO depuis 1905, défendant parfois des syndicalistes de la CGT notamment, devant les tribunaux, Pierre Laval s'affiche comme pacifiste avant la Première Guerre mondiale. Il est même inscrit au fameux «Carnet B», la liste de tous les militants de l'extrême-gauche pacifiste que le ministère de l'Intérieur prévoyait initialement d'arrêter en cas de conflit. En 1914, Laval est élu député SFIO d'Aubervilliers, mais fut cependant, en raison de son pacifisme militant, battu aux élections de 1919, qui virent la victoire du Bloc national, très marqué par l’esprit «ancien combattant», alors que lui a été réformé pendant la Première Guerre mondiale.
Il devient maire d’Aubervilliers en 1923, mandat qu’il devait conserver jusqu’à la Libération. Il garde toujours un fort sentiment pacifiste, entretenu par ses contacts réguliers avec Aristide Briand, avec qui il travaillait à établir de bonnes relations avec l'Allemagne et l'Union Soviétique. Il s'éloigne progressivement de la gauche à mesure que s'accroît sa fortune, et glisse de plus en plus vers la droite parlementaire. Il eut la satisfaction d’être réélu député en 1924, comme socialiste indépendant face à un candidat SFIO auquel il reprochait ses sympathies pour les communistes. En 1925, il devient ministre des travaux publics puis garde des sceaux, justice. À la tête d’un cabinet florissant, jouissant d’une excellente implantation locale, il apparaissait déjà bien davantage comme un opportuniste, avant tout soucieux de sa réussite sociale, que comme un homme de conviction.
En 1927, il est élu Sénateur de la Seine, comme candidat sans étiquette, mais avec le soutien du centre droit et de la droite. Il est plusieurs fois ministre et président du Conseil. En 1931, Laval est élu «homme de l'année» par le Time magazine aux États-Unis. Politiquement engagé à gauche, il devient député sous l'étiquette socialiste révolutionnaire.
Il occupe à plusieurs reprises entre 1931 et 1936, la présidence du Conseil et se montre un farouche adversaire du front Populaire.
Plusieurs fois président du conseil sous la IIIe République, il est, immédiatement après Philippe Pétain, la personnalité la plus importante du régime à Vichy et le principal maître d'œuvre de la politique de collaboration d'État avec l'Allemagne nazie. Ayant puissamment aidé à la fondation de «l’État Français», il est vice-président du Conseil et dauphin désigné du maréchal jusqu'à son éviction soudaine le 13 décembre 1940. Il revient au pouvoir avec le titre de chef du gouvernement, du 18 avril 1942 à son départ de Paris le 17 août 1944.
En juin 1940, Pétain le nomme ministre d'État et vice-président du Conseil. C'est lui qui permet à Pétain d'obtenir les pleins pouvoirs qui annoncent la mort de la IIIe République. Puis devient un des principaux acteurs de la collaboration afin de maintenir le rôle de la France dans la nouvelle Europe. Mais son influence grandissante dans le gouvernement à Vichy pousse Pétain à l'écarter en décembre 1940.
La situation économique et sociale de la France se dégrade et Pétain finit par rappeler Pierre Laval en avril 1942. Il accentue la politique de collaboration donnant des gages supplémentaires de bonne volonté. Il laisse l'armée Allemande envahir la Tunisie, nov. 1942, confirme la Milice, janvier 1943, confirme la création du Service du Travail Obligatoire STO, fév. 1943, et fait entrer aux gouvernement des représentants de l'extrême droite. Après la Libération, il quitte la France mais est arrêté en Autriche. A son procès, il est reconnu coupable de haute trahison, et condamné à mort. Il est exécuté le 15 octobre 1945.
Laval et la fondation du Régime à Vichy, voir ici .
La défaite de 1940 fournit à Laval l'occasion de revenir au pouvoir. Il place son empire de médias au service de Pétain et du gouvernement à Vichy. Le lendemain même de la conclusion de l'armistice du 22 juin 1940 il entre au gouvernement Philippe Pétain. Le 10 juillet 1940, il use également de son influence à l'Assemblée nationale pour faire donner à Pétain les pleins pouvoirs. Deux jours plus tard, le 12 juillet 1940, Laval est appelé par Pétain comme vice-président du Conseil, le maréchal restant à la fois chef de l'État et du gouvernement. Laval développa des rapports très étroits avec Otto Abetz, ambassadeur Allemand en France. Jouant de son image de «francophile», ce dernier le persuade un peu plus, tout à fait à tort, que le Führer est prêt à tendre la main au vaincu et à réserver à la France une place privilégiée dans l'Europe nazie.
Le 22 octobre 1940, la rencontre de Montoire avait été longuement préparée par la rencontre du ministre des affaires étrangères Français Pierre Laval avec l'ambassadeur d'Allemagne Otto Abetz, ainsi qu'avec Hitler quelques jours auparavant au même endroit, devait poser les bases d'un dialogue entre la puissance occupante et le gouvernement à Vichy. L'entrevue de Montoire eut lieu le 24 octobre 1940 entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler dans la gare de Montoire-sur-le-Loir, Loir-et-Cher.
La poignée de main entre Philippe Pétain et Adolf Hitler le 24 octobre 1940 à Montoire. À l'arrière plan, le Dr. Schmidt, interprète de Hitler et sur la droite, von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères.
Un mois plus tard, lors d'une autre réunion avec Hermann Göring, Laval suggère une alliance militaire avec l'Allemagne nazie, et fait dresser des plans pour une reconquête commune du Tchad, passé aux gaullistes sous l’impulsion de son gouverneur, Félix Éboué. Il multiplie par ailleurs les gestes de bonne volonté, sans contrepartie aucune ni demandée ni obtenue. Ainsi, il livre à l'Allemagne l'or de la Banque nationale de Belgique, confié par Bruxelles à la France.
Il lui cède les participations Françaises dans les mines de cuivre de Bor (Serbie), les plus importantes d'Europe à produire ce métal hautement stratégique. Il envisage le retour du gouvernement à Paris, où il serait plus étroitement sous regard Allemand. De juillet à décembre 1940, Laval mène une politique de collaboration active, avec le projet d'alliance avec l'Allemagne nazie évoqué ci-dessus. Des membres du gouvernement se sont inquiétés au sujet de cette alliance. Mais surtout, Laval agit trop indépendamment au goût de Pétain, jaloux de son autorité, et son impopularité auprès de la masse des Français risque à terme de rejaillir sur le régime.
Enfin, c'est le dernier parlementaire à siéger encore au gouvernement, et il déplaît aux tenants de la Révolution nationale comme vestige de la République honnie. Le 13 décembre 1940, Philippe Pétain limoge brusquement Laval, et le remplace par Flandin puis par Darlan, lequel poursuit d'ailleurs sans grand changement la politique de collaboration et renforce le caractère autoritaire du régime. Laval est brièvement arrêté, mais Otto Abetz intervient pour le libérer et l'emmène à Paris, où il vivra désormais sous la protection de l'armée Allemande. Ce limogeage n'empêche pas Pierre Laval de continuer à participer à la vie publique et politique. Le 27 août 1941, alors qu'il passait en revue le premier contingent de la Légion des Volontaires Français, LVF, sous uniforme nazi sur le point de partir pour participer à l'opération Barbarossa, Laval est victime d'un attentat à Versailles.
La cérémonie organisée à la caserne Borgnis-Desbordes, avenue de Paris, réunissait Eugène Deloncle, président du Comité central de la Légion des volontaires Français, Marcel Déat, fondateur du Rassemblement national populaire (RNP), Fernand de Brinon, délégué général du gouvernement Français dans les territoires occupés, Marc Chevallier, préfet de Seine-et-Oise et le ministre plénipotentiaire Allemand Schleier. L'auteur des cinq coups de feu est un jeune ouvrier de 21 ans, Paul Collette, ancien membre des Croix-de-feu.
Le 17 avril 1942, toujours sous la pression Allemande, Laval, qui a recouvré la santé, est nommé chef du gouvernement du régime à Vichy par le maréchal Philippe Pétain. Il déclare publiquement qu'il croit en la victoire définitive de l'Allemagne nazie et renforce encore la politique de collaboration avec l'occupant. Laval n'a jamais tenu aucun compte de l'impopularité de sa personne et du sentiment de collaboration auprès de la masse des Français, pas plus que des avertissements qui lui parvenaient de plus en plus de toutes parts. D'où, parmi tant d'autres témoignages, ce dialogue significatif avec le général Weygand, en novembre 1942, au moment où ce dernier doit quitter Vichy en raison de l'avancée des troupes allemandes dans la «zone libre» :
«Monsieur Laval, vous avez contre vous 95 % des Français. Dites plutôt 98 %, mais je ferai leur bonheur malgré eux».
Pierre Laval s'enferre ainsi sans retour dans une politique de collaboration de plus en plus coûteuse humainement et moralement pour la France, sans contrepartie. Il n'en varie pas, y compris en 1943-1944, alors que la défaite Allemande est pourtant devenue prévisible.
Laval et la persécution antisémite.
Le 27 mars 1942, trois semaines avant le retour de Laval au pouvoir, le premier convoi de déportés juifs en direction d'Auschwitz a lieu au départ de Drancy et Compiègne. Dannecker, chef de la Gestapo à Paris, prévoit la déportation dans un premier temps de tous les juifs adultes vivant en France occupée ou non occupée. Il a besoin pour cela du concours des forces de police en zone occupée et de la collaboration du gouvernement à Vichy en zone non occupée. Début juillet, selon une notice conçue par son attaché Camille Gaspard, Pierre Laval propose de livrer les juifs étrangers vivant en zone non occupée en y joignant leurs enfants, en échange de l'exemption collective des juifs de nationalité Française des deux zones.
Ses responsabilités dans la rafle parisienne du Vel'd'Hiv' du 16-17 juillet 1942 et dans celle perpétrée le 26 août 1942 en zone sud sont accablantes. Sollicité de revenir sur sa décision d'inclure dans les convois les enfants de moins de 16 ans (initialement non demandés des Allemands), notamment par le pasteur Boegner, chef des protestants de France, Laval refuse, «pas un seul de ces enfants ne doit rester en France». Le pasteur Boegner rapportera plus tard,
«Que pouvais-je obtenir d'un homme à qui les Allemands avaient fait croire, ou qui faisait semblant de croire, que les juifs emmenés de France allaient en Pologne du Sud pour y cultiver les terres de l'État juif que l'Allemagne affirmait vouloir constituer. Je lui parlais de massacre, il me répondait jardinage».
[9] Les accords de Matignon.
Le 7 juin 1936, à l'hôtel Matignon sont signés sous la Présidence du Conseil de Léon Blum, Front populaire, entre la Confédération générale de la production Française CGPF, la Confédération générale du travail CGT et l'État les accords de Matignon.
Alors que les grèves se sont étendues à tout le pays, Léon Blum a annoncé qu’il ne formerait pas le gouvernement avant la fin de la législature précédente. Pendant un mois, l’ancien gouvernement a expédié les affaires courantes. Sans attendre, Léon Blum présente un programme de réformes concrètes et plus avancées que le programme électoral. Il s’agit pour la première fois d’une négociation globale nationale. Ces discussions débouchent sur un certain nombre d’accords qui vont servir de cadre aux débats du Parlement.
Les mesures les plus importantes sont les hausses de salaires. Si elles se situent en moyenne autour de 10%, il est prévu une revalorisation particulière des très bas salaires, notamment ceux des femmes, des ouvriers les moins qualifiés. D’autre part, les salaires sont définis par des contrats collectifs. Deuxième grande question, la durée du travail. La réduction à 40 heures figurait dans le programme de la CGT, mais pas dans le programme du Front populaire. Elle est imposée par le mouvement social. Le gouvernement joue le rôle d’arbitre. Des négociations dures qui aboutissent cependant vite à des résultats substantiels.
La rencontre est importante dans l’histoire sociale, même si elle répond à un souci d’apaiser et de faire rentrer dans son lit le fleuve social qui déborde. Ce qui a le plus frappé les contemporains et le monde ouvrier, c’est sans doute la législation sur les congés payés qui, d’ailleurs, ne représentaient pas une revendication spontanée de la masse des travailleurs en grève.
Elle touchait à la dignité, à la transformation des conditions de vie des salariés qui dans leur masse n’avaient pas droit à des vacances payées, alors que d’autres catégories avaient pu l’obtenir dans le passé. Il faut ajouter l’institution de délégués ouvriers qui vont devenir des interlocuteurs du patronat. Les conditions mêmes de l’élection des délégués, ouverte aux femmes et aux ouvriers étrangers, représentent un acquis démocratique et politique considérable.
À la suite de ces accords, les ouvriers obtiennent des contrats de travail,
* les ouvriers, sans faire grève dans chaque usine, obtiennent des avantages pour toute la profession,
* les salaires sont augmentés de 7 à 15% (c'est l'inverse de la déflation les gens consomment, les usines tournent, le chômage baisse, «politique keynésienne que Sarkozy ne connait pas»),
* les ouvriers obtiennent des délégués pour les défendre, on ne peut pas les licencier sans autorisation de l'inspecteur du travail. C'est la fin des «syndicats jaunes, de droite prolétarienne opposés aux syndicats rouges communistes ou socialiste», créés par le patronat. Les salariés obtiennent la liberté d'exercice du droit syndical,
* ils obtiennent enfin par les lois du 11 et 12 juin la création de conventions collectives, la semaine de 40 heures et 15 jours de congés payés (13 jours de vacances + 2 du week-end).
Les accords de Matignon permettent certes d'accomplir de grandes avancées sociales et symbolisent pour partie le Front Populaire, ces derniers ont toutefois étaient critiqués pour avoir imprimé une certaine marque aux rapports sociaux. En effet, les accords de Matignon signent une étatisation des rapports sociaux et instaure les conventions collectives par branche comme norme de négociations salariales.
[10] Roger Salengro.
Roger Salengro est surtout connu pour son engagement dans le front populaire au coté de Léon Blum et pour les attaques de la presse en raison de son action contre les ligues dans le projet de nationalisation des gazettes d'extrême droite. Il défendu la cause ouvrière sans en tirer la reconnaissance qu'il aurait fallu.
Roger Henri Charles Salengro, est né le 30 mai 1890 à Lille et est mort le 18 novembre 1936, est un homme politique socialiste.
Étudiant à la faculté des Lettres de Lille, il adhère à la Section Française de l'Internationale Ouvrière, SFIO et fonde un groupe d'étudiants collectivistes. Militant fougueux, il n'hésite pas à porter la contradiction dans les réunions de droite. Le 2 août 1914, il est arrêté sur ordre du préfet du Nord, de même que tous les inscrits du département, contrairement aux instructions données par le ministre de l'Intérieur, Louis Malvy, de ne pas inquiéter les syndicalistes portés sur le «carnet B» pour avoir, pendant l'une de ses permissions, manifesté contre la loi des Trois Ans.
Libéré sur l'intervention de Gustave Delory conseiller général du canton de Lille-Sud-ouest, il rejoint son unité et participe aux combats d'Artois et de Champagne. Il est fait prisonnier le 7 octobre 1915. Revenu de la guerre affaibli par trois années de captivité, il se lance dans le journalisme et le militantisme. Il est alors l'un des principaux animateurs de la SFIO dans le Nord. Il est élu conseiller municipal de Lille sur la liste Gustave Delory. Il devient secrétaire administratif de la Fédération. Il succède à Gustave Delory comme maire en 1925 et est réélu en 1929 et 1935.
Député socialiste de 1928 à 1936, il devient en 1936 ministre de l'Intérieur du Front Populaire de Léon Blum. C'est lui qui annonce la signature des accords de Matignon en juin 1936[1]. On lui doit aussi la loi sur la dissolution des ligues, le 18 juin 1936.
L'affaire Salengro.
Roger Salengro est, à l'été 1936, l'objet d'une campagne de presse infamante de la part de la presse d'extrême-droite.
Tout commence le 14 juillet 1936 lorsque le quotidien de Charles Maurras, L'Action Française, publie un article non signé s'indignant que Roger Salengro puisse s'incliner devant la tombe du soldat inconnu, puis se poursuit le 21 août 1936, avec la publication par le journal d'extrême-droite Gringoire d'un article qui pose la question «Roger Salengro, ministre de l'Intérieur, a-t-il déserté le 7 octobre 1915». L'Action Française reprend et renforce les attaques les jours suivants et ses articles sont repris par d'autres journaux. Roger Salengro oppose démenti sur démenti aux accusations, mais se voit chaque fois l'objet d'une nouvelle attaque.
La campagne de presse est relayée à la Chambre des députés par le chef de file de son opposition municipale à Lille, Henri Becquart, à partir du 14 juillet 1936. Salengro ayant été coursier à vélo pendant la guerre, ses adversaires le caricaturent à l'envi sous l'aspect d'un cycliste. Il est surnommé «le rétro-pédaleur», et les «accusations» implicites d'homosexualité se veulent blessantes. On dépose même sur la tombe de sa défunte femme Léonie morte en 1935, en guise de couronne mortuaire, une roue de vélo. Bien que l'accusation de désertion ait été reconnue comme infondée des années auparavant, le soldat Salengro ayant en fait été capturé par l'ennemi, la polémique enfle durant l'été dans un pays encore marqué par la guerre contre l'Allemagne.
«Or, les faits sont :
le 7 octobre 1915, il apprend que le sergent Demailly, un de ses amis, a été tué la veille. Il décide d'aller chercher son corps derrière les lignes Allemandes par fidélité à une promesse. Son chef de section l'y autorise sous l'oeil admiratif de ses camarades. Mais il ne revient pas. Tué? Disparu? Déserté? Prisonnier de guerre, il transite par divers camps avant d'être condamné par un Conseil de guerre à deux ans d'internement en Prusse-Orientale pour avoir refusé de travailler au service de la machine de guerre Allemande. Cette captivité éprouvante atteint durablement sa santé au point qu'il ne pèse que 42 kilos à sa libération, en 1918, après un séjour médical en Suisse».
La Chambre des députés, par un vote du 13 novembre 1936, par 427 voix sur 530, soutient Roger Salengro contre les accusations de l'extrême-droite. Mais Gringoire, par la plume d'Henri Béraud, ridiculise aussitôt le ministre en le surnommant du sobriquet de «proprengros».
L'opinion publique, influencée par ces attaques à répétitions, ne retient que le soupçon.
Son suicide.
Ne supportant plus les calomnies, le ministre de l'Intérieur, fragilisé, décide de mettre fin à ses jours. En pleine inspection à Lille, sa ville natale, le 17 novembre 1936, Salengro rentre chez lui dans la soirée. Seul dans son appartement, il ouvre le robinet de la gazinière, laisse ouvert sur la table deux exemplaires du Gringoire, ainsi que deux lettres, l'une adressée à Léon Blum et l'autre à son frère. Salengro meurt dans les minutes qui suivent. Il écrit,
«S’ils n’ont pas réussi à me déshonorer, du moins porteront-ils la responsabilité de ma mort».
Le jour de ses obsèques, à Lille, «Blum y fait un de ses plus beaux discours », en accusant les journaux d'opposition de sa mort, «et la France célèbre un socialiste populaire, modeste et têtu, à l'image des héros de cet âge d'or de la gauche».
Plus d'un million deux cent mille personnes assistent aux obsèques du ministre, ce qui en fait les plus grandes funérailles nationales depuis celles de Victor Hugo.
Roger Salengro est enterré au cimetière de l'Est à Lille.
De 1936 à 1940 peu d'informations sont parues sur la Franc-maçonnerie en métropole, dans les obédiences le climat était contre la guerre et l'on portait les espoirs sur la société des nations pour résoudre le conflit qui s'annonçait.
La suite dossier 13 sera la Franc-maçonnerie de la seconde guerre mondiale à nos jours.
[b]Anido[/b],
[b]y a-t-il eu, [i]parmi ceux qui votèrent les pleins pouvoirs à Pétain, et, parmi ceux qui collaborèrent activement, dans le Gouvernement de l’État Français, à la Collaboration avec les Nazis[/i], des Franc-maçons ?
Par ailleurs, en ce qui concerne François Mitterrand, s’il l’est devenu, à partir de quelle époque a-t-il été un Franc-maçon ?
Amicalement,
Dominique[/b]