Les Français, grands râleurs devant l’Eternel, ont toujours eu tendance à diaboliser le Président sortant, lequel, une fois à la retraite, puis une fois mort, sera revalorisé. C’est ainsi que De Gaulle passa pour un tyran de son vivant, notamment aux yeux des soixante-huitards. Et maintenant qu’il est mort, il représente l’image la plus haute que l’on puisse se faire de la Grandeur de la France.

Et l’on peut en dire autant, cela va de soi –  sur un mode un peu plus mineur, certes – de MM. Pompidou, Giscard, Mitterrand et Chirac. Le talent de tous ces présidents, au moment d’exercer la présidence, sera mieux reconnu après leur passage au pouvoir que pendant.

Car l’homne est ainsi fait qu’il a tendance à abaisser le rôle et la fonction des vivants, lorsque ceux-ci sont au pouvoir,  et à revaloriser les mêmes une fois les vivants passés de vie  à trépas, politiquement parlant, ou réellement parlant.

Quant à la fonction présidentielle elle-même, il est bien évidemment plus facile de critiquer l’action d’un président que d’assumer soi-même cette fonction.

 

****

 

Quand donc les piailleurs piaillent de dépit en voyant et en écoutant le Président de la République dire ceci ou cela, ou faire ceci ou cela, ils ne s’imaginent pas toute la pression qui peut peser sur les gens qui sont sur l’avant-scène, au point qu’eux-mêmes, en pareil cas, feraient une syncope après trois jours d’un pareil traitement.

Autant  dire que n’est pas président qui veut! Pour autant, ce n’est faire injure à personne que de reconnaître que l’homme politique français de l’après guerre qui eut en plus haute estime la défense et la grandeur de la France, fut Charles de Gaulle.

 

****

 

Et il ne faut pas s’imaginer non plus que le président d’un pays va brader les intérêts du pays dont il est le premier représentant, dans les négociations internationales. En d’autres termes, ce n’est pas parce que les grands personnages de ce monde mangent tous ensemble des petits fours et boivent tous ensemble du champagne à Davos, et  dans les autres réunions internationales, que chacun ne va pas défendre bec et ongles les intérêts du pays dont il est le président ou le premier représentant. 

Ceux qui croient le contraire, s’ils avaient pu participer aux réunions des Thatcher, Kohl, Mitterand et compagnie, à l’époque ou je suivais moi-même la politique avec la plus grande attention, auraient pu constater que la hargne avec laquelle "Maggie" s’employait à défendre les intérêts du Royaume Uni, n’avait d’égal que celle du Chancelier Kohl  pour l’Allemagne, ou celle du Président Mitterand pour la France.

Si donc Mitterand était le chef des socialistes au moment des élections françaises, il était le président de tous les Français dans les cénacles internationaux. Même chose pour Kohl, Thatcher et les autres premiers représentants de leur pays.

 

****

 

Tout cela pour dire qu’un Président est parfaitement conscient qu’il a été élu pour exercer son métier de Président, aussi bien à l’échelon national qu’à l’echelon international, et non pour tenir un bazar ou  vendre des chaussettes au plus offrant. (Par parenthèse je tiens la première partie de cette phrase du film le Président, avec Jean Gabin dans le rôle du président, précisément).

Quand donc l’opinion publique considère que les politiques sont tous des pourris, ils ne le sont que parce que l’aquarium de la politique est plein de requins qui connaissent parfaitement les règles du jeu, et qu’à ce niveau là il n’existe plus, en guise de poissons, que les gros poissons, et, parmi eux, les requins.

Ces requins s’étant fait la dent depuis leur entrée dans la carrière politique, s’ils ne sont venus président qu’après vingt ou trente années d’une vie politique très chargée et très stressante, cela prouve qu’on n’entre pas dans la fonction présidentielle comme dans un moulin.

Quant aux membres de l’opposition qui tapent sur le président sortant, s’ils l’embrassaient chaque fois qu’il ouvre la bouche, ou fait ceci ou cela, on se demanderait à quoi ils servent. Et quand l’un d’entre eux sera élu président, à supposer qu’il le soit, ll va s’employer à défendre les intérêt du pays tout entier, et pas seulement ceux de son parti, dans les réunions internationales auxquelles il participe.  Ou alors, s’il ne défend que ceux de son parti, cela prouve que ce parti-là est totalitaire dans le pays.

 

****

 

Dernière remarque : si M. Sarkosy était Chancelier d’Allemagne, et Mme Merkel Présidente de la France, le premier ferait (avec des mots bien polis ou bien élevés) la loi à la seconde, au moment de fixer ce que doit être le comportement des pays de l’Union Européenne en matière de politique économique.

En d’autres termes, le poids d’un président, à l’échelon international, ne reflète pas tant la puissance de son propre blabla, que celle, bien réelle, du pays dont il est le premier représentant.

 

Bonne nuit à tous.

Claude Gétaz