Attention, sérieux s’abstenir : je ne prétends aucunement traiter de manière impartiale de la fasciathérapie, dont j’ignore à peu près tout. Vous souvenez de la coach de Carla Bruni et de Nicolas Sarkozy qui suivait de près leur activité pelvienne ? La, je lis que la fasciathérapie aborde – pour la faire sans doute toucher du doigt – la sphère pelvi-périnéale. Pourquoi pas ? Prochaine étape, le massage rectal de prostate ? « Il est vivement conseillé de participer aux deux stages » (voie interne et voie externe), et « nous laissons une place importante à l’expérimentation seule, en binôme ou en groupe », puis-je lire sur un site officiel. Petit survol nonchalant et forcément superficiel de la fascia, ou fasciapulsochaipakoi…
Je ne sais pourquoi, ma revue de presse de ce jour m’a conduit à m’intéresser à la fasciathéraphie, au yoga, et aux bienfaits de l’activité sexuelle. Pour DijonScope, et le médecin sexologue Dany Jawhari, un Bourguignon, le sexe serait une « solution bio antidépression ». Bah, pourquoi pas ?
D’autre part, après que divers articles aient dénoncé la recherche de la performance en pratique du yoga, en voici d’autres, plus récents, qui détaillent que les centres de yoga seraient de véritables foyers d’excitation des pulsions érotiques.
Ben, effectivement, le yoga était surtout tantrique, et divers exercices (dont la respiration rapide) ne peuvent nuire à la libido.
J’ai en tout cas pu constater les rapides et durables montées en température d’une adepte dans l’intimité : impressionnant.
Quel rapport avec la fasciathéraphie ? Franchement, je serais bien en mal de vous le dire. D’abord, par ce que je ne vois pas trop de quoi il en retourne. Sans doute des effleurements, attouchements et pressions prolongées sur des points névralgiques.
Ce que je sais, de source sûre (et largement autorisée, soit un psychanalyste défunt de grand renom), c’est qu’un bon barman ou une bonne serveuse, de par leur attention, valent bien nombre de thérapeutes. Mais pas en tout cas, toute condition, toute circonstance ou tout lieu. Si, en sus, elle ou il vous gâte… enfin, j’imagine.
Rue89 et la fasciathérapie
Si je vous en cause (mal et par-dessus la jambe) ce jour, c’est parce que j’ai lu que la chambre d’appel d’Angers a cassé une décision qui avait valu à Rue89 de retirer de son site un article intitulé « Face au cancer, la fasciathérapie continue de diviser à Angers ». Mon grégaire instinct confraternel ne m’empêche pas de comprendre (mais non de partager) la décision des juges de première instance. Je serais Éric Jadaud et Martine Georgin-Mège, oncologues et radiothérapeutes, je n’aurais pas du tout apprécié cet article de Nicolas de la Casinière. Pascale Jeannin, immunologue, n’a pas dû non plus apprécier que l’on fasse état de « suspicions d’abus sexuel ». C’est vrai que l’article laisse subodorer une sorte d’amalgame trop ra(p)ide. Du seul fait qu’elle se serait intéressée au shivaïsme tantrique du Cachemire, via un groupe Omalpha, la voici de nouveau assimilée à des gourous étrangers qui se seraient livrés à des pratiques en groupe. Mais ne tirons pas sur le pianiste : faites donc des articles en grand nombre, revenez me voir.
Franchement, vu de loin, et de très haut (ou bien bas, comme vous voudrez), je vois confusément et subrepticement deux aspects. D’un côté, quand vous n’allez pas bien, et surtout si vous souffrez d’un cancer, se faire tailler une petite bavette par qui vient vous maquiller ou vous masser n’est généralement pas nocif. De l’autre, si on vous incite fortement à rétribuer une prestation qui n’est pas forcément couverte totalement (ni même du tout) par un remboursement de la Sécu ou d’une mutuelle (que vous n’avez peut-être pas), cela peut vous aigrir l’humeur.
Cela étant, tant qu’une médecine douce (et cela vaut aussi pour l’homéopathie) ne prétend pas se substituer à la médecine, science aussi inexacte que l’appartenance du Dr. House au corps médical, mais se présente en adjuvant, pourquoi pas ?
Inhalations et cataplasmes, pour un simple rhume que la plupart de nos praticiens ne sont plus formés à soigner, ne me semblent pas être des automédications violentes et létales. Pour le patient, le tout est de savoir quand ne plus s’en remettre à l’adage médical : « sans consultation, une semaine, avec et une ordonnance, sept jours… ».
Tâtonner encore
D’après ce que j’ai pu comprendre, on vieillit plus en altitude qu’un peu en-dessous du niveau de la mer. De quoi alimenter des débats entre centenaires, Vaudois des alpages et Hollandais des polders. Ce que je crois toujours, c’est que le très pauvre bien portant est moins fréquent que le riche malade mais que l’effet placebo vaut pour les deux. Quel effet ? Parfois, le cynisme électrochoc mental d’un Dr House est peut-être plus bénéfique que l’écoute compatissante d’un médecin en empathie (rare). Et inversement. Je ne sais plus combien j’ai vu mourir de gens entre les meilleures mains et combien survivre entre les pires (selon les classements des hôpitaux par la presse, par exemple). Mais tout ce qui tend à prendre le patient dans sa globalité, et à le faire participer à sa thérapie, me semble, au moins à première vue, bénéfique.
De ce point de (première et superficielle) vue, la fasciathérapie, dont l’un des fondateurs, le Pr. Danis Bois, a su constater honnêtement quelques impasses, ne me semble pas si néfaste : au contraire, si le praticien ne s’illusionne pas, doute de lui-même et de sa discipline, eh bien, on peut sans doute lui faire confiance autant qu’à un autre.
Admettre l’erreur
Ce n’est pas mon domaine. Le mien, c’est l’analyse de la presse et des médias (entre autres). Traiter de la santé est plus « porteur » (en termes de revenus) que noircir de l’encre d’internet sur la politique. C’est pourtant fortement lié (et je me demande ce qu’il adviendra, sanitairement, des Grecques et des Grecs… et pas qu’en raison de causes liées à l’accès aux soins, aux médicaments). Bon, d’ac’, redire que tout est dans tout et inversement ne fait guère avancer le schmilblick.
Permettez-moi cependant de conclure qu’une revue médicale s’intitulant Réciprocités (consultable gratuitement) ne peut être foncièrement mauvaise. Je peux me tromper, Nicolas de la Casinière peut s’être trompé en rédigeant son article, les magistrats angevins aussi (ceux de première instance ou ceux d’appels), tout comme de nombreux médecins peuvent se gourer. Au moins, sachons tous le reconnaître. Ce qu’il y a de bien, avec la presse en ligne, c’est que les commentaires permettent de rectifier un peu le tir (voir ceux de l’article en question, lien supra).
Et si mon « tir » est maladroit, merci de rectifier.