La disgrâce

 La vie est comme une grande roue, elle tourne inlassablement en nous laissant souvent au dépourvu. Un jour, on est en haut, tout sourit, les lumières, les sollicitations, etc. Puis un autre, c’est la chute, la débandade, les méandres et l’oubli.

Je me rappelle encore de cette femme, menue, grande bouche sur petit corps en tailleur de chez Dior, au côté du président, alors qu’il venait de se faire élire. Cette femme proche du pouvoir, faisant même partie du cabinet privilégié de Nicolas Sarkozy.  

Comme pour beaucoup, il s’en est servi. Des kleenex à usage unique, on s’en sert, on les garde en poche jusqu’au jour où il tombe en lambeau et, ne nous servant plus à rien, il passe à la poubelle. J’en aurais presque les larmes aux yeux. 

La disgrâce ça doit être affreux, un peu comme quelqu’un qui a vu qui deviendrait aveugle. Il connait la beauté des choses mais dorénavant, il ne les verra plus. Il ne gardera avec lui que les souvenirs embellis de ce joli passé.

Devant des parlementaires UMP, Sarkozy, lors d’une conférence sur les perspectives économiques de la France, sur son entrée en campagne et sur le projet pour 2012, n’a pas pu s’empêcher de parler de Rachida Dati.

Rachida la paria, rejetée, pour vouloir guerroyer avec François Fillon la mairie du VIIème arrondissement de Paris. Une épine dans le pied en talonnette de Sarkozy, une « folle »(je cite ses mots) dont « il faut régler le problème ». De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas.

Rachida n’est pas la seule à subir cette infortune, Rama Yade connait le même sort. Les deux femmes étaient portant portée aux nues par le candidat Nicolas en 2007, elles étaient vues comme « les icônes de la diversité ». Promues à un grand avenir politique, elles se sont senties pousser des ailes. « Etre une femme libéré, tu sais, c’est pas si facile » chantait Cookie Dingler, cette phrase à une résonance même en politique.

A force de trop vouloir se faire remarquer, la sentence présidentielle fut terrible. Elle les a étouffé, mis au ban, les classant personna non grata.  Femmes bafouées, elles n’en démordent pas, quitte à tout perdre, elles n’hésitent pas à se lancer en campagne contre des candidats portant l’étiquette Sarkozy.

La sécession ne se fait jamais sans mal, toute l’arrière garde sarkozienne, tels des pitbulls enragés nourris aux yaourts depuis deux semaines, s’est lancée sur elles. Super Nadine Morano, qui pourrait donner ses deux reins pour la survie du président, c’est vous dire son attachement, lui a conseillé de façon détournée de partir loin de Paris et de retourner à Chalon, sa ville natale. Bernard Debré, le médecin député UMP qui passe plus de temps sur les plateaux télé que dans les couloirs des hôpitaux, l’a carrément traité de « petite fille gâtée »et lui reproche son manque de reconnaissance.

Le summum de la guerre fratricide intervient avec le parachutage de Fillon sur sa route. Les insultes fusent, les coups bas aussi et le tout avec un pointe de misogynie. Entre les deux, c’est deux mondes qui s’opposent, une femme contre un homme, la citadine contre le rural, l’affichage du luxe contre l’austérité.


On nous présente toujours la Gauche comme divisée et où les notables se crêpent le chignon mais finalement on se rend compte qu’à Droite, cela n’est pas mieux. Le fait de traiter de « folle », celle qu’il sacralisait haut et fort comme exemple pour les minorités, montre bien que Sarkozy a fait une croix dessus. Voir la « pauvre »Rachida dans cet état, lui donnerait presque une image sympathique.  Courage, la roue de la Fortune tourne, quand on est en bas, on ne peut que remonter… ou pas.

2 réflexions sur « La disgrâce »

  1. [b]Sauf que Rama Yade est dans un parti (et courant de pensée) et Rachida Dati sans appareil politique (toute seule)[/b]

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