En pleine force de ses moyens, en 1934, Dali part pour les Etats-Unis. Il doit assister à une exposition consacrée à ses toiles. Son art si particulier si kafkaïen plait aux américains qui ne connaissent pas encore le surréalisme. Fort de ce succès, il accroît sa renommée. Briller aux USA, c’est un formidable tremplin pour conquérir le monde. La famille royale anglaise en la personne de Edward James, dont le parrain n’est autre que le roi, devient son mécène et lui rachète tout son stock.

 

Quand la guerre d’Espagne explose en 1936, Dali et son épouse fuit le pays pour voyager en Europe. Leurs pérégrinations les mènent en Italie, étape très importante qui lui permet de phagocyter les arcanes artistiques de la Renaissance italienne. Sur place, il puise dans le paysage italien pour peindre l’Espagne. A Londres, il fait la rencontre d’un de ses maîtres à penser, Freud avec qui il échange longuement sur la psychanalyse, ossature de sa façon de penser.

 

En 1939, le monde sombre dans le chaos, cela s’en ressent dans ses tableaux. La guerre fait naître des monstres, Prémonition de la guerre civile, la Girafe en feu, c’est selon lui une catastrophe naturelle dénuée de toute raison politique. L’Europe devient le champ de déferlement de haine, il en profite pour retourner aux Etats-Unis, où il est désormais connu comme Mister Surrealism. Il fait la couverture des magazines et rencontre les réalisateurs et les acteurs dans le vent. De 1939 à 1947, il réside à New York avec son épouse. Les plus beaux pépins de la Grosse Pomme l’invitent, sollicitent ses services pour peindre des portraits et les metteurs en scène lui demandent son avis tout en souhaitant qu’il réalise leurs décors, comme Alfred Hitchcock. Il rencontre Walt Disney, commencent à travailler ensemble et finissent par se séparer car les deux hommes ont des idées divergentes. Les premières ébauches du projet intitulé Destino seront montrées pour la première fois en 2003. Ses huiles sont présentées dans les foires d’arts à travers tout le pays et se vendent bien. Assez pour se constituer un joli pécule. Dali commence à vivre pleinement de son talent. 

 

Lors de cette période, Dali se consacre à l’écriture, déjà aguerri depuis son adolescence lorsqu’il composa des poèmes, il affûte sa plume pour rédiger son autobiographie,  La Vie secrète de Savador Dalí, un titre alléchant qui promet plein de révélations. Il compose également des analyses d’oeuvres d’art afin les rendre plus intelligibles pour le grand public. Il illustre les éditions anglophones de grands classiques tels que Don Quichotte ou les essais de Michel de Montaigne. Ce séjour américain sera une période vaste de sa vie, il engrange beaucoup d’argent en dépit de l’art créatif, il se prête au jeu de la société de consommation, quoi de plus normal au pays de l’oncle Sam. 

 

 En 1949, il revient en Catalogne avec des conséquence sur son art. Il gagne en maestria et multiplie les excursions dans les arts connexes à la peinture. Il ne se cantonne plus de peindre sur des toiles mais la transpose par la projection et l’holographie. Il est également curieux des progrès scientifiques et s’intéresse aux recherches sur l’ADN. La religion devient une question préoccupante, il souhaite cultiver sa foi et pour se faire, sollicite une rencontre avec le pape Pie XII. Il se met à peindre des scènes de la Divine Comédie, à distiller des éléments religieux de façon déguisée, exepté dans les titres faisant écho à des passages de la Bible. Par exemple, la corne de rhinocéros signifie la virginité de Marie


Dans les années 1960, Gala vieillit et n’est plus une muse adéquate, comme si la source d’inspiration de l’auteur s’était tarie. Le couple commence à se séparer et Salvador s’abreuve de son nouvel oasis, Amanda Lear. Avec sa fortune, il devient propriétaire du château de Púbol qu’il rénove à sa manière et où s’installera la Fondation Gala-Salvador Dalí. Il se lance dans un nouveau projet : le théâtre-musée. Un bébé énergivore qui le mobilise jusqu’aux années 1980. L’emplacement choisi pour l’accueillir sont les ruines de l’ancien théâtre de Figueres. En 1980, Parkinson et sa maladie prive Dali de sa capacité d’expression artistique. Sa santé s’affaiblie de jour en jour. Dans les dernières années de sa vie, Salvador Dali se retire dans son théâtre-musée où il demeurera à jamais après son décès à 84 ans, en 1989. 


Le style Dali c’est un soupçon de classicisme (Raphael, Vermeer, Velazquez) mêlé à un esprit avant-gardiste et ahurissant. Un touche à tout, sculpture, littérature, mode, photo, cinéma, mobilier, architecture, tous les supports sont bons pour modeler le fruit des élucubrations imaginées au plus profond de soi. Plusieurs thèmes récurrents reviennent dans ses oeuvres. La Nature représentée par des paysages, des roches, des étendues désertiques, des animaux ( fourmis, chauve souris, éléphant, rhinocéros, mouches, oursins etc.) et des cadavres. Car la Mort est un passage obligatoire de toute vie, il va  mettre en couleur la décomposition d’êtres qui vivaient jadis et de nombreuses crucifixions. Puis on trouve la Boulangerie, pains et oeufs ne sont pas rares, l’Erotisme avec des dos et des fesses de femmes, l’Amour avec la création d’un alphabet aux caractères non définis et l’Handicap avec des béquilles molles. Une représentation freudienne de la crainte de ne pas pouvoir donner de plaisir aux femmes

 

Comme un gamin turbulent, il se fit remarquer pour son caractère fantasque. On lui a accolé une image d’amuseur public, un peu comme si ses élucubrations avaient jeté un voile sur son brio. Car avant tout Dali, c’était un homme qui a voulu sans cesse égaler les maîtres de la peinture aux prix d’un travail acharné. Dali était un esprit libre, sans frontière, s’asseyant sur les principes et les rigidité des canons de l’Art, goûtant à tous les domaine avec un grande fascination pour son époque, ne se souciant nullement de la politique. Il ne voyait dans le monde, qu’un champ culturel dont il est appréciable de dépeindre sous toutes les formes possibles. Dali avait tout compris de son époque et de la façon dont fonctionnait les médias, il a su les manipuler pour se construire une image d’artiste star