« J’aime pas la politique mais je sais comment ça marche. » a déclaré Serge Charnay en descendant de la grue qu’il squattait depuis plusieurs jours. Eh oui, il a tout compris mais il ouvre la porte à d’autres « désespérés » qui voudront qu’on s’occupe de leur cas. En disant cela il met le doigt sur un mal bien d’aujourd’hui : la dictature de l’émotion. Le pauvre chômeur en fin de droit qui s’est immolé devant Pôle Emploi a-t-il réglé le problème des demandeurs d’emploi sans ressources ? Je ne crois pas.
Imaginez que toutes les personnes qui pensent être victimes d’une injustice prennent la route de Nantes pour faire un coup d’éclat. Passer à la télévision pour se faire entendre, ça fait gagner du temps.
Les chaînes d’information continue foncent, évidemment, toujours avides de sensation, comme un seul homme sans se demander si le juge n’avait pas eu quelques raisons de priver ce papa de ses droits de visite. Tout de suite, on en a fait une victime injustement privé de ses droits. Or on sait aujourd’hui que ce chevalier blanc de la cause des « papas en colère » n’avait même pas fait le nécessaire auprès de la justice pour défendre ses droits. Il a préféré le spectaculaire à une action en justice.
Et le pire c’est que ça marche, les ministres concernées ont été priées de recevoir les associations de défenses des droits des pères. Nul ne doute que certains d’entre eux ont été injustement privés de voir leurs enfants, mais il n’est pas normal d’attendre un coup d’éclat abondamment médiatisé pour traiter un problème. Sarkozy nous avait habitué à ses prises de position au gré des faits divers, « à chaque incident une loi ». Raison de plus pour ne pas l’imiter, le changement c’est aussi ça !
Daniel Balavoine nous avait écrit une belle chanson sur le sujet et on voit qu’il n’y a rien de nouveau depuis 1980. Et je ne pense pas que quelques forcenés en plus ou en moins feront évoluer ce problème.
je ne sais pas…. sauf pour la culture de l’émotion…et les médias qui se jettent dessus…
Pour les personnes qui s’immolent devant pole emploi, je suppose que ces personnes étaient au bout, au bout du bout, et qu’une déception supplémentaire a fait tout basculer…
pour ce père… il prouve là une attitude excessive, impulsive, (de là à dire irréfléchie) qui ne joue pas en sa faveur, sauf que maintenant, c’est médiatisé…
et ça déjà des émules: un papa a fait une action un peu similaire dans le Doubs…
[url]http://www.estrepublicain.fr/actualite/2013/02/19/le-sos-papa-d-un-agriculteur-de-cendrey[/url]
Article bien dans le ton, et bien vu… hélas ! C’est un des maux de note siècle…
Partiellement d’accord avec cet article.La dictature de l’émotion est le fait des médias car pour l’affaire de Charles Charnay, ce monsieur a bien « préparé » son coup, à quelques jours de la discussion d’un loi sur la garde alternée et en s’inspirant directement d’un mouvement canadien qui faisait du « happening » sur les ponts suspendus.Tout sauf de l’improvisation!
Pour l’immolation devant pôle emploi, en revanche, il s’agit d’un acte désespéré, que je ne rangerais pas dans la même catégorie.
Mais tout à fait d’accord avec la suite de votre article, à savoir le fait que les politiques se plient à la médiatisation des problèmes!
Mon propos est aussi de dire que tous ces actes spectaculaires ne font pas réellement changer les choses. On attire l’attention sur un problème un moment et puis on oublie.
[i]… À savoir le fait que les politiques se plient à la médiatisation des problèmes ! [/i] Je dirai même qu’ils font du suivisme, [b] siempre [/b], et réagisse dans l’urgence sans distinctions hiérarchiques des événements !
Bien sûr! Le fait de « coller » à l’événementiel est le contraire d’un travail de fond qui viserait à améliorer les choses!
Cent pour cent d’accord avec la dénonciation de cette dictature, dénoncée au début des années 1960 par G Debord.