"La dernière leçon", adaptation par Pascale Pouzadoux du roman autobiographique de Nöelle Chatelet revient sur ce thème brûlant qu’est le droit à mourir dans la dignité. Soeur de Lionel Jospin, l’auteur y témoigne de son expérience personnelle : le jour de l’anniversaire de ses 92 ans, sa mère annonce à la famille les modalités et le calendrier pour clore en beauté le dernier chapitre de son passage sur terre. Un projet de longue date mûrement réfléchi que Madeleine, (Marthe Villalonga) pas vraiment diminuée, refuse de négocier avec ses proches malgré leurs supplications. 

Bon gré, mal gré, le compte à rebours de la mort annoncée est ainsi enclenché. C’est donc pour tous une course contre la montre, sous le signe des déchirements familiaux et pour cause : le sujet est éminemment clivant  au sein d’une même famille ! Opposée à la décision de sa mère, Diane, (Sandrine Bonnaire) tente de l’en dissuader. Arguments contre arguments et on finit par assister à ce lent processus menant du refus à l’acceptation de la mort programmée d’un être cher : paradoxalement, alors que l’interdépendance entre mère et fille s’est inversée,  c’est la première désormais maternée par la seconde qui réussit à familiariser l’autre avec l’idée de sa mort imminente. La fille échouera quant à elle à aider sa mère à apprivoiser la vieillesse. 

Le film militant pour ce droit à mourir quand on veut , où on veut, ne peut que verser dans le sentimentalisme dans la seconde partie. En effet, une fois que la fille a cautionné le projet de sa mère, on assiste à ces scènes fusionnelles d’une grande intensité où se mêlent éclats de rires et larmes refoulées. Le fils Pierre, (Antoine Duléry), qui refuse lui d’adhérer à cette "bien-pensance" est presque cloué au pilori à travers l’éloquence de sa manière butée de réagir…

Film bouleversant porté par l’excellente Sandrine Bonnaire sans oublier la prestation de Marthe Villalonga ; ce drame en dit long sur les conséquences de la faillite spirituelle, religieuse dans laquelle a sombré la société. Que l’on soit pour ou contre le message infiniment triste du film, on en sort la gorge nouée. A chaque logiciel mental, sa propre approche cloisonnée de la vie, de la mort. Faut-il pour autant banaliser ce type de démarche jusqu’à voir proliférer les Bonnemaison peu enclins à s’encombrer de considérations de tous genres avant de vider une seringue, d’arrêter une machine. Voire pire… 

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