La dérive autoritaire du gouvernement espagnol









« No pasaran ! » scandaient haut et fort les républicains pendant la guerre civile espagnole en 1936. Un cri du cœur pour lutter contre l’entrée des franquistes dans les rues de Madrid assiégée. Une forme de protestation pour défendre le pays, démocrate et libre, face aux troupes du général autoritaire et liberticide. Malheureusement, l’Histoire a donné raison aux armées de Franco et l’Espagne a plongé durant des décennies dans l’obscurantisme. A sa mort, progressivement, années après années, le pays s’est reconstruit, le pouvoir royal aidant pour beaucoup, les ibères avaient trouvé un nouveau guide. Mais voilà, l’Europe a été balayée par de nombreuses crises, le monarque s’est laissé séduire par les affres du pouvoir et la dilapidation des deniers publics dans un état exsangue, si bien que des nouveaux réactionnaires ont réussi à s’infiltrer dans la brèche. Aujourd’hui l’Espagne a peur de reculer, de perdre ses acquis et il y a de quoi.

 

Le plus bel exemple de ce bond en arrière est la loi de « protection de sécurité citoyenne » ou loi Fernandez Diaz, du nom du ministre de l’Intérieur, ayant pour but de remplacer celle de 1992. Présentée en novembre dernier en Conseil des Ministres, le gouvernement Rajoy s’évertue de plus en plus à à rendre condamnable tout agissement susceptible d’être interprété comme un geste antipatriotique. Devant un tel projet, les juristes espagnols se sont soulevés critiquant son aspect anticonstitutionnel. Ainsi que des membres des instances européennes, choqués qu’un pays démocratique puisse adopter ce genre de mesures autoritaires. En outre, ce qui pose problème, c’est le fait que la majorité à l’Assemblée, portant la même étiquette politique que celle du gouvernement, votera certainement pour ces restrictions liberticides.

 

Concrètement, ce sont 55 articles punissant par des amendes 31 types d’infraction divisés en 3 catégories : tout d’abord les légères, dont les pénalités vont de 100€ à 1000€, puis les graves, de 1001€ à 30,000€ et finalement, les très graves de 30,001€ à 600,000€.

 

Voici quelques exemples de délits, si vous diffusez des images portant atteinte aux forces de l’ordre, ce sera 10,000€, se réunir pacifiquement, certes sans autorisation, autour des bâtiments publics comme le Sénat ou l’Assemblée, ou bien, juste avoir l’idée de se rassembler en créant un évènement Facebook, filmer un policier en service, refuser de décliner son identité, manifester le visage couvert ou porter atteinte envers le drapeau et là ce sera 30,000 € !

 

Imaginons que nous sommes pris en train de faire un de ces « crimes » envers la nation, on refuse la punition, et bien il faudra alors de nouveau ouvrir le porte-monnaie pour profiter d’un recours au tribunal contentieux-administratif afin de régler la jolie « taxe judiciaire ». Petite victoire, dans ce désastre républicain, l’opposition menée par des parlementaires, des juristes et des citoyens, a réussi à reléguer au stade inférieur des entorses très graves en graves.

 

Dans le fond, cette loi est faite pour supprimer aux espagnols le droit de pouvoir manifester alors que paradoxalement, tout se passe généralement très bien, sans heurt ni violence. Ce n’est qu’une pierre de plus de l’ébranlement de l’édifice social où l’on compte déjà la privatisation des théâtre, les licenciements massifs, les expropriations des petites gens qui ne peuvent plus payer leur bail, le renforcement vis à vis de l’avortement ou encore les salaires revus à la baisse. Toutefois, petite bizarrerie dans toutes ces restrictions libérales, l’apologie du franquisme n’est pas plus incriminée. 

4 réflexions sur « La dérive autoritaire du gouvernement espagnol »

  1. Comment peut-on imaginer que des gens sains d’esprit puissent imaginer des lois semblables ? bien sûr! je n’y avais pas songé: ce doivent être des cerveaux malades qui occupent les crânes de ces « représentants du peuple »
    Ceci dit, pour certaines lois en France sur d’autres sujets « on » peut aussi se poser la même question, mais ici on pourrait parler de doux dingues, alors qu’en Espagne ce sont des fous furieux.

  2. L’histoire n’a pas donné raison aux Franquiste. Elle a vu la victoire des Franquistes, ce qui n’est pas le même chose.

    Il convient tout de même de rappeler certains faits, notamment le soutien caché de la France à Franco, qui a contribué, au moins autant que l’Allemagne et l’Italie, à la liquidation de la république Espagnole.
    Point principal de ce soutien : l’or de la république Espagnole, confiée à la banque de France, n’a jamais été restitué aux Espagnols. En 1939, il a été remis à l’Allemagne comme paiement des frais engagés au cours de la guerre d’Espagne.
    Seul soutien au peuple Espagnol : la lointaine URSS et les volontaires des brigades internationales.

    Quand à la fin de Franco, il faut rappeler qu’avant qu’il ne crève, il était prévu qu’une autre raclure, un certain Luis Carrero Blanco lui succède. Fort heureusement, l’ETA a choisi le meilleur moment pour le faire sauter. Sans cela, le régime fasciste serait peut-être encore en place.

    Une fois encore, les bruits de bottes des éléments fascistes, massivement financés par le grand capital, se font entendre en Europe. Les soi-disantes démocraties ne font rien, les politiques au pouvoir qui se réclament de valeurs démocratiques ne font rien. Non seulement cette tentative de liquidation de la démocratie en Espagne n’est pas médiatisée, mais en plus, les autres gouvernements Européens ne protestent pas, ou alors de manière symbolique.
    Une république Française démocratique devrait considérer que ces lois, dans un pays frontalier, constituent une menace contre notre pays.

  3. fascisme : « Tout dans l’État, rien hors de l’État et rien contre l’État » (Mussolini)

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