Tout un chacun n'a que ce mot à la bouche : la "crise" par ici, la "crise" par là… Avec toutes les questions que ces cinq petites lettres appellent : Faut-il retirer ses économies de sa banque se demande-t-on, va-t-on connaître une crise sévère, comparable à l'Argentine ou à la crise de 1929, de triste mémoire? Va-t-on perdre nos emplois, nous prolétariser, chacun tour à tour? Comment sera demain? Et il faut bien l'avouer, le sujet est inévitable, personne ne semble pouvoir y échapper.

Toutes ces questions ne trouvent pas de réponse précise pour le moment, mais une chose est sûre : la crise est pour l'instant bien commode à certains. Elle fait fonctionner les journaux, qui trouvent là matière à se relever de leur crise personnelle, au risque de l'alimenter, elle permet de licencier sans avoir à donner de trop longues explications et sert même l'Etat, que l'on croyait au bord du gouffre, lui qui se révélait incapable de renflouer les caisses de sécurité sociale, mais qui trouve des ressources pour renflouer celles d'une banque en déficit…
 
Dans un avenir proche, son évocation sera sans doute encore plus commode, notamment lorsqu'il faudra expliquer aux contribuables que les impôts augmentent, en proportion, bien sûr, des sommes distribuées pour les banques, qu'il fallait bien aider… sans leur demander leur avis, contrairement à ce qui s'est passé aux Etats-Unis à travers des élus et sans doute aussi avec un petit coup de pouce pour l'Etat français, mais sans trop le dire… Exit, le pouvoir d'achat!
 
D'ailleurs, même sans crise, le contribuable moyen devra déjà sortir de l'argent de sa poche, l'Etat ayant déjà imaginé, pour le trou abyssal de la sécurité sociale, de demander aux mutuelles de santé de mettre la main à la poche, ce qui sera, n'en doutons pas, une façon de le taxer à nouveau, par mutuelle interposée, au delà des différentes taxes, imaginées chacun de ces derniers mois à son intention.
 
Aussi l'aide de l'Etat est-elle demandée par plusieurs acteurs publics, notamment dans le secteur de l'immobilier, le but étant de ne pas laisser se produire une chute brutale du marché, dommageable aux propriétaires. C'est aussi l'occasion d'apprendre, pour ceux qui en douteraient, que ce marché est surévalué et que nous aurons, un peu à la façon des "subprimes", une autre crise dans la crise  , pour les propriétaires français, à l'occasion des prêt-relaie, tout en sachant que l'aide de l'Etat, c'est tout simplement la main dans la poche des contribuables, à nouveau.
 
Si la crise effraye, à plus ou moins juste titre, la situation initiale n'est pas "rose" pour autant. Déjà, récemment, des sondages nous apprenaient que le pouvoir d'achat stagne, voire qu'il baisse, à travers des chiffres que n'importe qui contesterait, en comparant un caddie mal abondant et sa facture, plus élevée que les mois précédents et bien au-delà du pourcentage présenté. Déjà un sondage nous annonçait que 39 % des français renoncent à se soigner aussitôt que nécessaire, reportant des soins lorsqu'ils ne les annulent pas, notamment auprès des spécialistes, concernant par exemple les soins dentaires, qui ne sont qu'un exemple.
 
Dans de trop nombreux cas, c'est la spéculation, accompagnée de la possibilité de contracter des crédits bancaires qui permet des prix élevées. L'essence, la nourriture, tout passe par des spéculateurs et c'est bien cette spéculation, sur les crédits aux particuliers, sur la nourriture, sur les prix immobiliers, etc, qui ont provoqué cette crise, en plus du déséquilibre mondial entre les salaires et les monnaies, s'ajoutant au libre échange, lequel a permis à l'Union européenne d'abolir les frontières douanières plus que partout ailleurs. Le sujet est sensible et ne saurait être trop développé par les pouvoirs publics.

 Il faut sauver ce qui reste de cette économie, la valeur de la monnaie est, dit-on, à ce prix. Aussi le contribuable a-t-il tout intérêt à s'y investir. Peut-être est-ce vrai, peut-être sommes nous au bord de l'effondrement et peut-être soutiendrons-nous à bout de bras une économie mise à mal par les spéculateurs, mais cela ne saurait résoudre les vrais problèmes qui nous sont posés. En effet, les premières propositions (réinjecter) consistent à répondre aux effets mais pas aux causes premières.

Si l'immobilier est soutenu par l'Etat, donc le contribuable, alors le marché de l'immobilier restera artificiellement surévalué comme il l'est aujourd'hui et à la merci des spéculateurs et des stratégies bancaires. Si nous sauvons les banques, avec l'argent public, alors aucune raison ne justifiera un changement de comportement de leur part. Peut-être, dans ce cas de figure, raisonnons-nous faussement, comme il en est de notre sécurité sociale, que nous voulons sauver de toutes nos forces, sans nous rendre compte de ses défauts structurels et inhérents à elle-même. Elle coule, mais nous ne faisons que réinjecter de l'argent, sans nous demander la raison de son naufrage, par idéologie, nous rendant à peine compte de ce qu'elle nous coûte, et de son manque d'efficacité de plus en plus marqué à travers les nombreux plans inefficaces de ces dernières années.

Mais la question reste posée : et si en sauvant un système capitaliste efficace, mais dans sa version dévoyée et servie par des intermédiaires boiteux et presque crapuleux, nous ne faisions qu'alimenter cette crise, pour une longue échéance? Si nous nous soviétisions? Devons nous sauver les banques? Est-ce nécessaire? N'est-il pas sain que les canards boiteux de notre système payent les conséquences de leur attitude? Et si plutôt qu'une crise, rude, mais courte, nous servions les intérêt d'une crise longue, mais plus rude encore, en intervenant parce qu'étant mal dirigés?

Peut-être alors nous souviendrons-nous de Winston churchill, qui au lendemain des accords de Munich déclarait "Vous vouliez la paix, vous vouliez sauver l'honneur: vous aurez la guerre et le déshonneur!". Plus tard le même homme déclarait, "je vous promets du sang, de la sueur et des larmes"… Peut-être devrions nous nous en inspirer, songer à consommer mieux, différemment, en nous re-concentrant sur les hommes et sur leurs besoins, tout en tenant compte, au-delà de la valeur de l'argent, de celui de la valeur de la vie humaine et de son travail.

 

Une vidéo de crise, pour rester dans l'ambiance

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