Entre Narbonne, Armissan, Vinassan, Fleury d’Aude, Gruis­san et la mer Méditerranée, le karst de la Clape est une ancienne île rattachée au continent, vers le XIV° siècle, consécutivement à l’ac­cumulation des dépôts alluvionnaires de l’Aude au cours de la pé­riode Quaternaire. Ses roches sont essentiellement sédimentaires : calcaires urgoniens du Crétacé inférieur et marnes. Long de 17 km et large de 8 km environ, le massif couvre 13.500 ha dont 7.500 sont protégés et 600 classés par le Conservatoire du Littoral.

 

 

Entre Narbonne, Armissan, Vinassan, Fleury d’Aude, Gruis­san et la mer Méditerranée, le karst de la Clape est une ancienne île rattachée au continent, vers le XIV° siècle, consécutivement à l’ac­cumulation des dépôts alluvionnaires de l’Aude au cours de la pé­riode Quaternaire. Ses roches sont essentiellement sédimentaires : calcaires urgoniens du Crétacé inférieur et marnes. Long de 17 km et large de 8 km environ, le massif couvre 13.500 ha dont 7.500 sont protégés et 600 classés par le Conservatoire du Littoral.

 

A l’image de son point culminant, le Pech Redon, 214 mètres, ses sommets, très érodés, mêlent plateaux de garrigue, versants boisés de pins d’Alep, falaises abruptes, éboulis et cavités accueillant une flore et une faune remarquables. Au différent, ses combes et ses vallons, aux sols de terre rouge, se parent d’un manteau de vignes souligné par des liserets de murets en pierres sèches et ponctué de quelques domaines viticoles .

 

Le Massif de la Clape, un site protégé et classé.

 

 

Île au temps où l’étang de Bages-Sigean n’était qu’une baie marine, le Massif karstique de la Clape est réputé pour la qualité de ses paysages. Ses falaises et ses espaces boisés, hébergeant une flore, et une faune particulièrement riches et originales, en font un point fort du littoral. Les sauterelles « Magicienne dentelée », les libellules « Cordulie à corps fin », les papillons « Diane » et « Proserpine », les renards, les lièvres, les blaireaux, les sangliers… mais aussi les aigles, les cigognes, les Grands Ducs et les Faucons « crécerelle » y côtoient l’endémique Centaurée Corymbosa, le myrte, le « sourire de Venus » des achillées mille-feuilles, l’orchis mâle et autre fumeterre…

3.000 heures d’ensoleillement, une température moyenne annuelle de 14° et des pluies faibles, irrégulières et brutales cadencent la valse des saisons agricoles intimement liées à la viticulture. Et, même si les touristes s’en plaignent, pas les vignerons, le massif de la Clape est battu, en alternance, par le Cers(1), vent du nord-ouest, violent, très sec et chaud, et par la Marinade(2), vent de sud apportant un ciel gris chargé d’embruns salés. L’un purifie l’atmosphère, le second favorise la maturation des raisins, surtout la nuit. Ainsi soumis aux vicissitudes d’un microclimat exigeant qui en fait toute son originalité et sa richesse, son milieu reste pourtant fragile et, en 1973, il a nécessité protection et classement.

 

Le Massif de la Clape, un site étrange et envoûtant.

 

 

Parfums sucrés d’une flore méditerranéenne aux douces et suaves senteurs, odyssée dans les couleurs, lumières vives et chant cymbalien reposant des cigales, au fil des millénaires, le Massif de la Clape garde son insularité antique. Pénétrer son espace alogique et obnubilant, ses lieux étranges et envoûtants où l’homme moderne retrouve, à chacun de ses pas, la trace de ses lointains ancêtres, c’est aborder un univers particulier et subliminal.

Terre d’asile, de refuge ou d’élection, antre des aigrefins, repaire des corsaires et des forbans, et vigie incontournable pour les marins phéniciens, mycéniens et grecs, le Massif la Clape fut habité dès le début de la Préhistoire. Des grottes-ossuraires y témoignent d’une occupation humaine du paléolithique moyen au néolithique final et des vestiges de villages néolithiques se dissimulent, entre bosquets et arbustes, dans sa garrigue.

 

2.000 ans de savoir faire : Le Massif de la Clape conserve l’éclatante typicité de ses terroirs et de l’étonnante qualité de ses vins.

 

 

Il y a 2,000ans, les Romains choisirent la Massif de la Clape, site privilégié et sain en bord de mer, pour s’installer dans de somptueuses villas et y cultiver la vigne et l’olivier, ce furent les Phéni­ciens, les Mycéniens, les Hellènes et les Grecs, peuples de marins et de commerçants, qui, les premiers, lui octroyèrent ses lettres de noblesse. En effet, les premiers vignobles y sont attestés depuis le I° millénaire avant J.C. Et les Élysides, peuplade autochtone du Narbonnais négociaient leur production de vins, au VI° siècle avant J.C, avec les bateaux grecs accostant dans les criques de la « Lykia(3) ».

Sur ces mêmes emplacements se dressent, de nos jours, les seules habitations du massif, les domaines viticoles érigés en châteaux, en domaines et même en abbayes. Elles perpétuent la tradition et, en référence aux seuls romains, plus de 2.000 ans de savoir faire, les vignerons de la Clape, au I° siècle avant J.C., ayant bénéficié, les premiers, du privilège de plantation que le Sénat réserva aux citoyens romains de Narbonne. Son nectar légendaire bénéficiait déjà d’une grande notoriété et s’exportait dans tout l’empire.

 

Des sites naturels remarquables font le renom du Massif de la Clape.

 

 

Vignes et oliveraies, plateaux de garrigue et vallées boisées, pechs et combes, intimement mêlés dans un relief tourmenté, falaises et éboulis, avens et grottes, ruines romaines, monuments cultuels et sites naturels remarquables font le renom de cette ancienne île.

Une majorité de guides de voyage, dans un style littéraire télégraphique qui leur est propre, évoque le Massif de la Clape comme très intéressant au point de vue de la faune, de la flore et de ses vignobles. Ils énumèrent, pour Gruissan, les lieux à ne pas manquer : « Sur les rochers de la Clape, pittoresquement déchiquetés, le point culminant, le Coffre du Pech Redon, 214 mètres, belle vue. Cimetière marin de Notre Dame des Ausils où l’on se rend en procession le jour de Pentecôte. Grotte de la Crousade où on été découverts des silex taillés et des ossements des âges préhistoriques… »

 

 

Le chemin pentu qui mène à la chapelle Notre Dame des Auzils, édifiée en 1634, est bordé de cénotaphes érigés en 1860 à la mémoire des marins gruissanais morts en mer. Chaque lundi de Pâques, les pèlerins gravissent l’allée des naufragés et déposent un brin de laurier au pied des stèles avant d’aller se recueillir dans la petite chapelle. Le gouffre de l’Œil Doux fait, lui, partie de ces lieux magiques et inattendus sis au beau milieu du massif de la clape, en pleine garrigue, ou rien ne laisse présager de trouver un endroit pareil. Un site bien particulier, si vous écoutez la population locale, c’est un endroit plein de mystère entouré d’histoires énigmatiques.

 

Raymond Matabosch

 

 

Notes.

 

(1) Le Cers : La tramontane locale en narbonnais, ici on dit aussi « le nord », vent d’ouest ou nord-ouest, souffle environ 200 jours par an à plus de 20 noeuds. Froid et porteur de pluie en hiver, chaud et sec en été, il dégage généralement bien le ciel du littoral au printemps.

(2) La Marinade : ou vent Marin, de secteur sud, sud-est à sud-ouest, souffle sur le golfe du Lion et la Provence. Humide et doux, il est accompagné de pluies et lève une mer forte. Le marin est associé à l’arrivée du front chaud d’une dépression sur la région.

(3) Lykia : la Lycie, pour les navigateurs phéniciens, l’Insula Laci des Romains, l’île d’Ellec au Moyen-Âge, le Massif de la Clape.