encore la république qu’il nous faut ?

 

Nous connaissons tous son histoire, entrée en vigueur le 04 octobre 1958 succédant à la quatrième république instaurée en 1946. Elle s’est imposée par l’action de la droite soutenue par le général de Gaulle au moment de la guerre d’Algérie, le putsch d’Alger. Sans entrer dans le détail de cette douloureuse période voir mes articles L’élection présidentielle l’historique, le régime des partis à l’époque de la quatrième république conduisait à une instabilité gouvernementale telle qu’aucune majorité stable ne pouvait gérer ce conflit tant les passions étaient fortes. Les Colons d’une part puis la droite républicaine d’autre part détruisaient toutes les initiatives qui allaient dans le sens d’une intégration du peuple Algérien dans la communauté nationale, la France de Calais à Tamanrasset n’était qu’un leurre. Un changement d’institution s’imposait, on ne pouvait plus se déchirer les uns aux autres.

Les socialistes par l’action de Guy Mollet conscient des difficultés nationales avec Michel Debré, et le général de Gaulle, et bien d’autres ont mis en place cette cinquième république qui, au départ n’était pas ce qu’elle est devenue. Le président de la république n’était pas élu au suffrage universel ce ne fut qu’en 1962 qu’un référendum modifia le vote du président de la république par un vote au suffrage universel, étant auparavant élu par un vote des deux chambres Assemblée nationale et Sénat. Constitution ainsi instaurée avait pour but de donner à la droite une majorité «perpétuelle», ce que beaucoup considéraient comme un coup d’État. En fait elle fût majoritaire sans faille pendant 20 années, et il fallu François Mitterrand au terme de trois tentatives pour rompre le cycle infernal, sans pour autant modifier la couleur du Sénat à droite depuis plus de 50 années.

Cette constitution n’a donc rien de démocratique puisqu’elle est faite pour une stabilité parlementaire quoique qu’il arrive laissant de coté les citoyens qui ne sont pas dans la ligne du pouvoir en place. Il y eu certes des périodes de cohabitation ou l’Assemblée Nationale donna une majorité à gauche mais toujours sous la dominance d’un président de droite. Il est bien évident que la moitié du pays, puisque la majorité obtenue au suffrage universel du président effleure les 50 %, que les Français restant se sentent exclus. Cela est d’autant plus vrai que le président élu est à la fois le président de tous les Français, mais plus particulièrement celui de ceux qui l’on soutenu et il ne s’en cache pas, faut le lui reconnaitre. Dans ce cas, pourquoi se gêner quand on est le maître depuis si longtemps, tout est permis.

Alors on assiste à des lois injustes inéquitables, répressives, répondant à des faits divers pour heurter l’opinion sans réflexion en profondeur. On charge ainsi le code pénal dont il devient très difficile de s’y retrouver, on fait ainsi une politique populiste qui consiste à satisfaire l’opinion du moment. L’exemple de la répression de la délinquance ou notre président voulait nettoyer nos banlieues au karcher en est l’exemple le plus flagrant. Quand est-il devenu rien, c’est pire qu’avant la réduction des effectifs de police n’arrangeant rien. La dessus on veut supprimer le juge d’instruction après avoir voté la désignation du PDG de la télévision nationale par le président de la république, ou est la pluralité médiatique, le pouvoir s’octroyant tous les leviers de l’information ?

Le juge d’instruction le pilier de notre société contre les abus, les vols, les crimes, les incestes on veut le faire disparaître dans le cadre de la réforme de la procédure pénale. La philosophie du nouveau texte consiste à transférer au parquet, c’est-à-dire aux procureurs hiérarchiquement subordonnés à la chancellerie, la conduite des enquêtes. Invraisemblable c’est la chancellerie dépendante du gouvernement qui décidera des enquêtes et bien entendu de la façon dont elles se dérouleront. Le seul personnage de l’État qui devrait être indépendant du politique serait supprimé, mais c’est la porte ouverte à tous les abus, l’État deviendrait juge et partie. Alors que reste-t-il pour faire découvrir les magouilles, les affaires, enfin tout ce qui peut graviter autour d’un gouvernement assuré de toute impunité ! La presse indépendante des subventions d’État, les journalistes d’investigation, seule corporation indépendante du pouvoir, quel qu’il soit, dans la mesure ou les patrons de presse le sont également et qu’ils peuvent conduire leurs enquêtes, peuvent apporter une fraîcheur de justice, ce qui se voit de moins en moins, dans ce climat de suspicion. L’affaire du journal Le Monde est un exemple d’ingérence du pouvoir dans son rachat.

Les affaires d’État, car ce sont des affaires d’État, les affaires Karachi et Bettencourt-Woerth, ne seraient jamais sorties sans cette presse indépendante d’investigation. De même, les abus des ministres et autres secrétaires d’État, les cigares pour lui, la chambre d’hôtel pour elle, les avions privés pour eux, les appartements pour les autres, et j’en passe certainement, montrent que la presse devient une organisation purificatrice de notre société. Alors oui, la cinquième république n’est plus ce qu’elle promettait, les dérives successives des présidents agissants en maître, si ce n’est en roi, tuent cette république qui ne représente que le pouvoir d’une partie des Français. Quand on apprend que la femme la plus riche de France reçoit de l’État une ristourne de 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal de 2008, d’après Médiapart, on se dit que ce n’est cette république là que je veux quand il y a autant de malheureux qui soufrent. 

Il faut changer cette république, mais comment ?

Tout d’abord il faut pouvoir obtenir une majorité des 3/5 des deux chambres pour modifier la constitution ce qui ne peut être fait si le Sénat est à droite à moins d’une majorité très importante à l’Assemblée. De plus, remplacer par quoi ? Le régime des partis on a vu ce que c’était, le régime présidentiel tel qu’il est ou le président est intouchable pendant sa magistrature est malsain, il faut donc autre chose associant tous les Français à la conduite de l’État en conservant une stabilité gouvernementale, ce n’est pas évident ! Seule une part de proportionnelle établirait un équilibre ou les Français seraient plus représentés de même qu’une révision des attributs du président le contraignant à rendre des comptes en cours de mandat. L’immunité pénale qui est attachée à la fonction présidentielle est à supprimer, il doit être un citoyen comme les autres.