En Chine, le 18éme Congrès du Parti communiste vient de s’achever. Xi Jinping, élu chef du Parti, deviendra logiquement en mars 2013 Président du pays au 1,3 milliard d’habitants. Sa nomination marque la fin d’une décennie chinoise exceptionnelle en termes économiques. L’ère Hu Jintao fait maintenant figure d’âge d’or tandis que le pays doit maintenant faire face à de nouveaux rapports économiques internationaux et surtout un mécontentement social de plus en plus revendicatif. Quelles seront les conséquences de la mutation politique, économique et sociale de la Chine ? Les impacts sur le reste du monde seront-ils importants ?
Deuxième puissance économique mondiale, premier exportateur, la Chine vient de connaître trente ans de réussite économique exceptionnelle, avec des taux de croissance de plus de 10%. Du jamais vu. Le pays est devenu l’atelier du monde, grâce à l’ancrage du yuan sur le dollar, des salaires maintenus bas et des investissements colossaux dans les infrastructures. Ce modèle risque de s’essouffler peu à peu : la bulle immobilière est proche de l’explosion tandis que les salaires sont anormalement bas.
La Chine ne fait plus peur
Une bombe à retardement ?
Lors de son voyage au Laos le 5 novembre, François Hollande a haussé le ton envers le gouvernement chinois. Au cours d’un échange avec le Premier ministre Wen Jiabao, le Président français a critiqué la concurrence « déloyale » de l’Empire du milieu, caractérisée par « des salaires inacceptablement bas et des monnaies artificiellement sous-évaluées ». Si les salaires des Chinois ne sont pas du ressort des autres pays, la question monétaire de l’appréciation du yuan l’est. Si Hu Jintao est resté inflexible sur cette question, Xi Jinping ne pourra pas y être sourd. Une réévaluation du yuan par rapport au dollars est donc envisageable dans les prochains mois.
Malgré des ajustements nécessaires, les rapports commerciaux avec la Chine ne devrait pas beaucoup changer. La méfiance à l’égard du « péril jaune » est derrière nous. Comme l’affirme Richard Attias, spécialiste de la communication et fondateur du New York Forum, la Chine « il ne fait plus peur tant son émergence s’inscrit dans la logique d’une intégration mondiale des échanges ». Richard Attias joute que la nomination de Xi Jinping est un « énième symbole d’une Chine qui change, qui s’ouvre au monde et que l’Occident ne considère plus comme une menace mais comme un partenaire à part entière pour bâtir la croissance de demain ».
D’autres analystes sont plus pessimistes et estiment que l’économie chinoise va s’effondrer si elle ne mène pas de profondes réformes. Pierre Sabatier, co-auteur de "La Chine, une bombe à retardement", affirme que « la fête semble bel et bien terminée. Les deux leviers économiques que la Chine a utilisés pour devenir la deuxième puissance mondiale, à savoir les exportations et les investissements, sont à bout de souffle […] Afin d’éviter la récession, la volonté des dirigeants chinois est claire : se tourner vers le marché intérieur ».
Se tourner vers le marché intérieur ne sera pas une mince affaire en raison de l’éclosion encore trop lente d’une classe moyenne et du nombre impressionnant de travailleurs pauvres. Sans compter sur la corruption, fléau national. Le vice-Premier ministre en charge des Finances, Wang Qishan, a été élu à la Commission de discipline du Parti, qu’il devrait présider et avoir ainsi la haute main sur la lutte anticorruption.
Plus que la corruption, ce sont bien sûr les révoltes sociales de travailleurs exploités qui menacent le plus le Parti communiste chinois. De l’aveu même du gouvernement, il y a au moins 150 millions de pauvres en Chine. Le sinologue Jean-Philippe Béjà commente : « Xi, comme tout bon politicien chinois, n’a pas dit ce qu’il allait faire. Mais il y a des pressions fortes de la société et de cadres de l’intelligentsia pour exiger l’instauration d’un dialogue avec les mécontents. Car le sentiment de l’urgence se répand dans tous les milieux ».
Les premières mesures du nouveau gouvernement chinois nous montreront quelles sont ses priorités. Le reste du monde trépigne d’impatience.
Excellente analyse,
Enfin un rédacteur qui utilise l’hypertexte (noms bleuis), qui d’un seul clic nous emporte sur la page de l’auteur cité.
Que le nouveau régime chinois soit devenu un régime « capitalo-communiste »,qu’importe. Cette fois c’est sûr il entre par la grande porte pour intégrer, le Nouvel Ordre Mondial