La cerisaie d’Anton Tchekhov à découvrir
La cerisaie d’Anton Tchekhov est une pièce de théâtre en 4 actes créée en 1904. cette pièce a connu un vif succès dès les premières représentations.
Une pièce autour d’une famille
Cette pièce de théâtre de Tchekhov nous introduit dans une famille Russe avec la mère, le frère, les filles, les domestiques, et autour de cette famille : un marchand, un étudiant, notamment. Cette famille qui autrefois était riche est alors ruinée. La cerisaie est le noyau de cette pièce, tout tourne autour de celle-ci, qui va être vendue car la famille n’a plus d’argent. A côté de cela les relations humaines prennent une place importante. Cette cerisaie, est poésie, image, symboles multiples. Cette pièce de théâtre, est pour moi, comme un conte philosophique, notamment incarnée par le personnage de Trofimov, étudiant, qui apporte de nombreuses réflexions sur la vie.
Une pièce qui traite du temps
La cerisaie est symbole du temps, du temps qui passe et qui a vu plusieurs générations dans la maison familiale de Lioubov Andreevna Ranevskaïa. La cerisaie c’est ce que le temps a laissé, symbole de pérennité mais surtout de vie. Elle est temps, elle est la vie car elle parle de son cycle naturel. La cerisaie est naissance à la période des bourgeons, puis des fleurs, âge mûr lorsque les cerises apparaissent. Enfin mort en hiver.
Une opposition entre la nature et le monde des affaires
Il y a une certaine pureté de celle-ci liée à l’essence de la vie que produit la nature. De telle façon que lorsque Lopakhine propose à Andreevna de construire des datchas pour les estivants à la place de la cerisaie, celle-ci répond « Mais des datchas, et des estivants – c’est tellement vulgaire, excusez-moi. » Il existe cette opposition là, entre cette nature pure, belle, authentique et le monde des affaires, l’industrie, vulgaire. La cerisaie, me semble t-il, c’est la rêverie, la liberté. Et lorsque le marchand va racheter celle-ci pour en faire des datchas ce sera la fin d’un monde, une prise de conscience douloureuse dans un monde d’où la beauté, la pureté, la liberté sont évincées.
Une des facettes de la pièce : la quête de la vérité
Trofimov, l’étudiant lui nous parle de vérité : p 82
Pour lui il faut aider, ceux qui cherchent la vérité, il reproche à la plupart des gens de ne pas avoir de but dans la vie, de ne rien chercher. Il soulève discrètement, alors le problème de cette famille, si riche jadis, et maintenant ruinée. Personne ne travaille, il n’y a même pas réellement de travail de la pensée, tout n’est qu’illusion, façade, en réalité il n’y a que saleté et vulgarité pour lui. Effectivement, à y penser, le réel but, le seul, l’unique c’est de garder la cerisaie. But qui va échouer, provoquant l’éclatement familial, la mort d’un temps, d’une époque. C’est la fin du rêve, l’entrée dans une dure réalité où le vagabondage de l’esprit n’est plus. « voilà que la vie est passée. »
Une autre facette de la pièce : la quête de la liberté
Toujours à propos de Trofimov : il parle beaucoup de liberté. Cette cerisaie c’est la liberté. Mais pour lui la liberté est partout, pas besoin de posséder. Posséder effectivement cette cerisaie, ce morceau de terrain limité, puisque la Russie entière est un jardin, le jardin de tous. Trofimov essaye d’ouvrir les esprits, des esprits fermés sur la propriété, certes liée à l’affect, aux souvenirs mais ancrés dans une matérialité. La liberté n’est pas dans la possession de la cerisaie elle-même mais dans l’idée de celle-ci. Paradoxalement la vente de la cerisaie va permettre l’entrée dans une nouvelle vie, le changement, la vie continue.
Pour conclure, cette pièce parle de grandes idées, d’oppositions. Elle parle de vérité et de futilité, de l’essentiel et de la superficialité, du théâtre de la vie, de la solitude et du silence, de beauté et de liberté. Parle de la vie et de la mort tout simplement au coeur d’une famille, d’un théâtre humain. Le vrai jardin est dans la tête, la cerisaie même vendue vit avec les gens qui l’on aimé, pour ce qu’elle est. Il reste alors toujours l’idée de celle-ci, silence, sérénité, intemporalité, liberté tout simplement. La liberté est partout il suffit de savoir la regarder et y gouter.
La Cerisaie mise en scène par Paul Desveaux, 2010