Voila qu’elle fait parler d’elle pour être réunifiée.

 

C’est une vieille histoire qui remonte au 30 juin 1941, donc il y a plus de 60 ans, lorsqu’un décret du Maréchal Pétain, que j’avais perdu de vue, mais j’avais 12 ans, signait pour le gouvernement à Vichy, la séparation de la Loire Inférieure, devenue Loire Atlantique, de l’historique Bretagne. Les raisons de ce décret restent pour le moins obscures, puisque d’après le document ci-dessous, il apparaît que ce soit un revirement du maréchal Pétain inexpliqué eu égard à la promesse faite au maire de Rennes François Chateau. On est en droit de penser afin de mettre tout le monde d’accord puisque aussi bien les maires de Rennes et de Nantes revendiquaient que leur ville soit la capitale de la Bretagne, le maréchal à séparé la Loire Inférieure de la Bretagne, en donnant aux villes de Rennes et de Nantes, le titre de capitale. Les bretons qualifient d’inique cette décision du maréchal en fait régalienne elle a mis tout le monde d’accord.

 

La journée des dupes.

Les habitants de la Loire-Inférieure et de l’Ille-et-Vilaine n’étaient visiblement pas contents. Ils le furent encore moins quand les maires respectifs de Nantes et de Rennes jouèrent à leur insu et bien involontairement, le 29 juin 1941, le dernier acte d’une comédie-bouffe que la voix populaire intitula, par la suite «la journée des dupes».

Ce matin-là, la plupart des quotidiens de Bretagne rendirent compte d’un entretien que François Chateau, maire de Rennes, avait eu avec le Maréchal. Au chef de l’État, François Château avait adressé la requête suivante,

Je vous demande que cette Bretagne que nous aimons tant, reste dans la France de demain dans la France régénérée, telle qu’elle fut dans le passé avec ses limites territoriales et qu’elle conserve la ville de Rennes comme capitale.

A quoi le Maréchal aurait répondu en souriant.

Vous aurez satisfaction, monsieur le maire. La province de Bretagne comprendra cinq départements et votre ville en sera la capitale. Mais quelques heures plus tard, si l’on en croit l’édition de L’Ouest-Eclair, édition nantaise du 1er juillet 1941, composée pour la Loire-Inférieure, le Maréchal avait reçu une délégation conduite par Gaëtan Rondeau, maire de Nantes. A la fin de l’entretien, le Maréchal avait donné à ses visiteurs l’assurance que la future province de Bretagne serait maintenue dans les limites de ses cinq départements mais avec, cette fois… Nantes pour capitale !

La contradiction était tellement flagrante que tous les Bretons ou presque pensèrent qu’ils avaient été floués. La preuve leur en fut donnée sans tarder puisque le lendemain, le gouvernement à Vichy prenait la responsabilité… d’une troisième décision en détachant officiellement et administrativement la région de Nantes de la Bretagne !

En vertu d’un décret du 30 juin 1941, qualifié aujourd’hui encore «d’inique» par les Bretons, et publié le lendemain 1er juillet au Journal Officiel, Rennes devenait la préfecture d’une région comprenant l’Ille-et-Vilaine, les Côtes-du-Nord, le Finistère et le Morbihan tandis que Nantes passait sous la tutelle d’Angers, promue préfecture d’une autre région dont dépendaient, outre le Maine-et-Loire et la Loire-Inférieure, la Mayenne, la Sarthe et la zone partiellement occupée de l’Indre-et-Loire.

Malgré la déception qu’ils ressentaient, les pétainistes s’interrogeaient sur l’attitude incompréhensible prise par le Maréchal, le 29 juin. Pourquoi avait-il menti à Château aussi bien qu’à Rondeau ? Parce qu’il était gâteux ? Parce qu’il était rompu de nature à toutes les duplicités, comme le suggéraient ceux qui lui étaient hostiles ?

N’avait-il pas plutôt donné une réponse sinon de Normand au moins de… Picard, ainsi que nous l’a laissé entendre Louis-Dominique Girard en expliquant que le maréchal Pétain, tenant à remettre à plus tard l’heure des explications, avait trouvé dans cette échappatoire un moyen de mettre fin à des entretiens qui risquaient de se prolonger.

Cette hypothèse semble la plus vraisemblable car l’attention du Maréchal avait toute raison d’être retenue ce jour-là par une décision, particulièrement grave sur le plan international, qu’il devait rendre officielle le lendemain. Il se trouvait, en effet, contraint par les Allemands qui avaient envahi l’U.R.S.S. huit jours auparavant, de rompre les relations diplomatiques de la France avec le gouvernement soviétique, voir ici .

 

DECRET N°2727.

Voici l’intégralité du décret du 30 juin 1941 qui présente les attributions des préfets dans le nouveau découpage administratif. Cette réorganisation a été "reprise" lors de la planification de 1956, puis officiellement approuvée en 1972 lors de la création des Etablissements Publics Régionaux ( E.P.R) .

(voir loi du 5 juillet 1972)-

Les Décrets du 30 juin 1941 attribuant à certains préfets les pouvoirs des préfets régionaux et portant division du territoire pour l’exercice de ces pouvoirs.

Nous, Maréchal de France, chef de l’État français,
Vu la loi du 19 avril 1941 instituant des préfets de régionaux ;
Sur le rapport du ministre secrétaire d’État à l’intérieur,

Décrétons :

Art. 1er.- Sont attribués aux préfets du Loiret, d’Ille-et-Vilaine, de Maine-et-Loire et de la Vienne les pouvoirs de préfets régionaux définis pâr la loi du 19 avril 1941.

Les régions placées sous l’autorité des préfets régionaux désignés au paragraphe 1er du présent article prennent respectivement le nom de région d’Orléans, de Rennes, d’Angers et de Poitiers.

Art. 2.-Pour l’exercice de ces pouvoirs le territoire est divisé de la façon suivante :
Région d’Orléans.-Loiret, Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Indre (partie occupée), Cher (partie occupée).
Région de Rennes.-Ille-et-Vilaine, Côtes-du-Nord, Finistère, Morbihan.
Région d’Angers.-Maine-et-Loire, Loire-Inférieure, Mayenne, Sarthe, Indre-et-Loire ( partie occupée ).
Région de Poitiers.-Vienne (partie occupée), Deux-Sèvres, Vendée, Charente-Inférieure, Charente (partie occupée).

Art. 3.-Le vice-président du conseil, ministre secrétaire d’État à l’intérieur, est chargé de l’exécution du présent décret, qui sera publié au Journal officiel.

Fait à Vichy, le 30 juin 1941.

PH.PETAIN.
Par le Maréchal de France, chef de l’État français :

L’amiral de la flotte, vice-président du conseil, ministre secrétaire d’État à l’intérieur.

A DARLAN.

On remarquera que la Loire Inférieure faisait partie de la région d’Angers, et que la Vendée était dans la région de Poitiers. La disposition des régions concernées est actuellement la suivante :

Document tiré de Wikipédia, bien entendu Paris et ses départements limitrophes sont à exclure

La réforme territoriale préconisée depuis la création du comité Balladur éveille les partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne administrative. Ils appellent aujourd’hui à «un geste fort» du président Sarkozy. C’est l’Association «Bretagne réunie» qui réclame cette réunification administrative en cinq départements Finistère, Côtes-d’Armor, Morbihan, Ille-et-Vilaine et donc Loire-atlantique, ainsi que la création d’une grande région Val de Loire incluant Mayenne, Sarthe et Maine-et-Loire. Et dans ce cas, la Vendée serait rattachée à la région Poitou-Charentes qui sur le plan politique verrait s’affronter Philippe de Villiers à Ségolène Royal, probablement une bonne affaire pour Philippe de Villiers pour battre Ségolène Royal. Le problème dans ce redécoupage serait celui de la capitale de cette grande région «Bretagne Réunifiée», en effet Nantes se verrait perdre son rôle de capitale au profit de Rennes et deviendrait une sous capitale, c’est ce que pensent les partisans de cette réunification, mettant en avant le dynamisme de Rennes. Or, Rennes avec ses 209.613 habitants en 2006 et 571.754 habitants sur l’ensemble de l’agglomération urbaine est de moindre en importance que Nantes qui peut se prévaloir de 282.853 habitants en 2006 et 804.833 sur l’ensemble de l’agglomération, il y aurait donc sur ce plan une incohérence. De plus il n’existe pas de liaison ferroviaire entre Rennes et Nantes et même avec Quimper, ce qui devrait constituer un handicap, entre ces grandes villes bretonnes et bien d’autres. Les seules liaisons sont Rennes-Brest via Saint-Brieux et Rennes-Quimper via Lorient. Les liaisons transversales sont donc plus difficiles en commodité, bien que le TER Bretagne avec ses 39 lignes se développe régulièrement depuis quelques années.

Cette réunification impliquerait une redéfinition des infrastructures et des services administratifs, judiciaires, culturels, et préfectoraux faisant double emploi donc un coût non négligeable en emplois et en équipements, et ce n’est pas le moment de dépenser notre argent pour cette réunification, dont je respecte bien entendu le souhait des partisans, la France peut encore vivre ainsi, et le statut quo paraît est la solution la plus raisonnable actuellement. L’argument évoqué est, malgré les positions favorables du Conseil général de Loire-Atlantique et du Conseil régional de Bretagne, les nombreux sondages en sa faveur et le soutien des Bretons est sans cesse, quelle que soit la couleur politique du gouvernement en place, reportée aux calendes.

Les sondages, malgré les critiques dont ils sont l’objet, demeurent le principal indice de l’opinion des habitants de Bretagne et de Loire-Atlantique sur la question du rattachement. Pour la plupart d’entre elles, ces études tendent à montrer un attachement nettement majoritaire des populations de ces territoires en faveur de la réunification. Dans un autre sondage Ifop pour Ouest-France publié le 7 mars 2009, les résultats font apparaître qu’une majorité de Bretons fait le choix d’une évolution du découpage régional (52%), et, dans cette hypothèse de changement qui est au demeurant la seule envisagée par le rapport.

Il est temps de décider du Comité pour la réforme des collectivités locales présidé par Édouard Balladur, le choix du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne est majoritaire par rapport aux 2 autres choix proposés, que ce soit en Loire-Atlantique (27% contre 14% pour un regroupement des régions Pays de la Loire et Bretagne, et 6% pour un regroupement de ces 2 régions administratives avec celle de Basse-Normandie) ou bien en Bretagne administrative (32% contre 14% et 6%). La Bretagne administrative concerne le regroupement des Conseils Régionaux des Bretagne de Loire Atlantique, et des Pays de la Loire, voir la proposition de Marylise Lebranchu députée du Finistère sur son blog

L’analyse est rendue complexe toutefois par le fait qu’une part importante des sondés, vraisemblablement moins encline à s’impliquer politiquement, a opté pour un premier choix qu’on ne peut situer techniquement au même niveau que les précédents, «Qu’on en reste à la situation actuelle», non décrit, à la différence des autres options, 48% des sondés de la Bretagne administrative et 53% de ceux de Loire-Atlantique ont effectué ce choix, dont une bonne part de ceux qui auraient pu opter pour «ne se prononce pas». Comme dans tout sondage, il faut faire attention à la réaction des sondés, tous n’y voient pas le même intérêt, c’est pour cela qu’il me semble qu’un référendum serait la solution la meilleure c’est d’ailleurs ce que propose Madame Royal après consultation des élus.

En Bretagne administrative, un nombre certain de personnalités, de droite ou de gauche, ont manifesté leur soutien au rattachement de la Loire-Atlantique, ainsi à droite René Couanau, François Goulard, Alain Madelin, Pierre Méhaignerie, et à gauche Jean-Yves Le Drian, Marc Le Fur, Bernard Poignant ou Kofi Yamgnane. Daniel Delaveau, maire socialiste de Rennes, a en revanche manifesté son opposition à ce projet, et sa préférence pour une «grande région» réunissant Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie. En Loire-Atlantique, Jean-Marc Ayrault, député-maire de Nantes, s’oppose à la réunification. En 2009, il juge qu’une Bretagne à cinq départements serait «étriquée» et dit «casse-cou» «si c’est une question d’identité». Il ajoute qu’il serait «antidémocratique» de ne pas consulter les habitants des autres départements des Pays de la Loire.

Les présidents de la région Pays de la Loire ont manifesté leur hostilité à son démantèlement, à droite Olivier Guichard, ardent bâtisseur d’une identité «ligérienne», identité des habitants des Pays de la Loire, puis son successeur François Fillon qui déclarait en 2000 «Cette coopération, entre Bretagne et Pays-de-la-Loire est plus prometteuse que tous les projets de redécoupage ou séparatiste». Aujourd’hui en 2009, le socialiste Jacques Auxiette dit «se méfier de la notion d’identité» et souhaite «des coopérations régionales renforcées». Plusieurs autres acteurs politiques de la région des Pays de la Loire comme André Lardeux, sénateur de Maine-et-Loire, Philippe de Villiers président du Conseil général de la Vendée, Jean Arthuis, sénateur de la Mayenne, ou encore Roland du Luart, sénateur de la Sarthe, sont également opposés au rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne. On note que du coté politique les avis sont partagés, et qu’il vaut mieux ne rien faire plutôt que de tout bouleverser, à moins qu’un référendum mette tout le monde d’accord, éléments tirés de Wikipédia.

plan_le_rhun.1256230788.pngEn rouge la Bretagne, en rose Poitou-Charentes et Vendée, en vert Normandie, en bleu Val de Loire, serait la réorganisation soutenue par Bretagne Réunie.

L’Union Démocratique Bretonne déclare dans un article consacré à Jacques Auxiette, Président de la Région des Pays de la Loire, le 17 juillet 2009, et celui consacré, le 22 juillet 2009, aux clés des élections régionales, montrent que la réunification administrative de la Bretagne, question pourtant très liées aux réalités sociales, économiques et écologiques n’a toujours pas été intégrée par les partis de gauche. En ne répondant pas à une aspiration populaire légitime, les forces de gauche qui acceptent la partition de la Bretagne font un choix que l’UDB ne peut que désapprouver, voir ici . Alors, puisque nous en sommes au grand Paris, pourquoi pas la Bretagne réunifiée ?

On ne peut ne pas s’intéresser à cette réunification possible, le visage politique de cette réunification ne peut qu’influer au niveau national vu son étendue. Quel est le facteur essentiel, c’est celui des habitants des régions considérées, il serait donc regrettable qu’une décision régalienne fixe le statut quo ou l’intégration de la Loire-Atlantique à la Bretagne sans l’avis des habitants en ne tenant compte que ceux des personnalités politiques.