LE KRACH 2008-2009 restera dans toutes les mémoires comme la plus grave crise économique de l’histoire depuis l’avènement du capitalisme industriel, conséquence inévitable et dramatique de la crise des subprimes. Je ne fais qu’anticiper de quelques jours, semaines ou mois ce qui attend l’économie mondiale d’après un nombre sans cesse grandissant d’analystes et d'économistes.

Voyons les faits et rien que les faits : « La quasi-totalité des nos hommes politiques, analystes, gestionnaires de patrimoine – Institutions bancaires et financières unies la main dans la main – nous font croire depuis 13 longs mois que les crises immobilières (crise des subprimes) et financières sont sur le point de se terminer, et que l’impact sur l’économie réelle ne sera pas aussi catastrophique que l’on veut bien le dire.

 

Depuis treize mois, ils nous mentent en s’appuyant sur certains indicateurs macroéconomiques encourageants, et sur une bourse qui résiste. Mais, pourquoi feraient-ils autrement, puisqu’ils « touchent » des rémunérations sur leurs placements, une commission sur les placements de leurs clients, et récupèrent les fruits politiques d’une conjoncture soi-disant clémente – en réalité manipulée par des fonds privés ou institutionnels qui soutient les cours des places boursières, jusqu’à quand ? Un seul des évènements ou indicateurs négatifs que nous enregistrons chaque jour, aurait suffi en temps normal à déclencher une tempête boursière et une grave crise financière pire qu’en 1997 (crise asiatique), 1998 (crise russe) ou en 2000 (crise des technologiques) pour ne citer que les plus récentes… » (extrait de mon article précédent « 2009 : Regardons le krach en Face » publié sur COME4NEWS le 3/9/2008).

 

« Déjà fin septembre 2007, il a environ un an, la situation était très inquiétante : « La crise financière qui affecte l’économie mondiale a donné lieu à de nombreux articles. La plupart traitent des conséquences vis-à-vis des organismes financiers et du « marché ». Or les conséquences de cette crise n’affectent pas que les seuls acteurs, les banques, les organismes de crédit et les institutionnels ou les individus qui ont de l’argent en trop à placer. Les conséquences de cette crise affectent tous les citoyens et ce, d’autant plus qu’ils sont moins aisés. Qu’on en juge : depuis juillet 2007, 5000 milliards de dollars évaporés, près de 100 organismes de crédit en faillite. Mais aussi plus de 30 000 emplois supprimés pour le seul mois d’août 2007 aux EU. Et plus de deux millions de familles US qui vont très probablement devoir quitter leur logement.

 

Les banquiers qui finançaient les crédits ont transféré les « risques » par petits paquets, bien enveloppés et ficelés par des agences de rating (ou notation) – qui sont juges et parties et pour lesquelles il y a un conflit d’intérêt qui n’a pas échappé à la commission de Bruxelles qui les surveillent –, à d’autres banquiers. Ceux-ci les ont placés dans des fonds d’investissements qu’ils ont vendus à des investisseurs ou à des particuliers  attirés par des rendements plus élevés que la normale (car les taux de ces dettes immobilières étaient comme on l’a vu élevés). C’est la crise des subprime que l’on connaît depuis août 2007 plus particulièrement.

 

C’est début septembre 2008 que la situation s’est rapidement et gravement dégradée :

– Le 2 septembre 2008, le « LaRouche Political Action Committee » écrivait : « Crise bancaire : enterrons les cadavres britanniques et espagnols… Jusqu'à présent, les banques espagnoles ont été maintenues à flot par la Banque centrale européenne qui a refinancé leurs dettes au moyen de prêts mensuels de quelque 50 milliards d'euros en acceptant en collatéral des titres adossés à des crédits hypothécaires (Mortgage Based Securities) pour 11% de leur volume, un stratagème qui risque de ne pas pouvoir durer éternellement […] Entre-temps, en Grande-Bretagne, le partenaire de Santander, RBS, fait face à une crise de confiance de la part de ses investisseurs, suite à une augmentation de son capital de 12 milliards de livres, et vient de nommer un trio de directeurs non exécutifs chargés d'assurer que la direction protège les intérêts des actionnaires. La Banque d'Angleterre et le gouvernement britannique, déjà aux prises avec les pertes grandissantes de la banque nationalisée Northern Rock, sont incapables de traiter cette crise. Un membre de la Commission de politique monétaire de la BoE, David Blanchflower, a pris une mesure inhabituelle en réclamant publiquement une baisse des taux d'intérêt afin d'obtenir des liquidités. Or une baisse des taux affaiblirait plus encore la livre, qui a perdu 8% par rapport au dollar rien qu'au mois d'août. Notons enfin que le ministre britannique des Finances, Alistair Darling, a déclaré que la Grande-Bretagne fait peut-être face au pire déclin économique depuis soixante ans, tout en ajoutant qu'il n'avait jamais imaginé que le resserrement du crédit serait aussi important. Il est temps de sortir la tête du sable. »

 

– Le 3/9/2008, la première banque suisse UBS – l'une des plus touchées par la crise des crédits immobiliers à risques, avec 37,4 milliards de dollars de dépréciations d'actifs –, a vue son image ternie par plusieurs affaires aux Etats-Unis, dont la dernière concerne deux de ses anciens courtiers poursuivis pour escroquerie devant la justice américaine. Selon l'acte d'inculpation, MM. Tzvolov et Butler « ont comploté dans le but d'augmenter leurs commissions » en vendant des ARS (auction-rate securities),  maquillées en obligations sans risques, indique le ministère dans un communiqué. L'enquête révèle que ces titres étaient en fait adossés à des crédits hypothécaires douteux ou à des obligations à risques de type CDO (« Collaterized Debt Obligations »), et les clients se sont retrouvés avec plus de 800 millions de dollars de titres invendables (sur un investissement d’un peu plus d’un milliard de dollars) après que le marché pour ce type de titres se fut retrouvé paralysé, à compter d'août 2007, par le déclenchement de la crise des crédits hypothécaires à risques (AFP).

 

Par ailleurs, UBS avait déjà fait l’objet fin juin 2008, d’une action en justice de la part de l'autorité de régulation des marchés du Massachusetts, pour ses pratiques commerciales douteuses dans la vente de titres obligataires ARS.

  Le 6/9/2008 : Une vaste imposture maintient à flot les valeurs mobilières contre vents et marées : « Rompant avec l'optimisme suscité la semaine dernière par plusieurs statistiques meilleures que prévu aux Etats-Unis, les investisseurs sont redescendus sur terre vendredi, semblant désormais estimer que ces données étaient « trop prometteuses pour être vraies », selon les stratégistes de BNP Paribas… » (AFP). La situation est très grave et on nous ment pour éviter la panique et qu’un mini-krach se transforme en catastrophe !

 

  Le 7/9/2008, l’hallali est proche, les évènements se précipitent avec la mise sous tutelle des deux géants américains du refinancement Freddie Mac et Fannie Mae – établissements privés disposant auprès de l’Etat d'une ligne de crédit garantie par ce dernier, qui leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque –, deux assureurs des banques d’affaires américaines qui ont entraîné la ruine de millions d’américains pris dans l’étau de crédits immobiliers à risques qu’ils savaient ne pas pouvoir rembourser.

 

« Le Trésor américain a annoncé dimanche une mise sous tutelle gouvernementale des organismes de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae, le temps qu'ils restructurent leurs finances mises à mal par la crise du crédit et de l'immobilier, et est prêt à y investir 100 milliards de dollars. Ce plan "est le meilleur moyen de protéger nos marchés et les contribuables du risque systémique posé par la situation financière actuelle", a déclaré le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson au cours d'une conférence de presse.

 

"Je soutiens fermement la décision du directeur du FHFA James Lockhart de placer Fannie Mae et Freddie Mac sous tutelle, ainsi que les mesures prises par le secrétaire au Trésor Henry Paulson pour assurer la solidité financière de ces deux organismes", a déclaré Ben Bernanke le président de la banque centrale américaine dans un communiqué. Le Trésor américain a également indiqué que les deux directions des piliers du refinancement immobilier avaient été évincées et qu'il allait acquérir en bourse des titres des deux entreprises cotées. Il s'est dit prêt à investir 100 milliards de dollars dans chacun des deux organismes […] En jouant de leur capacité à se refinancer à bon compte, Fannie Mae et Freddie Mac achètent aux banques les prêts immobiliers qu'elles ont consentis aux particuliers et les revendent ensuite à des investisseurs institutionnels. Les banques dégagent ainsi des liquidités qui leurs permettent d'effectuer de nouveaux prêts, contribuant ainsi au dynamisme du marché immobilier. Fannie Mae et Freddie Mac détiennent ou garantissent plus de 40% des prêts immobiliers accordés aux Etats-Unis. Les deux groupes assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain et ont permis de faciliter l'accès à la propriété de la classe moyenne américaine.» (AFP)

 

Une mesure inqualifiable, de « dernier ressort », pour sauver le système bancaire international en sacrifiant les ménages américains sur l’autel de la finance, et… en faisant payer l’Etat via les « zinzins », comme la CDC en France – voir l’affaire EADS en France et d’autres sauvetages, pour n’évoquer que de soi-disant investissements et ne pas parler du soutien « artificiel des marchés financiers ». On accroît l’endettement des particuliers d’Outre-Atlantique en leur accordant plus de crédits pour qu’ils puissent rembourser leurs exorbitants crédits en cours… un cercle vicieux et fatal. Par ailleurs, on va augmenter la pression fiscale sur les citoyens américains moyens qui vont payer les frasques du Trésor américain, qui « rachète  de façon déguisée » et inconsidérée Fannie Mae et Freddie Mac –, comme les Britanniques l’ont fait avec la banque Northern Rock.

Notre système financier et bancaire ressemble au Titanic, une forteresse indestructible et insubmersible, qu’aucun environnement ne devait déstabiliser, mais qui disparut dans les flots de l’incrédulité générale, et qui engloutit presque tous ceux qui l’avaient accompagné dans son dernier voyage.

 

Messieurs, Mesdames les politiques, les financiers, les banquiers, regardez la vérité en face : nous sommes dans l’œil du cyclone « Bretton Woods ». L’organisation internationale détruit tout sur son passage, la crise systémique frappe à notre porte (comme le reconnaît le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson). Il est temps de passer rapidement à une nouvelle étape, à de nouveaux accords avec une architecture moins sophistiquée, à une vision plus simple, plus saine et plus transparente du système financier international.

 

 NOTE

Un communiqué du 27 septembre 2007 de la Banque centrale européenne confirme que les banquiers centraux n’ont pu résister à la tentation de faire marcher la planche à billets électronique, pour renflouer les fonds spéculatifs et les banques qui en dépendent. Ainsi, depuis que la crise des subprimes à éclaté en juillet 2007, le taux de croissance annualisé de la masse monétaire M3 – égal aux moyens de paiement (M1) + les placements en euros rémunérés (M2) + avoirs en devises étrangères + les placements à terme non négociables sur un marché + les titres de créances négociables (TCN) + les OPCVM à court terme (monétaires) – a bondi dans la zone euro de 10,9% à 11,7% de juin à juillet, pour se « stabiliser » à 11,6% en août. M3 est l’agrégat retenu pour mesurer la masse monétaire, sa progression limitée étant un objectif de politique monétaire.