Voici donc défini, dans la mesure où une réalité aussi subtile peut être emprisonnée par des mots, ce que recherchent tous les ascètes et les mystiques par des voies parallèles et que proposent aussi à leurs adeptes les arts du budo. Ceux –ci, en effet, visent, par d’autres moyens, le même but que les spéculations mystiques et théologiques passées en revue plus haut.

 

Entendons–nous : un art martial est d’abord une méthode de combat et peut ne rester que cela, mais il peut être aussi un artifice pour accéder à cette « porte étroite ». il n’apparaît plus alors que comme un moyen sans fin en soi, que l’on peut fort bien abandonner lorsque le vrai but est atteint. Telle peut être la finalité d’un art martial pour tous ceux qui sont à la recherche de cet absolu ; ils auront choisi le budo pour y arriver, parce que c’est la forme  qui convient le mieux à leur température actuel ; or le but seul est important. Si l’on peut , au passage, améliorer la santé du corps et acquérir un certain nombre de qualités qu’un dur entrainement seul, est capable de donner  tant mieux, car budo ka (pratiquant d’un art du budo) ne manquera pas de transposer ses acquisitions physiques et mentales, obtenues à force de persévérance et de volonté, dans les autres domaines de la vie. Mais, peu à peu , s’estompera la raison première qui avait poussé à la pratique et seule subsistera la tension vers le bout du chemin. Toutes les satisfactions et les victoires en dehors du but final ne seront plus que passagères et appréciées à leur juste valeur.