Ce mois d’octobre 2008 est marqué par un évènement judiciaire de taille : le procès d’Antonio Ferrara, autrement appelé « Nino », « Succo » ou encore « le Roi de la belle », se déroule actuellement devant la Cour d’Assises de Paris. Pour deux mois. Deux mois au bout desquels nous serons à même de nous faire notre propre opinion sur les évènements jugés, à savoir l’extraordinaire évasion de la Maison d’arrêt de Fresnes en mars 2003.

 

Les journalistes relatent avec beaucoup de légèreté les audiences qui ont débuté depuis le 2 octobre dernier. On entend beaucoup parler des « coups de théâtre » des avocats, des humeurs des accusés, on nous dit qu’ils « fanfaronnent », font leur « show ». Mais on entend très peu parler de la réalité du procès. De son enjeu.

 

La question que je me pose est de savoir si notre justice est réellement juste. Lorsque j’ai pris connaissance des conditions de détention d’Antonio Ferrara, j’ai eu honte. Honte de mon pays, honte de nos valeurs « Liberté Egalité Fraternité ». Antonio Ferrara est placé en isolement depuis 5 ans.  Savez-vous ce qu'est l'isolement ? C'est une cellule de 9m², sans fenêtre, avec un lit, une table et des toilettes, le tout scellé au mur. C'est être dans cette cellule 22h/24h. C'est avoir 2h de "promenade" par jour, dans une pièce, sans fenêtre…  Rendez-vous compte, 5 ans qu’il n’a pas vu la lumière du jour… 5 ans qu’il n’a pas vu le ciel, le soleil, la neige, les nuages, qu’il n’a pas senti le vent sur sa peau… Pour lui c'est ça l'isolement, un isolement dur, brut, un isolement "spécial Ferrara". Sa famille, sa compagne, ça fait 5 ans qu'il n'a pas pu les embrasser, les toucher. Pourquoi ? A cause d'une vitre entre eux.  Les activités ? Il n'en a pas ; ça aussi ça lui est interdit. Pas de cours, pas le droit de travailler. Les gardiens n’ont pas le droit de lui parler. Cela fait 5 ans qu'il ne parle qu'à son avocat et, au travers d'une vitre, à sa famille et sa compagne.  Lui il appelle ça le « QHS » [Quartier de Haute Sécurité – disparu en France]. Eh bien moi, j’appelle ça de la cruauté, de la barbarie, de la torture. Cet homme, qui n’a pas de sang sur les mains, cet homme qui a la liberté dans le sang, est depuis 5 ans mis à mal. C’est un homme brisé, mort de l’intérieur. Grâce à nous, pays des droits de l’Homme. Il a beau « fanfaronner » devant tout le monde, il est cassé, blessé.  Je sais bien que ce n’est pas un saint, qu’il a commis des erreurs. Je ne lui cherche pas d’excuses.  Mais, je veux lui en présenter, au nom de la République et du Peuple français, pour ses conditions de détention inhumaines et cruelles. Alors la Justice, juste mais à quel point ? Y’aurait-il deux poids, deux mesures une fois passé la porte d’une maison d’arrêt ? Je n’arrive malheureusement pas à y répondre…