Alors que les Américains négocient avec certains talibans, Alain Juppé semble vouloir s’accrocher à la coûteuse (et douloureuse) présence française en Afghanistan. Samedi, rencontrant Hillary Clinton, Alain Juppé l’a assurée que la France poursuivrait la « mission internationale ». Sarkozy aurait donc parlé trop vite et se serait fait taper sur les doigts ?
Qui croire ? Le Sarkozy de vendredi dernier qui ce dimanche la fermera ? Sarkozy veut que les troupes françaises jouent aux troupes italiennes en Kapisa. Soit rester à l’abri en attendant que cela se passe (les Italiens, relevés par les Français, achetaient quelque peu aussi leur tranquillité).
C’était vendredi. « Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d’un retour anticipé de l’armée française, » disait un Sarkozy fort de quatre nouveaux tués (et d’une quinzaine de blessés). Samedi, Juppé s’entretenait avec Hillary Clinton. Ils seraient « tombés d’accord pour que les États-Unis et la France travaillent avec les partenaires de l’Isaf et le gouvernement afghan afin d’assurer la solidité et l’efficacité continues de la mission… ».
Aussi avec les talibans « raisonnables » ? On pourrait croire qu’il s’agit d’une interprétation hasardeuse à la suite d’une communication téléphonique grésillante. Pas du tout.
82 tués après, Juppé est prêt à en rajouter en Syrie, selon le département d’État américain, qui ne donne pas de précisions sur la teneur des discussions mais laisse entendre une communauté de points de vue entre la Sarkozye et les États-Unis. En Afghanistan, comme disent les Italiens, Missione continua dopo morti francesi.
Léon Camus, qui s’exprime sur le site de la diaspora sarahoui, ne croit pas vraiment à un renforcement d’unités spéciales au Liban ou aux autres frontières de la Syrie. Cela donne… « Le ludion élyséen, perdant une à une ses cartes maîtresses, notamment celle, à cent jours de l’échéance présidentielle, d’apparaître une fois de plus en chef de guerre… et de même que l’on ne change pas de cheval au milieu du gué, pendant les hostilités le peuple souverain n’est pas supposé limoger le commandant suprême des armées ! Reste que le président céfran semble ces temps-ci marqué par une féroce scoumoune et qu’il apparaît à présent presque aussi nu qu’un perdant du petit matin sur le perron d’un casino… ».
Hamid Karzai est attendu de nouveau à Paris. Plus personne ne sait trop ce qu’il représente encore en Afghanistan, mais faute d’un autre cheval…
Gros succès en Libye, viva Sarkozy
En Libye aussi, faute d’alternative au CNT… Gênant pourtant que, voici peu, à Benghazi, ses bureaux aient été attaqués à la grenade. C’était hier, samedi. Il y avait près de 2 000 manifestants, qui ont saccagé tout ce qu’ils pouvaient, lançant aussi des grenades dans les locaux désertés, donc sans faire de victimes. Des véhicules blindés ont aussi été endommagés, des incendies ont pu être éteints. Beau retour sur investissement, comme s’en félicitait Alain Juppé l’an dernier.
Abdel Jalil a tenté de parlementer. Il n’a pas reçu de chaussures à la figure, juste des bouteilles d’eau, ce qui est moins grave. Mais son Land Cruiser a été incendié. Abdel Hafiz Ghoga, le porte-parole du CNT, lui, deux jours auparavant, était aux prises avec des étudiants fort mécontents, à l’université Ghar Yunis (Benghazi aussi ; à part cela, le gouvernement se serait établi à Tripoli, enfin, officiellement).
Vendredi, c’était des centaines d’islamistes qui réclamaient la charia pronto e illico presto. Là, c’était à Tripoli. Ils veulent aussi uniquement des banques islamiques. Camouflet pour l’Italie, la Libye ne se portera pas au secours de la banque UniCredit (mais d’autres pays islamiques sont montés au capital). De leur côté, les femmes de Women4Libya sont aussi mécontentes, elles veulent plus que les 20 sièges qui sont réservés aux femmes dans la prochaine assemblée. Elles en veulent au moins le double (soit 20 % des sièges). Mais d’autres femmes, motivées par les Frères musulmans, s’en prennent aussi au CNT.
Les thowars disent à présent, selon Associated Press, que « ces gens ne sont pas différents de Kadhafi ». Eh, évidemment. Ils étaient tous pour lui jusqu’à ce qu’on leur assure qu’ils pouvaient faire défection. Il faudrait peut-être penser à ramener des troupes d’Afghanistan pour sauver le soldat CNT, l’ami de Bernard-Henri Lévy, au train où vont les choses…
Ach, Nikolas…
Une qui doit rire sous cape, c’est Angela Merkel. Pendant que les membres de ses missions diplomatiques prônent la Deutsche Qualität aux Libyens, c’est avec une certaine commisération et et une cauteleuse feinte charité qu’elle doit maternellement s’apitoyer : « Ach, Nikolas, je te l’avais bien dit… ». Il ne manquerait plus que Benoît XVI, pas trop enchanté par la tournure des événements en Libye et ailleurs que lui rapporte son évêque, tout comme celui d’Alep plutôt favorable au maintien du pouvoir des Alaouites en Syrie, tire l’oreille du vainqueur de la campagne de Libye. Être du côté du manche, c’est bien, encore faut-il choisir le bon…
À Douma, lointaine banlieue nord de Damas, les insurgés syriens auraient pris un total contrôle des accès et du centre de la localité. Mais ils ont ensuite reflué, selon diverses sources. Pendant ce temps, le régime célébrait les funérailles de neuf « martyrs » appartenant à l’armée ou à la police loyalistes. Samedi, un convoi de prisonniers (graciés ou pas, on ne sait) a été attaqué : 14 morts et 26 blessés, selon le régime. Bref, wait and see. En se préservant peut-être de déclarations intempestives.
Ce sont les Turcs qui se marrent. 500 policiers afghans vont aller se former en Turquie, second contingent (600 ont déjà effectué un stage en Turquie). C’est l’Otan qui paye. Et qui a ramené la France dans l’Otan ? Hein ? Qui ça ? Sarkozy. Même pas foutu d’aller faire former des policiers afghans en Arménie…
En sus, comme le Pakistan bloque tout le ravitaillement de l’Otan en Afghanistan, cela doit coûter bonbon, le contournement.
C’est officiel depuis samedi dernier : « [i]Le président Asif Ali Zardari et le chef d’Etat-major de l’armée, le général Ashfaq Parvez Kayani, ont convenu de continuer à bloquer l’acheminement du ravitaillement de l’Otan jusqu’à ce que le Parlement prenne une décision.[/i] ». Il va prendre son temps, le parlement pakistanais.