Dans "Mis Hermanos, la historia secreta" (Mes frères, l’histoire secrète) son livre qui paraît cette semaine, Juanita Castro la sœur cadette de Fidel et de Raúl confesse qu’elle a collaboré avec la CIA dans les années soixante.

Cette révélation n’étonne personne, tout le monde savait déjà que la famille de Fidel n’avait pas approuvé ses réformes lors de sa prise de pouvoir à La Havane, et que Ramón Castro avait même menacé de mort son frère si ce dernier persistait dans sa politique communiste.

Dans ce livre, Juanita Castro aujourd’hui âgée de soixante-seize ans explique comment un agent de la CIA la contacta au début des années soixante pour lui demander de collaborer avec eux contre le régime de Fidel Castro. Sans entrer dans les détails sur sa collaboration, Juanita Castro commente qu’elle a accepté de collaborer, car elle ne supportait plus les injustices du nouveau régime et était persuadée que les révolutionnaires se trompaient.

La sœur de Fidel ne dit pas si elle a collaboré aux différentes tentatives mises en place par la CIA pour éliminer son frère, mais elle explique comment, un soir de 1964, son frère Raúl est venu la voir pour l’avertir que le régime la considérait comme une critique de la révolution et qu’elle était soupçonnée de protéger des opposants, ce qui mettait sa vie en danger. Il lui a donc conseillé de partir quelque temps à Mexico. Juanita Castro a quitté Cuba le 18 juin 1964 pour ne plus jamais y revenir.

Juanita Castro vit actuellement à Miami, et c’est là qu’elle a coécrit ce livre avec la journaliste mexicaine María Antonietta Collins, un livre publié par la maison d’édition Santillana aux États-Unis, en Colombie, au Mexique et en Espagne… Mais j’imagine qu’on pourra aisément le trouver très rapidement dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre.

Depuis l’effondrement du régime communiste, le régime castriste a perdu son plus grand appui, et l’âge de ses dirigeants laisse supposer que la révolution va rapidement s’éteindre. C’est pourquoi l’on voit s’agiter toute la nomenklatura des exilés cubains, plus que probablement soutenue par l’argent de la CIA, exilés qui s’envoleront certainement vers Cuba dès l’annonce de la mort de Fidel et de Raúl pour réclamer leur part d’héritage en espérant pouvoir négocier leur anti-révolutionnarisme de la première heure.

Même si 15 % de la population totale cubaine vit aujourd’hui dans l’exil, la représentativité de cette part de la population, coupée de l’île et dorénavant pour une partie née hors de Cuba, est évidemment sujette à caution.

Espérons que le peuple de Cuba saura reconnaître ceux qui l’ont vraiment soutenu sans jamais fuir l’île et qui ont lutté au péril de leur vie, parfois au sein même de la révolution, contre les excès du régime. Hélas, il faudra également faire le tri entre le bon grain et l’ivraie puisque depuis 2003 les États-Unis aident directement ceux qu’ils jugent dignes de lutter contre Fidel Castro et qui seront capables de mettre en place un gouvernement de transition reconnu par Washington – à travers un programme d’aide aux opposants évalué à 40 millions de dollars par an.

La question que tout le monde se pose est de savoir, si une fois la démocratie rétablie à Cuba, il faudra poursuivre la révolution – sans ses excès évidemment – pour empêcher l’île de redevenir un simple satellite des États-Unis. Un contre-pouvoir est en effet indispensable dans cette région du monde, un contre-pouvoir non seulement économique, mais également politique et culturel.

Hélas, Cuba est déjà sous transfusion des États-Unis ; 40 % des importations alimentaires à Cuba proviennent en effet des États-Unis qui sont devenus les premiers fournisseurs de nourriture, et ce, malgré l’embargo instauré contre l’île en février 1962 par un ordre exécutif du président Kennedy.

Le plus étonnant, concernant la normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba, c’est que se sont les réfugiés cubains de la première heure qui s’y opposent le plus, sans doute pour accentuer les pressions contre le gouvernement castriste et brandir par la suite la preuve de l’échec d’une révolution étranglée par son voisin du nord.

Pour mémoire, le sous-secrétaire d’État adjoint aux Affaires interaméricaines, Lester D. Mallory, avait affirmé à l’époque que comme il n’y avait pas d’opposition réelle et efficace au régime castriste, le seul moyen d’affaiblir le régime passait par un désenchantement de la population provoqué par l’insatisfaction et les difficultés économiques. C’est ainsi qu’a également été prise la décision de ne plus créditer l’île dans le but de faire diminuer artificiellement les salaires et de provoquer la faim et le désespoir.

Comme on le voit, démocratique ou pas, le futur de Cuba n’est pas rose et la population de l’île n’est pas encore libérée des restrictions et des pénuries… ni surtout de son encombrant voisin nord-américain.