L’on a souvent présenté les medias dans les pays démocratiques comme le quatrième pouvoir. Ceci, compte – tenue du rôle stratégique que jouent ces derniers dans la bonne marche des institutions républicaines. Ainsi, le journaliste, loin d’être un simple informateur apparaît ici plutôt comme un pédagogue pour la société, et surtout comme une sentinelle pour les gouvernants. Aussi, au regard de la délicatesse du travail qui celui du journaliste, celui – ci devrait être d’une impartialité irréprochable.

En général, dans tout Etat qui se veut démocratique, on rencontre généralement deux catégories de médias : ceux à capitaux privés et ceux relevant du service public.  Cependant, le fait d’être soit du public ou du privé ne devrait en aucun cas enlever à un journaliste la capacité de rester objectif  dans le traitement de l’information. Ceci, en dépit de la ligne éditoriale en vigueur dans sa boite. Puisqu’ici, les faits sont sacrés et les commentaires libres.

Mais, en Afrique, les medias publics ne sont réalité généralement que des boites à résonance qui à longueur de journée sont chargés de distiller des cantiques et louanges à l’honneur des pouvoirs en place. Et les journalistes travaillant pour ces médias n’hésitent pas à se présenter ostentatoirement comme des communicateurs chargés du marketing et de l’embellissement de l’image des tirants en place. Dans les medias publics en Afrique, tout est peint en rose !

Le plus souvent, pendant que les télévisions  privées et internationales présentent les images du choléra qui décime les populations en plein cœur de la capitale,  la télévision dite nationale passe son temps à endormir les pauvres populations avec les images du couple présidentiel à l’aéroport, en partance pour un « séjour privé » en occident. Ou encore, tout le journal officiel n’est qu’une suite d’audiences du chef de l’Etat accordé à des personnalités qui sont venus « développer le pays ». Cet état de chose s’amplifie en période électorale. Tout récemment au Cameroun, en prélude au scrutin présidentiel du 09 octobre dernier, plusieurs observateurs neutres ont noté un grave déséquilibre sur la manière avec laquelle les médias à capitaux publics traitaient les différents candidats. L’on a par exemple vu la Cameroon Radio and Télévision (CRTV) consacrer des journées entières à la diffusion en direct des meetings d’un candidat, au détriment des autres. D’ailleurs, plusieurs candidats s’en sont plaints en vain.

Il est vrai que les médias publics ont pour mission fondamentale de promouvoir l’action gouvernementale. Mais, les journalistes qui y travaillent ne devraient pas perdre en idée qu’ils ont avant toute chose pour mission régalienne d’informer et d’éduquer la population. En Afrique, accepter de travailler pour un media public signifie qu’on s’engage à renoncer à la déontologie journalistique pour désormais s’ériger en agent marketing du gouvernement en place.