Sept journalistes attitrés de « La Presse » se sont constitués, de leur propre initiative, en comité de réflexion et de sauvetage et ont rendu public un document pour «sauver leur journal dont la qualité se dégrade de jour en jour»…

Soufiane BEN FARHAT, H’Mida BEN ROMDHANE, Olfa BELHASSINE, Fadhila BERGAOUI, M’Hamed JAÏBI, Faouzia MEZZI et Raouf SEDDIK- tous journalistes de longue date à « La Presse » et Rédacteurs en chef en grade, s’élèvent dans un document de neuf pages, contre « les conditions de travail inacceptables »  au sein de leur journal, organe du gouvernement. A travers « cette démarche qui se veut revendicative mais aussi constructive», les membres du comité se disent ouverts à toutes les propositions. Contacté par téléphone, l’un d’eux nous confie : « Nous sommes prêts à s’asseoir à la même table avec la direction du journal ou le ministère de tutelle pour trouver des solutions », Car comme ils le soulignent dans leur rapport, «leur motivation est strictement professionnelle, et dénuée de toute considération d’ordre politique ou personnel ».

Leur initiative est née d’un constat peu reluisant, « la détérioration de la qualité du journal a vu tant de lecteurs se détourner vers d’autres quotidiens parce que, comme beaucoup d’entre eux l’affirment, ils ne reconnaissent plus leur journal, devenu le véhicule d’une information insipide et stéréotypée, traitée d’une manière très peu professionnelle et qui ne sert ni le gouvernement, ni les lecteurs, ni l’image du pays. Sans parler de la langue de bois imposée au journal et qui est pour beaucoup dans le découragement des lecteurs ».

Ils évoquent notamment la situation matérielle des journalistes qui « laisse à désirer », le cadre de travail «délabré et vétuste », l’absence de dynamique de groupe « les journalistes sont atomisés, dispersés, cloîtrés dans des tâches spécifiques », le contenu et la forme qui ne répondent pas aux exigences journalistiques «la qualité du contenu se trouve fortement affectée et le produit journalistique réduit à une masse d’informations insipides, qui rebutent le lecteur.(…) La « Une », qui est la vitrine du journal, est quasi-exclusivement réservée aux dépêches des agences de presse (TAP, Reuters et AP). Les genres, appelés dans le jargon journalistique « nobles », tels que les enquêtes, les reportages, les dossiers, les portraits, les commentaires pluridisciplinaires, sont en voie de disparition ».

Les signataires du rapport s’élèvent, par ailleurs, contre la censure, « un fléau qui menace le journal d’anémie profonde ». Ils expliquent : « La dégradation brutale de la qualité du journal n’est pas due aux journalistes, qui restent attachés à l’obligation de faire correctement et consciencieusement leur travail, mais à la pratique systématique d’une forme de censure et de transformation autoritaire des articles, et cela dans tous les domaines : politique nationale et internationale, société, économie, culture, sports, magazine. Même le « Supplément Jeunes » et les articles sur la météo ne sont pas épargnés. Les articles partiellement « corrigés » sont tellement changés que leurs auteurs ne les reconnaissent plus »

Les sauveteurs autoproclamés de « La Presse » se demandent : quels intérêts est-on en train de servir en gérant la rédaction du journal à coups de ciseaux ? On ne sert pas les intérêts du gouvernement, puisque le niveau lamentable atteint par le journal ne fait sûrement pas honneur à son propriétaire. On ne sert pas les intérêts des journalistes qui y travaillent, puisqu’ils sont brimés, frustrés et empêchés de faire correctement, consciencieusement et honorablement leur travail. Elle ne sert pas les intérêts des lecteurs, puisqu’elle leur présente un produit journalistique d’une médiocrité rebutante. Elle ne sert pas les intérêts du pays, puisqu’elle nie ses problèmes et interdit absolument d’en parler. Alors quels intérêts sert-on ?, s’interrogent les sept membres du comité de sauvetage, parmi lesquels figurent quatre responsables de suppléments, le chef de service politique et le chef de service International. Des vieux de la vieille dont les propos dépassent la simple critique pour exprimer « une disposition à concevoir un projet cohérent » à même d’injecter du professionnalisme, du vrai, dans les colonnes de «La Presse ».

Global net – le vendredi 28 mars 2008

Sept journalistes attitrés de « La Presse » se sont constitués, de leur propre initiative, en comité de réflexion et de sauvetage et ont rendu public un document pour «sauver leur journal dont la qualité se dégrade de jour en jour»…

Soufiane BEN FARHAT, H’Mida BEN ROMDHANE, Olfa BELHASSINE, Fadhila BERGAOUI, M’Hamed JAÏBI, Faouzia MEZZI et Raouf SEDDIK- tous journalistes de longue date à « La Presse » et Rédacteurs en chef en grade, s’élèvent dans un document de neuf pages, contre « les conditions de travail inacceptables »  au sein de leur journal, organe du gouvernement. A travers « cette démarche qui se veut revendicative mais aussi constructive», les membres du comité se disent ouverts à toutes les propositions. Contacté par téléphone, l’un d’eux nous confie : « Nous sommes prêts à s’asseoir à la même table avec la direction du journal ou le ministère de tutelle pour trouver des solutions », Car comme ils le soulignent dans leur rapport, «leur motivation est strictement professionnelle, et dénuée de toute considération d’ordre politique ou personnel ».

Leur initiative est née d’un constat peu reluisant, « la détérioration de la qualité du journal a vu tant de lecteurs se détourner vers d’autres quotidiens parce que, comme beaucoup d’entre eux l’affirment, ils ne reconnaissent plus leur journal, devenu le véhicule d’une information insipide et stéréotypée, traitée d’une manière très peu professionnelle et qui ne sert ni le gouvernement, ni les lecteurs, ni l’image du pays. Sans parler de la langue de bois imposée au journal et qui est pour beaucoup dans le découragement des lecteurs ».

Ils évoquent notamment la situation matérielle des journalistes qui « laisse à désirer », le cadre de travail «délabré et vétuste », l’absence de dynamique de groupe « les journalistes sont atomisés, dispersés, cloîtrés dans des tâches spécifiques », le contenu et la forme qui ne répondent pas aux exigences journalistiques «la qualité du contenu se trouve fortement affectée et le produit journalistique réduit à une masse d’informations insipides, qui rebutent le lecteur.(…) La « Une », qui est la vitrine du journal, est quasi-exclusivement réservée aux dépêches des agences de presse (TAP, Reuters et AP). Les genres, appelés dans le jargon journalistique « nobles », tels que les enquêtes, les reportages, les dossiers, les portraits, les commentaires pluridisciplinaires, sont en voie de disparition ».

Les signataires du rapport s’élèvent, par ailleurs, contre la censure, « un fléau qui menace le journal d’anémie profonde ». Ils expliquent : « La dégradation brutale de la qualité du journal n’est pas due aux journalistes, qui restent attachés à l’obligation de faire correctement et consciencieusement leur travail, mais à la pratique systématique d’une forme de censure et de transformation autoritaire des articles, et cela dans tous les domaines : politique nationale et internationale, société, économie, culture, sports, magazine. Même le « Supplément Jeunes » et les articles sur la météo ne sont pas épargnés. Les articles partiellement « corrigés » sont tellement changés que leurs auteurs ne les reconnaissent plus »

Les sauveteurs autoproclamés de « La Presse » se demandent : quels intérêts est-on en train de servir en gérant la rédaction du journal à coups de ciseaux ? On ne sert pas les intérêts du gouvernement, puisque le niveau lamentable atteint par le journal ne fait sûrement pas honneur à son propriétaire. On ne sert pas les intérêts des journalistes qui y travaillent, puisqu’ils sont brimés, frustrés et empêchés de faire correctement, consciencieusement et honorablement leur travail. Elle ne sert pas les intérêts des lecteurs, puisqu’elle leur présente un produit journalistique d’une médiocrité rebutante. Elle ne sert pas les intérêts du pays, puisqu’elle nie ses problèmes et interdit absolument d’en parler. Alors quels intérêts sert-on ?, s’interrogent les sept membres du comité de sauvetage, parmi lesquels figurent quatre responsables de suppléments, le chef de service politique et le chef de service International. Des vieux de la vieille dont les propos dépassent la simple critique pour exprimer « une disposition à concevoir un projet cohérent » à même d’injecter du professionnalisme, du vrai, dans les colonnes de «La Presse ».

Global net – le vendredi 28 mars 2008

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