Johnny Wilkinson ne portera plus le maillot du XV de la rose. Une page se tourne. Et quelle page!

Dans ce sport collectif de combat qu’est le rugby, rares sont les joueurs qui peuvent faire basculer un match à eux seuls. Johnny Wilkinson fait partie de ceux-là.

Wilko est certainement le symbole du professionnalisme dans le rugby moderne. C’est un perfectionniste, un bourreau de travail, quelqu’un qui ne laisse rien au hasard, irréprochable sur mais aussi en dehors du terrain, toujours disponible et faisant preuve d’un respect, d’un fairplay et d’une sportivité de tous les instants. En un mot,Wilko est un exemple pour ce fabuleux sport qu’est le rugby. Un exemple qui restera à jamais dans l’histoire de ce sport.

A jamais, Wilko restera celui qui a permis à une équipe de l’hémisphère nord de devenir championne du monde de rugby. L’Angleterre est d’ailleurs la seule équipe de l’hémisphère nord à avoir remporté la coupe du monde à ce jour. Et elle le doit en grande partie à son légendaire demi d’ouverture. C’est lui, qui à 26 secondes de la fin du temps réglementaire, et alors que les 2 équipes sont à égalité, passe le drop de l’histoire qui permet à l’Angleterre de devenir championne du monde devant l’Australie,….en Australie. Mais Wilko, ce n’est pas qu’un jeu au pied fantastique et un métronome dans les coups de pieds de pénalité et les drops. C’est aussi un incroyable défenseur, un immense plaqueur. Les gens l’oublient souvent. C’est un joueur qui fait toujours le geste juste, la passe juste et qui au fur et à mesure que les années passent, attaquent de plus en plus la ligne d’avantage. C’est un numéro 10 complet, qui sait tout faire, un véritable leader de jeu.

Et pour nous Français, Wilko est aussi celui qui nous a privé de finale de coupe du monde en 2003 et 2007. D’abord 2003, sous une pluie battante, il inscrit la totalité des points de son équipe au pied. Il surclasse alors son vis-à-vis direct Frédéric Michalak, qui était jusqu’alors la star de cette coupe du monde, en alternant à merveille le jeu, en sachant jouer avec les conditions météo avec une occupation au pied diabolique et en concrétisant à chaque fois par 3 points, drop ou pénalité la domination territoriale et physique de son équipe. En 2007 ensuite, dans un match plus indécis où la France, chez elle, partait favorite, Wilko a de nouveau pesé de toute sa classe sur le match, notamment en inscrivant une fois de plus un drop dont il a le secret, à 40 mètres des perches à la dernière minute. Les Anglais l’emporteront 14-9 avant d’être battus en finale contre les Sud-Africains.

Johnny Wilkinson prend cette décision de retraite internationale après le fiasco anglais de la dernière coupe du monde en Nouvelle-Zélande. Ses déclarations suite à cet échec montrent à quel point le joueur était en colère de l’attitude de certains de ses coéquipiers. Wilko ne ressemble en rien à cette équipe anglaise de 2011 et le professionnel qu’il est doit certainement être meurtri de finir sa carrière internationale sur une telle image de sa sélection. Mais à 32 ans, il sait qu’il doit laisser la place aux jeunes talents et le temps nécessaire pour que ces derniers puissent arriver à maturité dans 4 ans pour la prochaine coupe du monde qui se déroulera en Angleterre. Wilko va pouvoir à présent se consacrer à 100% au RC Toulon, ce qui n’est pas pour déplaire à Bernard Laporte et au président Mourad Boudjellal.

"There is a god and his name is Johnny" disaient les journalistes anglais après la victoire en coupe du monde de 2003. Sir Johnny Wilkinson mérite cet hommage.