A la découverte de Joey Alexander, pianiste et compositeur de jazz.
Joey Alexander (de son nom complet Josiah Alexander Sila), est né le 25 juin 2003, à Denpasar à Bali et il a donc 15 ans !.
Il est le deuxième enfant de Denny Sila, son père et de Farah Leonora Urbach, sa mère, amateurs de jazz, qui travaillent comme promoteurs du tourisme local.
Joey Alexander est issu d’une famille métissée d’origine javanaise, néerlandaise et juive allemande, la famille de son grand-père maternel, originaire d’Amsterdam, ayant fui l’Europe durant la seconde guerre mondiale pour échapper à l’holocauste.
Joey a suivi des cours de piano à l’âge de huit ans. Pour justifier son attirance pour la musique et le jazz, il a déclaré « Mon père m’a fait écouter Louis Armstrong quand j’étais dans le ventre de ma mère ».Son père lui a fait écouter, dans la réalité, une grande variété de genres musicaux : jazz et gospel, musique classique, rock et pop.
Son talent, sons sens de la musicalité et du swing, la fraîcheur de ses interprétations et sa maîtrise des fondamentaux du jazz se développent à une vitesse telle, qu’à 8 ans, il est invité par l’UNESCO à jouer du piano en solo, lors de la visite en Indonésie du grand pianiste Herbie Hancock, qui est bluffé par sa performance.
En 2014, Joey et sa famille déménagent à New York afin qu’il développe sa carrière internationale.
Dès son arrivée dans le Grosse Pomme, le trompettiste Wynton Marsalis invite ce jeune prodige, qu’il surnomme : « Mon héros », à jouer avec lui dans le cadre du « Jazz at Lincoln Center ». Les critiques sont très bonnes. Et Marsalis présente Joey, en 2015, au festival de Jazz in Marciac.
En 2015, l’impresario George Wein l’invite à se produire sur deux scènes du prestigieux Newport Jazz Festival.
En 2016, il joue deux morceaux sur la scène des Grammy Awards, dont une interprétation solo de son titre original « City Lightsen ».
Il collabore également avec Esperanza Spaulding et Wayne Shorter à la Maison Blanche à l’occasion de la Journée internationale du Jazz, et il est invité à se produire, à de multiples reprises, au Jazz at Lincoln Center.
Joey est désormais leader d’un groupe, le « Joey Alexander Trio ». Il se produit dans des salles prestigieuses et dans les grands festivals aux États-Unis et dans le monde entier.
Joey a déjà enregistré 4 albums studio dont les deux premiers ont été nommés aux Grammy Awards :
– « My Favorite Things » en 2015, album hommage à John Coltrane
– « Countdown » en 2016
– « Joey.Monk.Live ! », encensé par la critique, sorti fin 2017 pour célébrer les 100 ans de Thelonious Monk
– « Eclipse » en 2018
« Eclipse » a été enregistré en trois jours, à partir du jour de l’éclipse solaire de 2017, avec une fabuleuse section rythmique composée du bassiste Reuben Rogers et du batteur Eric Harland et, comme invité sur trois morceaux, du saxophoniste Joshua Redman. L’album comporte, notamment, des classiques de John Coltrane et de Bill Evans.
Mais avant toute chose, « Eclipse » révèle les talents de compositeur de Joey, qui signe 6 des 11 morceaux de cet album.
Le jeu de Joey Alexander n’est jamais emphatique, ni grandiloquent. Il aborde le piano avec discipline, et livre un jeu tantôt subtil et délicat, tantôt malicieux et sautillant, tout en contretemps. Il possède un sens inné de la mélodie et de la justesse de celle-ci.
Comme sur ses précédents albums, Alexander rend hommage à Coltrane.
« J’aime beaucoup jouer Coltrane, je le trouve très spirituel. Pour moi, c’est ça, le jazz. Ses morceaux mettent du baume au cœur et j’essaie d’y apporter ma touche personnelle » explique t-il.
Avec « Eclipse », Joey Alexander affirme de façon puissante et personnelle sa vision musicale et artistique. Son travail est inspiré de son histoire personnelle, de sa foi, des membres de son groupe, des gens qu’il rencontre et des endroits qu’il visite.
Derrière le piano, se révèle un ado d’une maturité hors norme.
Au sujet de ce don, le jeune pianiste déclare dans un rire : « C’est un don de Dieu, que je dois partager. Je ne crois pas au hasard, ni aux coïncidences. La musique m’a choisi. C’est tout !» Quant à travailler, il ajoute : « Jamais ! Je ne dirais pas que je travaille, je dirais plutôt que je joue. Dans tous les sens du terme. La musique ne sera jamais pour moi associée au boulot. C’est ma respiration. Ma vie ».
Joey possède des arguments imparables pour expliquer son bonheur de jouer :
«Le jazz, c’est une façon géniale d’exprimer ce que tu es. Et puis, c’est une synthèse de toutes les musiques – il emprunte des éléments au classique européen, aux rythmes africains… A ce mélange, tu peux ajouter des sources de musique traditionnelle indonésienne ou des morceaux de ta personnalité.»
Et pour lui, le jazz résonne comme une école de la liberté, sans codes ni carcans : « En jazz, il n’y a jamais d’erreur, tu ne te trompe pas. Seul compte le moment présent »
Un artiste à suivre !