Toutes les mamans savent que leur enfant est différent.
Il est bien-sûr « plus que… » dans des tas de domaines et souvent aussi « plus que… » la plupart de ses camarades. Manque de discernement de la part des mamans ? Sans aucun doute mais je crois que c’est d’abord cela une maman. Même si au fond d’elles, elles savent que leur enfant n’est pas toujours et en toutes circonstances « plus que ».
Les enfants ne sont pas toujours à l’image de leurs parents. Ils leur ressemblent plus ou moins et héritent de certains traits de caractère ou de comportement et parfois de choses moins basiques et plus troublantes qui feront d’eux tout au long de leur existence des êtres un peu différents, un peu « plus que… » la plupart de leurs congénères.
Moi, j’ai cette chance.
Grâce à toi, mon fils, à cette singularité qui creuse le fossé entre ce que tu es et ceux que tu côtois, ceux qui auraient pu simplement être des camarades de jeux –parce qu’avoir des amis tu n’y penses même pas- et avec lesquels tu ne parviens pas à communiquer.
Grace à ta soif de vouloir depuis toujours tout comprendre et tout maitriser des choses et des éléments qui t’entourent. Toi dont cette soif de vie est si particulière et si belle.
Ma vision des choses en est bouleversée et bouleversante. Ma vision de ta vie d’adulte à laquelle je n’ose penser. Et pourtant j’ai foi en la vie, je sens que je progresse sur le chemin de la compréhension mais pas encore de la sagesse. Le chemin sera long, je le sais. Te comprendre pour mieux éloigner les méchants, les bien-pensants les simples d’esprit pour qui tu es juste un petit d’homme déroutant par son intelligence mais tellement agité, qui n’écoute rien et qui semble se moquer des gens et qui donc gâche ses possibilités.
Mais nous on s’en fout, hein mon ange ? Parce que tu avances mon amour, avec droiture et sagesse et que tu ne dois pas regarder les grands qui croient savoir. Parce qu’ils sont ignorants.
Tu vois bien que leur expliquer ne changent leur regard que sur l’instant. Tu surgis et déjà ils ne comprennent plus. Ils ne connaissent pas ce volcan permanent qui vit en toi et que tu ne parviens pas à mettre en sommeil. Une éruption permanente qui fait bouillonner tout ton être.
A enfants différents, parents différents. Je n’aurai pas pensé être une maman « comme ça ». Exit mes principes et autres raisonnements.
Mais j’aime ce rôle que tu m’obliges à tenir car il est une remise en question permanente. Grâce à toi, j’ai découvert le véritable sens du mot patience, mon humilité s’améliore et ma raison d’exister s’accroît.
Ton comportement a éloigné les amis que nous pensions avoir. La sélection naturelle a opéré. Nous sommes entourés de peu de gens, mais nous savons que ceux-là sont vrais. Ils ne jugent pas. Ils comprennent, savent ou écoutent simplement leur cœur et non leur raison. Et tant pis pour les autres. On ne leur en veut pas de ne pas comprendre. Comment le pourraient-ils, eux pour qui nous ne sommes rien sinon des parents qui n’ont pas d’autorité et qui récoltent donc un enfant mal élevé ? Comment leur reprocher leur ignorance quand même la famille se met à juger. Et c’est souvent « à cause de ta mère » tout ça. Trop permissive, trop fusionnelle, trop dans le déni…
Comprendre, je le voulais à tout prix. Mettre des mots sur ce comportement si changeant, si imprévisible, si incontrôlable.
Rencontres avec des « spécialistes » plus ou moins avisés dont les mentors que sont Sigmund, Lacan ou encore Lévi-Strauss pointent du doigt une seule et même personne : la mère. Celle par qui tout arrive, c’est elle la coupable. Elle qui a forcément transmis ses maux à sa progéniture.
J’aurais aimé que ce soit aussi simple. Allez, une petite psychanalyse et c’est toute la famille qui s’en portera mieux. Mais non, tout ne peut pas s’expliquer et parfois on tâtonne, longtemps, et on se remet en question, souvent.
Pas facile de mettre des mots sur un trouble neurodéveloppemental. Ce trouble qui chez toi se traduit spécifiquement pas un déficit attentionnel pathologique et qui donc impacte de façon importante l’ensemble de tes fonctions exécutives comme l’organisation, l’anticipation, la capacité d’ajustement et toutes ces choses qui paraissent tellement logiques et automatiques pour « les autres ».
Ton comportement « à part » je ne le subis plus. Je le vis chaque jour plus sereinement à travers tes maux et ta façon d’être si usante mais tellement attachante que je ne te voudrais pas « différent ».
Parce que je t’aime de façon inconditionnelle.
Quelle magnifique preuve d’amour!
Merci 😉
très beau!
C’est mon cœur de maman qui a parlé 🙂
VALADELIE
Vous avez su mettre ensemble des mots qui s’aiment.
C’est à la fois émouvant et tendrement bon de vous parcourir, encore et encore.
On se réconcilie avec son âme…et ce chemin à parcourir, parsemé d’abnégation, semble tout à coup moins chaotique.
Je vais passer une paisible journée et vous la souhaite douce aussi.
Que de gentillesse et de douceur dans votre commentaire. J’en ai rougis.
Je me permets à mon tour de vous souhaiter des jours à venir paisibles et empreints de douceur.
Il suffit parfois de regarder autrement les choses qui nous entourent pour que ça aille un peu, beaucoup…mieux 😉