Le film actuellement à l’affiche de Jérôme Bonnell (29 ans et déjà trois films à son actif) me fait penser à une chorégraphie curieuse de personnages à énigme, mis en relation de façon désinvolte malgré la profondeur sous-jacente des sentiments.
Dans les six, je n’ai pas compté les chiens qui occupent une place non négligeables dans le scénario aussi ténu et fragile que le fil reliant l’ensemble. D’aucuns le qualifieraient d’intimiste, traduction personnelle : mortel ennui.
C’est une narration silencieuse de non-dits qui progresse avec une lenteur désespérante. Je ne suis pas arrivée à entrer dans l’intimité des personnages, d’où mon désintérêt croissant pour leur sort. Et puis quel manque d’imagination de faire évoluer Jean-Pierre Darroussin en patron de café comme si ce décor et le tablier qui va avec lui collait à la peau depuis le succès du film de Jaoui et Bacri !… Idem pour Emmanuelle Devos coincée dans le même registre de grande fille énervante. Elle interprète ici Agnès, sœur de Louis et femme de Jean-Philippe (Eric Caravaca dans une prestation discrète et peu aboutie) qui attend d’être chahutée. Elle le sera mais brièvement. Elle vivra un moment d’égarement dans les bras d’un jeune homme Stéphane qu’elle a connu enfant. Celui-ci traîne un passé douloureux.
La seule piste du scénario qui méritait d’être exploitée était la relation teintée d’ambigüité de Louis avec une prostituée, Sabine (Florence Loiret-Caille). Hélàs, la belle s’éclipse et Louis se morfond au pied du téléphone. La scène des adieux aurait pu m’émouvoir mais trop tard, je refuse de m’attendrir après une aussi longue attente que quelque chose se passe enfin.
Cette galerie de portraits croisés m’a laissée un goût d’inachevé et de flottement. Qu’ils gardent donc tout leur mystère. Avis aux amateurs ….