Japon : la droite nationaliste perd son Premier ministre

"Je suis bien conscient qu'il existe un courant d'opinion selon lequel je devrais démissionner. Mais nous avons besoin de sortir à tout prix du régime de l'après-guerre. J'ai décidé de rester au pouvoir car je suis intimement convaincu que nous ne devons pas interrompre les réformes", déclarait le 10 septembre le Premier ministre japonais, Shinzo Abe. Ex Premier ministre, devons-nous désormais écrire : deux jours plus tard, il a annoncé sa démission !

Miné par les scandales financiers à répétition au sein de son gouvernement, le chef de file des conservateurs ne disposait plus que du soutien de 30% de ses compatriotes. Au moment où le parlement nippon doit décider de l'extension des opérations japonaises en Afghanistan, qu'Abe appelle de ses voeux, il a jugé sa position politique intenable et préféré jeter l'éponge. L'opposition de centre-gauche, majoritaire au Sénat depuis les élections de juillet dernier, refuse la participation nippone à "des guerres américaines". La voie paraît désormais libre pour son retour au pouvoir. Une bonne nouvelle quand on sait que l'ex Premier ministre avait fait preuve de proximité idéologique avec les thèses de l'extrême-droite nationaliste, dont il avait déjà entrepris de réaliser le programme politique.

C'est ainsi que son ministre de l'éducation, Bunmei Ibuki , avait fait passer en décembre dernier une réforme réintroduisant des cours de patriotisme à l'école et prévoyant des punitions pour les professeurs qui refuseraient de chanter l'hymne à l'empereur et de rendre hommage au drapeau. Mais Ibuki ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin, puisqu'il souhaitait allonger les heures de cours et réintroduire de légers châtiments corporels.

"Le japon a jusqu'à maintenant accordé trop d'importance aux points de vue individuels, expliquait-il. Les droits de l'Homme sont importants, mais s'ils sont trop respectés la société japonaise finira par avoir un désorde métabolique de droits de l'Homme." La démission du Premier ministre aura au moins pour effet de stopper l'inquiétante progression de ce genre de conceptions.