Monsieur le ministre, vous venez de passer une journée à Yamoussoukro: brève mais instructive, n’est-ce pas?
Nous avons eu avec Jean-Marie Leguen, le privilège de vivre quelques moments rares et intenses grâce au Président Gbagbo qui a eu la générosité de nous faire venir jusqu’ici et de nous montrer ses chantiers exceptionnels de la construction d’une nouvelle capitale. En soi, c’est déjà un évènement. Très peu de pays dans le monde ont décidé de construire une nouvelle capitale. Il y a eu l’exemple du fameux Brasilia. Je voudrais ouvrir une parenthèse pour regretter que les Européens ou l’Union européenne n’aient pas construit un Brasilia ou un Yamoussoukro européen plutôt que de choisir Bruxelles ou Luxembourg ou une autre ville déjà existante. Parce que je crois qu’une nouvelle capitale donne à un pays une âme rajeunie, transformée ; une nouvelle dynamique. En plus, la puissance d’Abidjan doit être contrebalancée par d’autres pôles. Yamoussoukro sera de loin un grand pôle intellectuel, politique et économique.
Vous avez d’abord suivi la projection du film de sept minutes présentant les chantiers du transfert. Vous êtes allé sur les sites de l’Assemblée nationale, du Palais présidentiel, de la Voie triomphale : quelles sont vos impressions?
Je ne peux pas ne pas penser à Monsieur Félix Houphouet-Boigny qui a ouvert la voie; le Président Gbagbo a eu cette idée idéale et ambitieuse de transformer le projet initial en un projet grandiose, puissant et je l’espère irréversible. L’impression qu’on a d’abord, c’est que la volonté humaine a d’immenses capacités. Ce chantier creusé dans le sol avec ces prouesses technologiques, l’ampleur du plan, son ambition du pouvoir politique entouré du pouvoir administratif de l’Etat…m’ont sincèrement impressionné.
Certains pensent que de tels projets n’ont pas un caractère productif, surtout en temps de guerre. Quel est votre avis?
Au premier abord, je ne suis qu’un ami de la Côte d’Ivoire. Je ne suis pas Ivoirien; je suis un ami du Président Gbagbo. En même temps, je respecte la souveraineté et la liberté des autorités ivoiriennes. Je ne donne que le point de vue d’un citoyen, qui n’est pas nouveau. Par exemple, s’il y a eu la guerre et la crise, j’ai toujours pensé que, plus un pays rencontrait des difficultés, plus il devrait se fixer de grandes ambitions. L’argument qui est parfois utilisé, même dans mon propre pays, c’est la crise économique pour justifier la réduction d’investissement culturel (la recherche, l’éducation)… Ce sont des arguments que je n’accepte pas. Je dirais, au contraire, s’il y a une crise, c’est une raison supplémentaire pour sortir de cette crise par de nouvelles ambitions nationales ou internationales. Par ailleurs, les investissements comme ceux-là sont nécessairement productifs. Dans l’immédiat, ils font travailler des secteurs, des ingénieurs, des techniciens : ils sont donc créateurs d’emplois. Je crois aussi que l’une des grandes questions auxquelles la Côte d’Ivoire est confrontée est le développement trop important de la capitale actuelle. Avec toutes les difficultés que cela représente en termes de sécurité, de conditions de logements… C’est une bonne idée que de créer une autre ville qui sera une ville-capitale. Quand on se lance dans des grands chantiers comme ceux-là, on l’a vu avec Mitterrand, on se fait critiquer : pourquoi autant d’argent, pourquoi autant de dépenses…Ne vaudrait-il pas faire autre chose ? Rien n’est comparable, mais prenons l’exemple de ce que nous avons fait au Louvre à Paris. On a fait un investissement énorme, énorme. A l’époque, on a été très attaqué. A cette époque, il y avait une crise aussi : elle n’était pas militaire mais financière. Je me souviens de cette belle parole de Mauroy : «Protégez les budgets de la culture, de l’éducation et de la recherche. Quand il y a crise, il faut laisser allumées quelques lumières». Yamoussoukro, c’est la lumière du futur.
Vous avez été ministre de la Culture de François Mitterrand, un Président bâtisseur; vous venez de visiter les chantiers du Président Gbagbo: quels commentaires?
Ecoutez, si un Chef d’Etat n’est pas bâtisseur, à quoi sert-il ? Certes, il sert à représenter la nation, le pays, mais on attend d’un Chef d’Etat qu’il prépare le futur, qu’il ne soit pas seulement le gestionnaire du court terme. Ça compte le court terme, c’est très important. Disons la vie matérielle des gens, la santé, l’éducation, le transport : c’est important, mais en même temps, il faut donner à un pays ou à une nation des horizons plus lointains pour se projeter vers le futur. Quand une nation a un futur, elle est plus créative, plus productive, plus inventive. Avec le Président Gbagbo, je me sens en harmonie, en connivence, en synchronie, en résonance. J’aime les gens comme lui qui sont à la fois patriotes et qui ont le sens de l’Etat.
Monsieur le ministre, vous vous déclarez en phase avec le Président Gbagbo. Les Ivoiriens considèrent que le camarade n’a pas eu le soutien franc des socialistes dans la gestion de la crise.
Oui, c’est vrai, ce que vous dites, à l’exception de quelques-uns : Emmanuelli, Josselin Premièrement, je pense qu’en France même, il y a eu une énorme manipulation, organisée par certains médias et le gouvernement sans doute. Et quelques autres. Quoique de bonne foi, mais ça n’excuse rien, les socialistes ont été victimes ou complices de cette manipulation. Il y a également une grande part de méconnaissance et d’ignorance. Certains socialistes ont manqué de retenue et de capacité d’autonomie par rapport à la manipulation médiatique. Je suis donc venu ici avec mon ami Jean-Marie Leguen pour rétablir le pont entre les socialistes français, le Président Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire. C’est le sens de notre mission. On le fera avec conviction et doigté car le Président Gbagbo est un vrai homme de gauche qui a le sens de la solidarité. Il a été confronté à des situations difficiles sur lesquelles nous allons demander une commission d’enquête. »
Monsieur le ministre, vous venez de passer une journée à Yamoussoukro: brève mais instructive, n’est-ce pas?
Nous avons eu avec Jean-Marie Leguen, le privilège de vivre quelques moments rares et intenses grâce au Président Gbagbo qui a eu la générosité de nous faire venir jusqu’ici et de nous montrer ses chantiers exceptionnels de la construction d’une nouvelle capitale. En soi, c’est déjà un évènement. Très peu de pays dans le monde ont décidé de construire une nouvelle capitale. Il y a eu l’exemple du fameux Brasilia. Je voudrais ouvrir une parenthèse pour regretter que les Européens ou l’Union européenne n’aient pas construit un Brasilia ou un Yamoussoukro européen plutôt que de choisir Bruxelles ou Luxembourg ou une autre ville déjà existante. Parce que je crois qu’une nouvelle capitale donne à un pays une âme rajeunie, transformée ; une nouvelle dynamique. En plus, la puissance d’Abidjan doit être contrebalancée par d’autres pôles. Yamoussoukro sera de loin un grand pôle intellectuel, politique et économique.
Vous avez d’abord suivi la projection du film de sept minutes présentant les chantiers du transfert. Vous êtes allé sur les sites de l’Assemblée nationale, du Palais présidentiel, de la Voie triomphale : quelles sont vos impressions?
Je ne peux pas ne pas penser à Monsieur Félix Houphouet-Boigny qui a ouvert la voie; le Président Gbagbo a eu cette idée idéale et ambitieuse de transformer le projet initial en un projet grandiose, puissant et je l’espère irréversible. L’impression qu’on a d’abord, c’est que la volonté humaine a d’immenses capacités. Ce chantier creusé dans le sol avec ces prouesses technologiques, l’ampleur du plan, son ambition du pouvoir politique entouré du pouvoir administratif de l’Etat…m’ont sincèrement impressionné.
Certains pensent que de tels projets n’ont pas un caractère productif, surtout en temps de guerre. Quel est votre avis?
Au premier abord, je ne suis qu’un ami de la Côte d’Ivoire. Je ne suis pas Ivoirien; je suis un ami du Président Gbagbo. En même temps, je respecte la souveraineté et la liberté des autorités ivoiriennes. Je ne donne que le point de vue d’un citoyen, qui n’est pas nouveau. Par exemple, s’il y a eu la guerre et la crise, j’ai toujours pensé que, plus un pays rencontrait des difficultés, plus il devrait se fixer de grandes ambitions. L’argument qui est parfois utilisé, même dans mon propre pays, c’est la crise économique pour justifier la réduction d’investissement culturel (la recherche, l’éducation)… Ce sont des arguments que je n’accepte pas. Je dirais, au contraire, s’il y a une crise, c’est une raison supplémentaire pour sortir de cette crise par de nouvelles ambitions nationales ou internationales. Par ailleurs, les investissements comme ceux-là sont nécessairement productifs. Dans l’immédiat, ils font travailler des secteurs, des ingénieurs, des techniciens : ils sont donc créateurs d’emplois. Je crois aussi que l’une des grandes questions auxquelles la Côte d’Ivoire est confrontée est le développement trop important de la capitale actuelle. Avec toutes les difficultés que cela représente en termes de sécurité, de conditions de logements… C’est une bonne idée que de créer une autre ville qui sera une ville-capitale. Quand on se lance dans des grands chantiers comme ceux-là, on l’a vu avec Mitterrand, on se fait critiquer : pourquoi autant d’argent, pourquoi autant de dépenses…Ne vaudrait-il pas faire autre chose ? Rien n’est comparable, mais prenons l’exemple de ce que nous avons fait au Louvre à Paris. On a fait un investissement énorme, énorme. A l’époque, on a été très attaqué. A cette époque, il y avait une crise aussi : elle n’était pas militaire mais financière. Je me souviens de cette belle parole de Mauroy : «Protégez les budgets de la culture, de l’éducation et de la recherche. Quand il y a crise, il faut laisser allumées quelques lumières». Yamoussoukro, c’est la lumière du futur.
Vous avez été ministre de la Culture de François Mitterrand, un Président bâtisseur; vous venez de visiter les chantiers du Président Gbagbo: quels commentaires?
Ecoutez, si un Chef d’Etat n’est pas bâtisseur, à quoi sert-il ? Certes, il sert à représenter la nation, le pays, mais on attend d’un Chef d’Etat qu’il prépare le futur, qu’il ne soit pas seulement le gestionnaire du court terme. Ça compte le court terme, c’est très important. Disons la vie matérielle des gens, la santé, l’éducation, le transport : c’est important, mais en même temps, il faut donner à un pays ou à une nation des horizons plus lointains pour se projeter vers le futur. Quand une nation a un futur, elle est plus créative, plus productive, plus inventive. Avec le Président Gbagbo, je me sens en harmonie, en connivence, en synchronie, en résonance. J’aime les gens comme lui qui sont à la fois patriotes et qui ont le sens de l’Etat.
Monsieur le ministre, vous vous déclarez en phase avec le Président Gbagbo. Les Ivoiriens considèrent que le camarade n’a pas eu le soutien franc des socialistes dans la gestion de la crise.
Oui, c’est vrai, ce que vous dites, à l’exception de quelques-uns : Emmanuelli, Josselin Premièrement, je pense qu’en France même, il y a eu une énorme manipulation, organisée par certains médias et le gouvernement sans doute. Et quelques autres. Quoique de bonne foi, mais ça n’excuse rien, les socialistes ont été victimes ou complices de cette manipulation. Il y a également une grande part de méconnaissance et d’ignorance. Certains socialistes ont manqué de retenue et de capacité d’autonomie par rapport à la manipulation médiatique. Je suis donc venu ici avec mon ami Jean-Marie Leguen pour rétablir le pont entre les socialistes français, le Président Laurent Gbagbo et la Côte d’Ivoire. C’est le sens de notre mission. On le fera avec conviction et doigté car le Président Gbagbo est un vrai homme de gauche qui a le sens de la solidarité. Il a été confronté à des situations difficiles sur lesquelles nous allons demander une commission d’enquête. »
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