J’accuse le Leclerc de Champfleury !

 

Après, le "yabon banania", publicité centenaire finalement interdite après l’action en justice d’un collectif d’antillais, Tintin au Congo « blacklistée » dans certaines bibliothèques américaines alors qu’il suffit d’un petit mea-culpa de la famille Hergé en tête de BD pour que l’ouvrage se refasse une santé humanitaire, voici l’africain du Leclerc de Champfleury. Explications.


 

Je ne sais pas d’où vient ce stock soudain d’ananas dans les rayons du Leclerc de Champfleury (marne), mais ce qui est sûr, c’est que depuis septembre, des ananas, coupés, nettoyés, packagés, prêts à manger sont en vente en grande quantité. Ce qui me révulse, c’est que plutôt que de préparer les produits discrètement, sur place ou dans des endroits prévus à cet effet, on a droit à un savoureux spectacle. Lequel ? Celui de l’africain (ou de l’antillais, je n’ai pas demandé son origine) en train de débiter l’ananas, avec une sorte de machette, sur fonds de musique antillaise crachée par les haut-parleurs d’une mini-chaîne improvisée, accompagnée par la voix ensoleillée du coupeur de fruits, les épaules dénudées pour exhiber des muscles brillants et saillants. Il ne manque plus qu’un blanc, coiffé d’un chapeau colonialiste en train de siroter un cocktail et contemplant le spectacle de sa main d’œuvre low cost transpirant sur ses terres, pour que la scène soit parfaite.

Caricature, assimilation, préjugés, cette mise en scène a lieu au milieu d’un ballet de caddies dans l’indifférence générale. Moi, ça me choque.  OK, l’africain (ou l’antillais) en question a un job. Mais que la direction du Leclerc de Champfleury ait concocté, imaginé, cette opération marketing, c’est vraiment rabaisser la condition humaine à des périodes troubles et lointaines… enfin pas si lointain que ça dans l’esprit du directeur du Leclerc de Champfleury. 

12 réflexions sur « J’accuse le Leclerc de Champfleury ! »

  1. Je comprends ce que tu veux dire. Effectivement si cela est mis en scène d’analogie ananas-afrique_noir, etc…oui cela peut soulever des questions.
    Mais parralèlement, tu occulte une autre grosse partie qui en fait peut expliquer tout:
    -n’est ce pas un producteur étranger qui a signé un contrat avec Leclerc et pour mieux vendre son produit coordone tout les éléments pour montrer que son lieu de production est en Afrique/antilles etc?
    -le fait que le mec soit noir peut il être tout simplement une coincidence?

    -si le coupeur était blanc, est-ce pour autant que ça écarterait le fait que derrière la production il n’y ait pas d’esclavage ou de main d’oeuvre a bas prix?

    Immagine que si comme tu le dis il fallait que l’ananas soit coupé en catimini puis amené sur l’étallage, d’un seul coup tu voyais le coupeur, il est noir, dans les ateliers en train de couper…quelle serais ta réaction, « et ben voila un noir que l’on cache en train de bosser, ben oui si Leclerc le mettait en public ca ferait tâche »?

    Que dirais tu si un chinois, venait dans Leclerc avec de la musique chinoise, vendre sur un stand des nems, du canard laqué, du riz cantonais? caricature? exploitation? ou marketing?

    Ensuite tu t’indignes de cette situation, que tout les clients passent sans mots dire. C’est vrai ton raisonnement est plausible et en effet si cette scène décrite est tout a fait dans un rappel du colonialisme, tu as tout as fait raison de porter cela à la conscience de tous.
    Mais je te pose les questions, cela ne te choque pas de voir que la plupart des vigiles des magasins sont souvent noirs? cela ne te choque pas que beaucoup d’agents de nettoyage en blouse avec leur balai et celles qu’on appelle injustement « dame pipi » soient noir(e)s? Cela ne te choque pas que beaucoup de ripeurs (allias éboueurs) soient noirs?…
    Moi, si…car on en vient au même raisonnement met un « blanc » à côté avec un fouet ou un fusil et c’est la même situation, et pourtant personne ne dit rien. Tout le monde passe à côté, patasse le sol alors que ce n’est pas sec, et ils repassent derrière nous sans mots dire pour que quelques secondes après quelqu’un repatasse derrière et ainsi de suite, comme l’esclavage en fait…
    Dommage que tu n’aies pas évoqué ce point dans ton article.

    Mais article pas mal quand même 🙂

  2. Merci Gosseyn pour ton soutien (Gemonsen suite arrive….).
    Julien, ton argumentaire ne manque pas d’intérêts, mais il est, pour moi, hors de propos de comparer les balayeurs de couleur au cas que je présente. Non pas que je ne m’offusque pas du cas des balayeurs noirs, mais pas plus , que je m’offusquerai des balayeurs blancs. La différence, et pas des moindres, c’est l’objectif de l’employeur.
    Dans ton cas, l’objectif de la ville ou de la société qui emploie n’est pas de faire travailler telle personne parce qu’il est noir. Mais, il s’avère que dans la proportion de personnes qui se présentent au poste de balayeur, une majorité est de couleur.
    Dans le cas dont je parle, on a justement placé celui que j’ai appelé « l’africain de Champfleury » au poste de découpe d’ananas sur fonds de musique tropicale, pour sa couleur de peau. C’est évident. Donc, on fait de la pub à cout d’assimilation rapide et malsaine entre l’ananas et l’africain qui découpe à coups de machette. C’est bien cette association, cette image d’Epinale déplacée, qui me gène car elle est our moi une caricature de mauvais goût que j’ai peut-être, j’en conviens bien Julien, un peu trop extrapôlée.

    A+

    Yves.

  3. Bonjour,
    J’avais bien compris le fond de ta pensée, par rapport à cette situation. Et étant donné que je n’ai pas vu la scène, la dimension de caricature est peut etre moins explicite que par écrit.
    Par rapport à ce que j’ai ajouté avec les balayeurs, vigiles etc, tu as raison, malheureusement les principaux candidats sont souvent de couleur. C’est pour ça que je m’étais demandé il y a quelque temps s’il n’y aurait pas des employeurs justement à l’esprit étriqué qui réserve ces « besognes » aux personnes de couleur et non sur les compétences, entretien et objectifs, et donc par analogie dénigrer ces personnes.

  4. Où est le problème ? C’ est le 10% de personnes de couleurs qui est respectés !! Quoi il y a des noirs ?! Ok, montrons des noirs…
    ;D

  5. C’est ce que je dis Vartan. OK, il a un boulot. Ca tout ce que j’ai trouvé de positif, dans cette histoire.
    Julien, tu dis « C’est pour ça que je m’étais demandé il y a quelque temps s’il n’y aurait pas des employeurs justement à l’esprit étriqué qui réserve ces « besognes » aux personnes de couleur et non sur les compétences, entretien, objectifs »….euh…pour du balayage????

    A+

    Yves

  6. J’admets que je deviens également étriqué, pour du « balayage » on ne peut pas s’attendre à des objectifs de rentabilité, d’ascencion phénomènale dans les échelons etc, mais sur les compétences si, connaissances sur les normes de nettoyage et HACCP dans l’agroalimentaire, les connaisssances sur les produits de desinfection etc…
    De même aussi idiot que cela puisse paraitre, tu peux dans un entretien pour un simple poste d’agent d’entretien avancer que tu veux évoluer avec des formations sur les manipulations des engins perfectionnés de nettoyage, intégrer l’équipe Qualité pour participer à la mise en place de protocoles et améliorer la performance de l’équipe sur le terrain, bref monter « innocemment » un ptit échelon et prétendre de ce fait à de nouvelles formations. C’est con mais d’un poste pas terrible tu peux parfois évoluer de manière incroyable.
    Avant de commencer ma formation d’infimier j’étais dans l’agroalimentaire. J’ai travaillé dans un chocolaterie, parmis le personnel y’en a un qui m’a expliqué son parcours. Il était sur la chaine de conditionnement à plier des cartons, à force il connaissait le fonctionnement des machines, il s’est retrouvé responsable d’un des secteurs, comme à plusieurs reprises il a aidé les « cuisiniers » (mouleurs) a dépanner des machines il a demandé à être formé.
    Il est passé cuisinier, et avec toute la paperasse à remplir, les protocoles, etc…il savait gérer les postes sur la chaine de production et comment faire la production sans compter l’administratif, il a demandé à être chef d’équipe avec la formation qui va avec.
    Il a attendu 2 ans mais sa formation a été acceptée…et depuis je sais que désormais il a changé d’entreprise, avec d’autres fonctions et une bonne paye. Comme quoi il a démarré en pliant des cartons pour finir assez haut.

  7. Tant qu’a faire, pourquoi ne pas mettre un eskimo pour debiter les ananas, une personne melanoderne pour vendre les glaces. Un alsacien au rayon taboulé, et un provencal a la ficelle picarde.

    Je pense qu’il faut se calmer un peu avec la chasse anti raciste, la on depasse les bornes du bon sens. Tant que la personne n’est pas mis en situation d’inferiorité par la mise en scene, je demande « ou est le racisme ? ». dans la tete de celui qui met en place le rayon, ou dans la mauvaise conscience du petit blanc a qui cela chatouille la culpabilité coloniale ?

    Si un mec déguiser en auvergnat vend du saucisson, personne ne s’insurge. pourtant, cela cantonne l’auvergne dans une image de campagne arriéré.

  8. XP, Je pense que les caricatures comme les étiquettes ne sont pas saines, homme, femme,noir, blanc ou auvergnat. Beaucoup de gens (dans le monde du travail, notamment) jugent les salariés sur leur paraître avant tout (ce genre de scène dont je parle dans l’article ne fait rien pour arranger les choses). Et je ne l’accepte pas. Si XP, ça vous indiffére, pas moi.
    Super Julien: ton exemple remonte le moral : l’ascenseur social n’est pas mort!!!!

    A+

    Yves

  9. C’est vrai que de faire couper un ananas par une Bigoudaine n’aurait pas bien été perçu pour l’imagerie populaire! Aurait il été choquant qu’à la chandeleur cette même Bigoudaine prépare des crèpes? Je ne suis pas sûr d’y voir une malice quelconque à l’égard des Bretons. Il y a des raisons de faire la guerre aux grandes surfaces, mais là, j’avoue ne pas bien comprendre. 😉

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