Barrack Obama a déclaré que les 40 000 soldats américains déployés en Irak seraient de retour aux États-Unis « pour les vacances ». Entendez la fin de l’année et la période de Noël. Le retrait des troupes américaines a buté sur la question de l’immunité pour les crimes de guerre commis par divers militaires et le fait que les autorités irakiennes doivent toujours faire face à des mouvements de protestation et à des attentats.
Vendredi, le président américain a déclaré que l’ensemble des troupes américaines en Irak seraient retirées et « home for the holidays ».
Les premiers contingents avaient été déployés fin mars 2003.
Huit ans après, et plus de 100 000 morts plus tard, militaires et civiles, cette « guerre américaine » s’achève.
Cette décision a été critiquée par une partie des législateurs républicains qui souhaitent qu’un contingent restreint puisse subsister en Irak. Quelques démocrates ont aussi exprimé des réserves.
En fait, plus de 4 000 « agents de sécurité » américains ou employés par des agences américaines resteront en Irak, essentiellement pour assurer la sécurité de l’ambassade des États-Unis à Bagdad et celle des consulats de Bassora et Irbil. Quelques conseillers techniques militaires devraient aussi assurer une permanence plus durable. Déjà, commente le Los Angeles Times, « les troupes américaines sont pratiquement invisibles dans les rues de la capitale irakienne. Elles sont vues essentiellement lors de la sortie de convois se dirigeant vers le sud pour évacuer le matériel... ».
Plus de 4 400 militaires américains sont tombés en Irak, sur près d’un million ayant servi, en se relayant, en Irak. Le Premier ministre irakien, Nouri Kamal al-Maliki, a été averti de la décision présidentielle par vidéoconférence. Il était initialement prévu qu’environ 4 000 soldats, gradés et officiers restent en Irak pour un temps indéterminé.
La nouvelle a été accueillie en Irak par quelques rares manifestations de liesse et un certain sentiment de soulagement, largement partagé. Les minorités en danger, principalement les communautés chrétiennes, n’étaient pas protégées par la présence américaine, qui créait, au final, plus de tensions qu’elle n’en apaisait.
La mort d’Oussama Ben Laden et celle de Mouammar Kadhafi ont permis au président Obama d’estimer que les États-Unis quittaient l’Irak « en position de force ». Le retrait américain à la fin de l’année 2011 avait été projeté par le précédent président, G. Bush. Mais ce projet avait été controversé en raison des nombreux attentats constatés en Irak. Lesquels risquent de se poursuivre. Le colonel irakien Salam Khaled, de la 6e Brigade, a estimé que « la loyauté des forces armées irakiennes n’est pas nationale, elle est vouée aux partis politiques et aux sectes. ».
Ce retrait intervient alors que l’Otan appuie les forces armées turques dans leur offensive contre des milices kurdes, y compris au nord de l’Irak. Cette offensive a reçu l’assentiment de l’Iran par la voix de son ministre des Affaires étrangères…
Ce retrait, largement dû à des raisons économiques mais aussi au fait que les factions chiites s’opposaient à ce que l’immunité soit accordée pour les crimes de guerre susceptibles d’être sanctionnés par les tribunaux irakiens, laisse les experts divisés.
Kenneth M. Pollack, de l’Institut Saban, a estimé que « la tendance actuelle est inquiétante », rapporte le L. A. Times, car les sunnites seront tentés de recréer des milices armées tandis que les Kurdes sont divisés. L’expert irakien Haider Saeed doute que les classes politiques et dirigeantes irakiennes aient une vision claire des relations futures avec les États-Unis. L’Iran, selon d’autres observateurs, pourrait accroître son influence dans les affaires intérieures irakiennes.