IRAK: Le scandale Blackwater

Le 16 septembre dernier des employés de Blackwater ont été impliqués dans une fusillade à Bagdad qui a coûté la vie à au moins huit Irakiens. Pour les autorités irakiennes, cette fusillade fût la goutte d’eau qui fit déborder le vase.En effet, ce n’est pas la première fois que cette société de sécurité privée se trouve mêlée à un tel incident où les employés ont eût la gâchette trop facile.

Un rapport officiel de la Chambre des représentants aux Etats-Unis prouve que les salariés de la société Blackwater ont été impliqués dans 195 fusillades depuis 2005, la plupart du temps à bord de véhicules en mouvement sans s'arrêter pour compter les morts ou porter assistance aux blessés. Pire encore, on apprend que la plupart des bavures ont été couvertes par le Département d’Etat et que les employés de Blackwater ont participé à des opérations offensives aux côtés de soldats américains, et ce en violation de leur contrat avec le Département d'Etat qui ne les autorise qu'à faire un usage défensif de leurs armes.

Qui plus est, le rapport fait état de plusieurs tentatives pour étouffer les bavures ainsi que d’au moins deux cas dans lesquels la société a acheté le silence des familles des victimes, avec l’autorisation {sic} des responsables du Département d’Etat. Ainsi on apprend que l’année dernière un employé de Blackwater sous l’emprise de l’alcool a tué un garde du corps d'un des deux vice-présidents irakiens le soir de Noël et que moins de trente-six heures après, le département d’Etat américain l’aidait à rentrer au bercail.

Et l’histoire ne s’arrête pas là. Pour éviter que la famille ne fasse trop parler de ce meurtre, l’ambassade américaine en Irak aurait proposée de lui verser 250 000 dollars, somme revue à la baisse (15 000 dollars) après qu’un des subordonnés aurait déclaré qu'une telle somme pourrait inciter « des gens à se faire tuer par nos hommes pour assurer l'avenir financier de leur famille ». Autre arrangement mentionné par le rapport, celui réalisé par un responsable non identifié du Département d'Etat à Bagdad qui, à la suite d’une fusillade mortelle, aurait enjoint Blackwater de verser 5 000 dollars à la famille de la victime.

Ce fonctionnaire avait écrit : « J'espère que nous pourrons rapidement oublier ce malencontreux incident. »
Certes, le Département d'Etat a ouvert des enquêtes et le FBI a annoncé, lundi dernier, l'envoi d'une équipe sur place pour récupérer des preuves en vue de poursuites judiciaires et les représentants du Département d'Etat et de Blackwater ont du témoigner le 2 octobre devant la commission de la Chambre des représentants à l'origine du rapport.

Parmi les personnes sur la sellette, se trouvent Erik Prince, ancien membre des Navy Seals, les commandos de marine, et fondateur de Blackwater il y a dix ans, ainsi que plusieurs hauts responsables du Département d'Etat.  Mais le fait est que les employés de Blackwater ne comprennent toujours pas ce qu’on leur reproche.

Depuis leur arrivée en Irak en 2003, ils ont pris l’habitude d’agir comme des cow-boys, sans égards pour la population, ayant la gâchette facile, sans avoir jamais à répondre de leurs actes, y compris devant les autorités américaines et encore moins auprés de autorités irakiennes. D’ailleurs ils jugent qu’ils n’ont pas à répondre de leurs actes. Cependant quel est le vrai responsable dans cette affaire ? Les employés de Blackwater qui tirent à tout va, les patrons de cette société qui recrutent des dangers publics, les autorités irakiennes qui jusqu’ici avaient plus ou moins fermé les yeux sur ce qui se passait ou les autorités américaines qui ont couvert et continué à laisser faire en toute connaissance de cause ?