Il y a quelques temps de cela, je vous parlais de ma sortie ciné –après presque dix ans d’éloignement des salles obscures- et du merveilleux film que j’étais allée voir : les Intouchables.

Bon, je ne vous refais pas l’article et, à moins de vivre sur une autre planète, vous n’avez pas pu passer à côté du succès rencontré par ce film qui s’annonce déjà comme le plus  grand succès de l’année au box-office.

Si en France il n’est pas rare de reprendre des standards de musique américaine, il n’est en revanche pas dans nos habitudes d’adapter les chefs-d’œuvre cinématographiques d’outre-Atlantique. Manque de moyens, manque d’ambition ou manque de talent ? Quoi qu’il en soit, je ne suis pas fâchée que des films tels que Rambo, Piège de Cristal ou encore l’Arme Fatale soit restés 100% américain. Et puis, qui mieux qu’un américain pour sauver de l’humanité…sinon un véritable américain !

Même si les américains dans leur grande majorité font très souvent preuve de bon goût, d’humilité et de modestie ils leur arrivent d’être à cours d’imagination. Du coup, ils lorgnent du côté des frenchies qui eux ont la réputation de faire du bon cinéma.

Mais au pays de l’oncle Sam, on aime bien s’approprier les choses et les arranger à la sauce américaine. Du coup on a droit à des adaptations décalées et pas toujours très réalistes. On oublia ainsi bien vite Mixed Nuts, remake de l’excellent le Père Noël est une ordure, Point of no return une pâle copie du grand Nikita, ou encore le dîner de cons devenu Dinner for schmucks, au goût un peu fade.

Un succès français est-il synonyme d’un succès américain ? Il semble que non. Peut-être parce que nous n’avons pas les mêmes « valeurs » culturelles. Et puis donner des leçons au monde même au travers d’un film est une chose si subtile,  que seuls les américains y parviennent…et avec un tel talent qu’il ne faudrait pas le leur enlever.

N’essayons pas de rivaliser, c’est peine perdue. Trop sensibles, trop réalistes, pas assez de part au rêve : tel est le cinéma de l’hexagone vu par l’œil averti des cinéphiles américains.

Mais revenons-en à Intouchables.

Les journalistes, les vrais, ceux qui sont vraiment capables de comprendre, d’analyser et de décortiquer un film pour en sortir l’essence même, la substantifique moelle nous expliquent que ce film

« est le fruit d’un conte de fées cauchemardesque : bienvenue dans un monde sans. Sans conflits sociaux, sans effet de groupe, sans modernité, sans crise. A ce titre, en cet automne, il est LE film de la crise, comme si la paralysie d’un des deux personnages principaux n’était pas seulement celle du film, mais celle d’un pays immobilisé et de citoyens impotents à qui il ne resterait plus que leurs beaux yeux pour rire et pleurer. Le beau et plat pays des Bisounours raconté par un film terriblement gentil. »

Là je crois que le message c’est que le monsieur, de Libération il a pas aimé le film !

Moi, je n’’avais pas vu ça comme ça. Je pensais juste avoir passé un bon moment face à un film criant de vérité et certes avec quelques clichés, mais je ne m’attendais pas à voir du Godard.

C’est un film simple qui fait du bien aux « citoyens impotents ».

 

Et parce qu’il semble de bon ton d’être à contre courant voilà que c’est au tour des vrais journalistes américains de s’y mettre :

« Bien qu’ils ne soient pas connus pour leur subtilité, les co-réalisateurs et co-scénaristes Eric Tolédano et Olivier Nakache n’ont jamais produit un film aussi choquant qu’Intouchables, qui met en avant un racisme digne de l’Oncle Tom qui, on l’espère, a définitivement disparu des écrans américains.

La Weinstein Company, qui a acquis les droits du film pour un remake américain, va devoir procéder à une réécriture en profondeur pour rendre acceptable cette comédie qui met le spectateur mal à l’aise. »

« On est mal à l’aise de voir Omar Sy, un acteur charismatique et joyeux, dans un rôle qui n’est pas bien loin du cliché de l’esclave d’antan, qui amuse son maître tout en représentant tous les stéréotypes de classe et de race ».

On dit merci à Monsieur Jay Weissberg, critique à Variety, qui est quand même l’un des sites de référence en matière de cinéma à Hollywood…ça promet !

Pas sûr que ce grand cinéphile américain ait vu les autres films de la paire Tolénado-Nakache, qui c’est vrai ne sont pas des chefs-d’œuvre…et n’en ont pas la prétention. Peut-être est-ce pour cela que ce monsieur doute du talent de nos deux français. On pourra maintenant leur parler d’un « avant » et d’un « après » intouchables, sans qu’ils renient pour autant ce qu’ils ont fait auparavant.

Qui peut en dire de même de l’autre côté de l’atlantique ?!