Qui n’a pas entendu parler de « Intouchables », le film qui, actuellement, agit tel un raz de marée dans les salles obscures françaises? Qui parmi vous a validé son ticket de cinéma pour aller par curiosité admirer la dernière œuvre du réalisateur Olivier Nakache et de son comparse et ami Eric Toledano? Un film sensible, drôle, où larmes de joies et de tristesses se mêlent et se confondent approximativement durant 2h, sans que jamais la lassitude ne gagne les spectateurs. Mais « Intouchables », c’est quoi exactement? Et surtout, qui sont les VRAIS "Intouchables"?

 

 

L’Histoire du Film.

 

« Intouchables », fable moderne et improbable rencontre entre un riche aristocrate (prénommé Philippe), devenu tétraplégique suite à un malencontreux accident de parapente et un jeune de banlieue (prénommé Driss), livré à lui même qui flirtent avec la loi continuellement refusant toutes formes d’autorités.

 

 

 

Philippe, vivant dans son hôtel particulier, veuf, père adoptif d’une adolescente imbue d’elle même ne respectant plus autrui, est à la recherche d’une nouvelle personne capable de l’assister dans la vie de tous les jours et dans les gestes du quotidien. Driss, désireux de faire simplement signer la convocation qui lui a été remise par le Pôle emploi se présente alors chez le riche héritier. La prise de contact est faite. Les premières blagues sous forme de maladresses fusent et le numéro de duettistes se met en place entre Philippe (interprété par François Cluzet) et Driss (interprété par Omar Sy).

 

L’Histoire Vraie.

 

« Intouchables », il faut le savoir est inspiré très largement d’une histoire vraie, celle de Philippe Pozzo di Borgo et Abdel Sellou.

Philippe Pozzo di Borgo, directeur des champagnes Pommery (Groupe LVMH), hériter de l’aristocratie française, était avant l’accident qui lui couta sa mobilité le 23 Juin 1993, une sorte de grand bourgeois kamikaze selon ses proches, et n’hésitait pas à braver tous les dangers pour aller toujours plus loin et toujours plus haut. Un entrepreneur passionné par le parapente bien qu’il n’ait eu aucune formation pour cela et qui connu son dernier vol en solo à Crest-Voland en Savoie à l’âge de 42 ans. Un vol en compagnie de ses deux amis Ballu et Leche, compagnons de sensations fortes et partenaires de joutes aériennes.

 

 

 

 

Homme marié et père de deux enfant (Laetitia et Robert-Jean), Philippe Pozzo di Borgo va donc se voir clouer de force au plancher des vaches et devoir se battre pour rester en vie après s’être sectionné la moëlle épinière entre les vertèbres C3 et C4.

Quelques années plus tard, nouveau drame dans la vie de Philippe Pozzo di Borgo, sa femme Béatrice qui se battait depuis une dizaine d’année contre un cancer décède. Quelques temps avant ce décès et alors qu’il ne pouvait seul s’occuper de lui même, de ses enfants et de sa femme mourante, le riche hériter déposa une offre d’emploi pour trouver un auxiliaire de vie. Abdel Sellou fraîchement sorti de prison avait fait irruption dans la vie de Philippe Pozzo di Borgo répondant à l’offre d’emploi avec pour seul but de se faire signer un papier de présentation à l’embauche et donc de continuer à toucher les Assedic. Finalement, l’alchimie faisant, Abdel Sellou resta aux petits soins du prince durant 10 ans, résidant chez lui, s’occupant de tout, et redonnant le goût de la vie à son employeur. Philippe Pozzo di Borgo ira jusqu’à dire sur le ton de l’humour qui le caractérise, que Abdel était resté car il avait trouvé là "un hôtel particulier ressemblant à un coffre fort géant." Ambiance.

 

Le Rôle d’Abdel.

 

Comme le confiait Philippe Pozzo di Borgo au journal le JDD ces derniers jours, le rôle d’Abdel a été déterminant pour sa survie : « À l’époque, je ne pouvais plus bouger et je devais m’occuper de mon épouse malade et de nos deux enfants. J’avais besoin de deux bras pour me trimballer partout, d’un corps pour m’assister (…) Lorsque ma femme meurt, Abdel comprend que je vais sombrer. Il m’a pris en main, m’a baladé partout, emmené voir des filles. On filait en Rolls, qu’il conduisait sans permis, dans sa cité pour visiter des copines. Il me faisait fumer du shit et troussait les employées dans le salon. Notre vie, c’est le film avec des bonus inracontables . »

Une complicité étonnante entre deux personnes diamétralement opposées, qui vanne après vanne se sont rapprochés jusqu’à devenir plus que des amis. Une largesse de langage sans limite comme le confiait Philippe à un quotidien ces derniers jours, racontant l’une des blagues préférées de Abdel : « Tu sais où on trouve un tétra? Là où on l’a laissé."

Une devinette humoristique non reprise dans le film, mais rassurez-vous bien d’autre répliques du même genre sévissent dans le film comme la plus célèbre sans doutes d’entre elles actuellement : "Pas de bras, pas de chocolats".

 

 

 

 

 

Une histoire digne des contes de fées où le mélange improbable des classes sociales se marie à la perfection. Une histoire d’amitié, raconté dans la biographie de Philippe Pozzo di Borgo (« Le second souffle) et qui a fait l’objet d’un reportage diffusé en 2003 («  A la vie à la mort »). C’est d’ailleurs suite à ce reportage que les réalisateurs actuels du film ont eu l’idée du tournage.


La Prise de contact, et le lancement du projet.

 

Après un contact avec Philippe Pozzo di Borgo, Eric Toladeno et Olivier Nakache ont donc emmené Omar Sy et François Cluzet s’immerger dans le quotidien du tétraplégique héros du film durant 3 jours, chez lui, au Maroc. D’emblée et ne connaissant pas selon lui les deux acteurs, Philippe Pozzo di Borgo a voulu « tester » à sa façon les acteurs en demandant à Omar Sy de se positionner à côté de lui à table et de le faire manger. Surprise pour l’équipe, mais défi relevé par le jeune comédien tandis que François Cluzet observait la scène absorbant déjà la façon de vivre de son futur personnage.

Remarié, toujours en contact étroit avec Adbel Sellou, Philippe Pozzo di Borgo a été emballé par le projet, mais n’avait que deux requêtes avant de la valider définitivement. La première, que 5% des bénéfices du film soient reversés à son association « Simon de Cyrènes » qui se bat en faveur de l’autonomie des handicapés, la seconde que le film soit drôle, presque une comédie et qu’il ne vire pas dans le mélodrame. Requêtes acceptées par les deux réalisateurs pour le plus grand bonheur de notre « tétra » comme il aime à s’appeler, et pour celui des millions de personnes qui se sont déjà ruées dans les salles obscurs pour s’émoustiller les glandes lacrymales, tantôt pour la tristesse, mais surtout pour le rire.

 

                     

 

Au final, c’est un film somptueux et savamment dosé qui a été concocté par les deux réalisateurs de « Nos jours Heureux », mêlant bon nombres de clichés en tous genres, traitant de la drogue, de l’exclusion, des banlieues, de l’art, de la solitude, de la misère sociale, du handicap, … mais surtout de l’amitié improbable entre deux hommes que pourtant tout opposait à la base.

 

 

Lien : Le Second Souffle // Association "Simon de Cyrène" //Site de Olivier Nakache et Eric Toledano

 

Vidéos du film :

 

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