– Mesdames et messieurs, bonjour ! Aujourd’hui nous avons le plaisir de recevoir un invité prestigieux, trop souvent absent des écrans, mais dont la place dans la société est primordiale, alors, M. Droit de vote, bonjour !

– Bonjour, vous avez un beau plateau !

– Merci, alors première question, depuis quand œuvrez vous?

– Avant toute chose, il s’agit d’un travail familial que l’on se transmet de génération en génération, depuis plus de 200 ans. C’est au moment de la Révolution que notre famille a commencé à œuvrer. Louis XVI souhaitait la convocation des Etats Généraux, alors mon arrière arrière-grand-père, Droit de vote Censitaire, a travaillé comme un malade cet été là afin de désigner les représentants des Trois Ordres. Il était assez réac l’aïeul, pas très tolérant, il ne permettait qu’aux hommes âgés de plus de 25 ans et payant un impôt d’exprimer leur voix. Il ne prêtait aucune attention aux autres membres de la société même s’ils avaient manifesté leur mécontentement. Avec l’âge, il vieillit et passe le relai à son fils, un peu plus ouvert sur le monde, il permit à tous les hommes de voter dès 1792. Assailli par des doutes existentiels, il est revenu sur sa décision puis finalement, son fils, a fait de nouveau volte-face. En 1944, c’est maman qui a pris la relève, elle a permis à ses congénères d’exprimer leurs opinions politiques. Puis c’est là que j’interviens, j’ai permis, il y a 50 ans, à tous les français majeurs de pouvoir choisir le Président de la République. L’homme qui nous représente et façonne la politique du pays pendant 5 ans.  

 

– C’est une entreprise qui a du vécu, vous n’avez pas peur qu’elle périclite à force?

 

– Vous savez, se passer de moi serait vraiment mal vu, on s’est battu pour m’avoir, je suis un garant de l’égalité entre les citoyens quel que soit leur niveau de vie

 

– N’est-ce pas une position trop présomptueuse ?

 

– Sans me vanter, non! Vous voyez, sans moi, on pourrait voir revenir le spectre d’une société dictatoriale où le pouvoir serait concentré dans les mains d’un seul. C’est ce que vous voulez pour vous et vos enfants ?  j’en doute fort.

 

– Alors comment expliquer qu’à, moins de 7 jours, du premier tour, on entend encore des gens dire qu’ils n’iront pas glisser le bulletin dans l’urne?

 

– Oui, il parait que cette année, je connais un record d’impopularité. Je crois savoir que certains électeurs sont déçus de la politique et de ses professionnels, ils manifestent leur mécontentement de cette façon, mais ce n’est pas la bonne option. Même s’ils ne sont plus d’accord avec eux, ce qui est compréhensible, ils peuvent toujours voter blanc afin de soulager leur conscience citoyenne. 

 

– Justement, en parlant du vote blanc, vous ne trouvez pas cela désolant le fait qu’il soit considéré comme nul ? 

 

– Si, si, mais heureusement des actions sont menées pour qu’il soit reconnu. Vous savez en Suisse, chez nos amis helvètes, c’est le cas. N’oubliez pas que le vote par procuration existe aussi. C’est tout simple, suffit juste de trouver des personnes de confiance qui voteront pour vous. 

 

– Ah, pouvez-vous nous en dire plus ? 

 

– Bien sûr !  Tout d’abord pour pouvoir voter de cette façon, il faut être inscrit sur les listes électorales, vous et votre mandataire. Il faut avoir une preuve officiellement reconnue, comme un handicap, un départ en vacances ou être détenu en prison. A ce moment, il faut rédiger une déclaration sur l’honneur précisant l’incapacité expliquant pourquoi vous ne pouvez-vous rendre dans l’isoloir, se rendre au commissariat le plus proche avec une pièce d’identité. Mais attention, le temps est compté, vous avez jusqu’à samedi. Courez-y ! 

 

– En guise de fin, je vous laisse le dernier mot pour essayer de convaincre les électeurs d’aller voter le 22 avril prochain puis le 6 mai.

 

– Quelle responsabilité (rires) ! Voter, c’est une formidable opportunité de pouvoir changer les choses. On entend souvent des phrases du type «  c’est tous les mêmes, ce sont des menteurs, je ne fais plus confiance, etc. » Sachez que dimanche, vous pouvez faire part de cette déception. Vous pouvez parler, dire que vous en avez marre ! Le geste est tout simple, je connais des travaux plus pénibles en ce monde, il suffit de prendre un bulletin, l’insérer dans une enveloppe et de la mettre dans une urne tout en signant la liste d’émargement. Avouez que c’est simple ! Prenez conscience que dans certains pays autoritaires, voter est un rêve, le peuple ne peut exprimer librement ses opinions, alors ne faites pas les enfants gâtés, je compte sur vous, votez ! Je vous en serai plus que reconnaissant. 

 

– Merci, pour cette entrevue, ce fut un plaisir ! 

 

– C’est moi, pour une fois que l’on me donne la parole aussi librement, j’en profite ! (rires)