Bonjour Sylvain Corvaisier, pour commencer,  pouvez-vous présenter votre parcours, ainsi que votre société ?
Je suis le fondateur et responsable opérationnel de NeoMusicStore . Présent dans la musique sur Internet depuis 1996, j'ai notamment participé à DJing.com, site dédié aux musiques électroniques et suis l'un des fondateurs de Kioskradio, projet aujourd'hui avorté de webradio personnalisable lancé en 2000, sur un modèle similaire à celui de Last.fm aujourd'hui. J'ai également travaillé chez l'hébergeur d'une plateforme française avec DRM. Le site NeoMusicStore.com existe en tant que tel depuis janvier 2005 et propose actuellement un catalogue en provenance de plus de 200 labels indépendants pour plus de 4500 artistes.

Quelle a été l’idée fondatrice du site ?
Editeur d'un site dédié à l'électronique (DJing.com), j'étais en contact avec plusieurs labels indépendants qui ont exprimé courant 2003 leur volonté de proposer leur musique sous forme de téléchargements. Mi-2004, la technologie du site à été intégrée sur un site de label indépendant, Brique Rouge, faisant de ce label le premier éditeur français à proposer une solution de vente directe par téléchargement en MP3 sans DRM.

Comment a été assuré le financement du projet ?
Le financement a été entièrement réalisé sur fonds propres.

Etes-vous à la recherche de partenaires pour amplifier votre développement ?
NeoMusicStore est toujours à l'écoute d'acteurs du monde indépendant pour faire évoluer ses services. Certains éditeurs ou artistes pourraient à l'avenir s'impliquer encore plus dans son développement. En revanche, aucune participation d'investisseurs à but spéculatif n'est prévue.

A quelle date est prévue la rentabilité de votre  projet ?
Parce que développé en fonds propres et 100% en interne, les dépenses ont toujours été maîtrisées. Le projet ne perd de ce fait pas d'argent aujourd'hui, on peut donc estimer qu'il est "rentable".

Comment jugez-vous l’accueil par les internautes ?
Excellent par les anglais et les américains, un peu plus timoré par les Français peut-être légèrement en retard sur le téléchargement (ce qui est confirmé par les chiffres de l'IFPI) mais le potentiel n'en demeure que plus grand.

Quelles sont les dernières nouveautés mises en ligne et quelles sont les évolutions prévues ?
Le site vient de s'ouvrir aux artistes non signés qui souhaitent faire de la vente directe sur leur site perso, ou MySpace avec comme principales particularités que les artistes sont libres des contenus qu'ils mettent à disposition (support, formats, débits), et sont payés en temps réel, et non plusieurs semaines après la commande avec le jeu des paliers de reversement usuel à leur égard dans le secteur. Le site proposera toujours plus de fonctionnalités de recommandations, découvertes, car c'est là que se situe l'enjeu pour les productions indépendantes

Quelles sont les ambitions du site en matière d’affluence et d’expansion internationale ?

Le site est aujourd'hui disponible en langue anglaise car ce sont les anglais et les américains qui, de loin, consomment le plus de musique d'abord, par téléchargement ensuite. Une version française est néanmoins planifiée pour les prochaines semaines.

Comment positionnez-vous votre site par rapport à la mouvance web2.0 ?
Difficilement car j'ai du mal à comprendre ce qui caractérise un site web 2.0. Si ce sont des sites qui lèvent des fonds sans avoir de réel modèle économique viable, dans le seul espoir de se vendre cher à Google, Yahoo ou Microsoft, NeoMusicStore n'a rien à voir avec le web 2.0 puisque développé en fonds propres avec des passionnés plutôt que des spéculateurs. Si c'est de laisser à chacun la possibilité de diffuser ses contenus, on n'a pas attendu le terme marketing "web 2.0" pour le faire… Si c'est d'utiliser l'Ajax, on ne l'utilise que pour le confort de navigation sur le site.

En conclusion Sylvain, quel est votre souhait le plus cher ?
Que la réelle finalité de la musique sur Internet, à savoir un lien direct de l'artiste, d'un groupe d'artistes, à son public, se concrétise pour que les freins au développement (DRM, fichiers de qualité médiocre, commissions et contrats abusifs) mis par tous les acteurs dispensables (majors, intermédiaires divers, banques) s'effacent…