Ancien détenu politique (1975-1983) pour «atteinte à la sûreté de l’Etat et outrage au Chef de l’Etat», ancien ministre du gouvernement en exil du BDP (Bongo Doit Partir), Paul Okili Boyer a accordé une interview à Gaboneco.com.
Il se prononce ici sur le BDP, Pierre Mamboundou, Zacharie Myboto, Paul Mba Abessole, l’alternance/succession à Bongo Ondimba, le rachat de la dette du Gabon au Club de Paris, la visite au Gabon de Nicolas Sarkozy et bien d’autres sujets ; le tout clairsemé de nombreux souvenirs de son parcours et de noms que bien des gabonais commencent à oublier.

Paul Okili Boyer vous êtes souvent perçu par le public gabonais comme un ancien membre du BDP qui avait dénoncé ses acolytes en vue de rencontrer Omar Bongo Ondimba et qui, ensuite, est retourné s’opposer au régime en place. Pouvez-vous rappeler ici votre parcours politique et préciser votre positionnement actuel ?

Okili Boyer :Effectivement, la question que vous me posez a tout son sens, je suis resté fidèle d’une certaine logique : simple à étudier, comme simple à comprendre. Vous me parlez de 2003, époque ou Son Excellence Jean Marie Adzé, Ambassadeur, haut Représentant du Gabon en France m’a demandé de me rendre au Gabon pour y rencontrer Omar Bongo et faire taire une fois pour toutes les problèmes de plainte que j’avais portée contre le chef de l’Etat depuis 1994, et aussi venir une fois pour toutes m’expliquer sur ma participation aux côtés de Daniel Mengara dans son Gouvernement en Exil du BDP, en qualité de Ministre de la Défense Nationale. Je précise que je suis bien venu au Gabon le 18 juillet 2003 après 21 ans d’exil, mais que je n’ai pas rencontré Mr Omar Bongo. J’ai plutôt mis à profit mon voyage pour voir ma mère à Louis (Orety) que je n’avais pas vu depuis de longues années. Mr Omar Bongo avait bien trop d’audiences pour recevoir un « Makaya » comme moi. Mais, il faut quand même relever ceci : Si une seule personne peut me démontrer que j’ai eu, à cette époque, à « Vendre » le BDP de Daniel Mengara, qu’elle se fasse connaître avec sa preuve. Je serais heureux de la féliciter, pour sa contribution à l’effort de vérité nationale. Quand à mon parcours Politique j’y reviendrais, si vous me le permettez, en fin de propos.

Lors de l’un de vos voyages à Séoul en Corée au début des années 90, vous vous êtes montré proche de Pierre Mamboundou. Qu’en était-il dans les faits et que pensez-vous actuellement du leader de l’Union du peuple gabonais (UPG) ?

Okili Boyer :Si vous voulez parler de Pierre Mamboundou, c’est vrai qu’Il y aurait beaucoup à dire. Le maintient de son statut d’homme intègre est un honneur pour notre pays. Oui, c’est vrai que relayé par la presse asiatique de l’époque, j’ai avec foi apporté mon soutien à Pierre Mamboundou et j’ai expliqué auprès des médias et des étudiants, à l’époque, que « Meilleur que lui était difficile à trouver et que le passé de Monsieur Mamboundou en tant que « responsable » de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique faisait de lui un parfait connaisseur des arcanes politiques internationales. D’ailleurs, j’avais discuté de cela quelques semaines avant avec Monsieur Saturnin Nang Nguema à l’Hôtel Intercontinental de Paris, lui expliquant que je tenais à « bouger » pour ce haut responsable Gabonais que j’appréciais beaucoup. Mon propos était suscité par deux raisons :

1/ Le fait qu’après la Conférence Nationale au Gabon, il fallait une ouverture à des nouvelles idées et à des nouveaux choix.

2/ Que le choix dans la position d’un Gabon responsable et respectable devait passer par la « Vision » intrinsèque d’un Homme de valeur, pour remettre en place un nouvel espace de «Conscientisation».

A cette époque Pierre Mamboundou représentait cette alternative au plus haut point. Aujourd’hui, Monsieur Pierre Mamboundou auquel je n’ai pas souhaité me rattacher lors des dernières présidentielles de 2005, garde toute mon estime, de par sa valeur ajouté pour notre démocratie gabonaise. Car, contrairement à ce que certains pensent, Pierre Mamboundou est un homme respectueux de la parole donnée et intègre dans ses choix politiques.

Croyez-vous vraiment que l’on puisse contribuer à changer les choses au Gabon en se tenant loin de l’arène politique, dans ce que de nombreux gabonais perçoivent comme un exil “peinard” ? Mais encore, qu’avez-vous fait de concret, politiquement, ces dernières années ?

Okili Boyer :Il y a deux « écoles » qui peuvent s’opposer : Ceux qui font de la figuration et ceux qui ont dans leurs cœurs le « Virus » de la Gabonité responsable. Je fais essentiellement partie de la seconde école et quelque soit le lieu où je me trouve, je pense que le Gabon reste dans mon espace de vie comme une des composantes essentielles de mon « entité sociale ». Je vis un exil pas trop difficile si on compare mes années d’exil actuels, aux années passées à Gros Bouquet de 1975 à 1982 pour « atteinte à la Sûreté de l’Etat et outrage au Chef de l’Etat ». Mais, quand je sais qu’un certain et actuel ministre de l’Intérieur m’a « Interdit de venir au Gabon en décembre 2005 » au décès de ma mère alors que ce même ministre de l’Intérieur a été durant les années 1982-1983 mon propre compagnon de combat au sein du Morena-Paris, je me pose certaines questions sur le « karma politique et familial » de certains de nos gouvernants. Mais vous m’avez aussi posé une question sur le concret de mon combat politique durant ces dernières années, loin de la terre natale. Il m’est donc une obligation de répondre a cela, en quelques mots :

Mon appartenance jusqu’en 1993 au Morena, mon appartenance de 1992 à 1994 en tant que Président au Forum des Démocrates et Républicains, ma fonction de président du Front d’Action Gabonais de 1992 à 1996 et de 2005 à nos jours, ma fonction en tant que membre du CCAD–Paris, ma fonction en tant que vice-Président et Secrétaire général du « Renaissance du Bloc Démocratique Gabonais » aux cotés du président Meyo Me Ndoutoume, ne sont que les parties émergées de mon engagement Politique. Le Gabon et l’Afrique sont présents dans mon engagement de chaque jour tant comme membre de la diaspora gabonaise que comme militant socialiste en France, œuvrant pour un monde meilleur et plus égalitaire.

L’exil vous offre certainement une bonne distanciation vous permettant de mieux observer le Gabon. Quel est donc votre point de vue sur les personnalités et les points suivants :
-Le rachat récent par le Gabon de sa dette au Club de Paris ;
-Les institutions républicaines du Gabon et le déséquilibre des forces politiques au sein de son parlement ;
-L’Union gabonaise pour la démocratie et le développement (UGDD) et son leader Zacharie Myboto dont on vous croyait proche ;
-La récente visite de Sarkozy au Gabon.
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Okili Boyer :L’exil n’est pas une fin en soi. C’est surtout la résultante d’un état de fait, quand à la distanciation comme vous le dites, je rappellerais aux petits frères que vous êtes comment le Professeur Charcot expliquait au début du XXème siècle le rapport rationnel entre la distance et la réflexion :

La distance est une valeur d’appréciation d’éloignement, et en ce sens une valeur qui fait appel à une notion partagée par plusieurs (éventuellement la Société). La réflexion, elle, est une valeur personnelle qui fait appel à l’esprit de synthèse et cette valeur ne peut être valorisée que par l’intériorisation. Ceci étant dit je vais répondre à vos questions, méticuleusement mais surtout en privilégiant, « Ma » réflexion, et en occultant momentanément « La » distance.

A))  Rachat de la dette Gabonaise, auprès du Club de Paris :

Je rappellerais d’abord, que ce rachat porte sur 15 ou 20% (ce qui est d’ailleurs énorme) de la dette gabonaise. Contrairement à la croyance populaire qui porte à penser que cela donnera une bouffée d’Oxygène a la Nation, les principaux pays créanciers disent ceci :

Le Gabon d’Omar Bongo a bénéficié d’un traitement de faveur, sous l’impulsion directe du président de la République française.

La plate-forme Dette & Développement dénonce le soutien inconditionnel de la France au gouvernement autoritaire et corrompu du Gabon et demande une annulation de la dette des pays du Sud selon des critères équitables et transparents.

C’est la première fois depuis sa création en 1956 que le Club de Paris, qui réunit les 19 principaux pays créditeurs, accepte un rachat anticipé de dette à une valeur décotée.

Or, le Gabon est très mal géré et la haute administration, en confondant finances publiques et argent privé, met en péril la nation Gabonaise. L’affaire Elf a mis en évidence des détournements d’environ 30 millions d’euros par an. Le parquet de Paris vient d’ouvrir une enquête pour recel de détournement de fonds publics concernant le patrimoine immobilier de son président. Selon l’indicateur de «gouvernance» de la Banque mondiale, le Gabon est un des pays les plus mal gérés de la planète.

C’est la France, qui a imposé la mesure au Club de Paris. Le président de la République Française est intervenu directement pour que ce cadeau de plus de 150 millions d’euros promis soit livré avant son voyage au Gabon. Pourtant, le candidat Nicolas Sarkozy s’était engagé en mai 2006, à Cotonou, à «refonder la politique africaine de la France sur des relations transparentes et officielles entre pays démocratiques», de «tourner la page des complaisances, des secrets, des ambiguïtés».

Je m’associe à la plate-forme Dette & Développement pour demander la transparence au gouvernement français  en ces termes :

-La république Française se doit d’énoncer clairement ses critères pour décider d'une annulation.

-La république Française se doit d’exiger un droit de regard par les citoyens gabonais sur les fonds libérés parl’allègement de dette.

B )) Déséquilibre des forces Gabonaises représentées au Parlement de la République

Après les élections présidentielles de fin 2005 et les manipulations excessives qui ont montrées les tenants d’une politique d’irrespect du Citoyen, nous avons eu toutes et tous droit à la suite de l’épisode…. C’est à dire l’élection des représentants du Peuple.

Nous sortons depuis 15 ans, d’une politique de parti unique, et le citoyen gabonais a le droit au respect de « Son » vote, et quand nous savons comment les gabonais de la Diaspora soutiennent avec ferveur Pierre Mamboundou, comment la vague « Rouge » a soutenue au Pays « Son » Leader, c’est sur et certain que les services de Son Honneur Madame Mborantsuo, présidente de la Cour Constitutionnelle n’ont pas vraiment fait leur travail, ou alors les rapports qui lui ont été remis étaient truqués et ne reflétaient pas vraiment la réalité.

Pareil pour Monsieur Myboto et ses partisans. Quoique à moindre échelle, car Monsieur Myboto est toujours un « Affidé » du régime. Il ne doit son ascension qu’au fait que ses rapports familiaux avec Monsieur Omar Bongo ont montrés au vu et au su de la nation gabonaise que son implication comme « Opposant » n’était qu’une façade sans aucun fondement.

Monsieur Mba Abessole quand à Lui est un homme sincère dans le propos et en ce sens il a encore beaucoup de partisans qui sont souvent « déboussolés » par les mensonges éhontés qui sont colportés sur lui.

Tout cela fait souvent réfléchir sur cette Assemblée Nationale, qui loin d’être le reflet du peuple, est plutôt par son unique « Couleur » dominante, le reflet du pouvoir.

C )) Zacharie Myboto et l’UGDDJe crois avoir répondu concernant la personne de Monsieur Zacharie Myboto. Je ne reviendrais donc pas sur son personnage qui pour moi oscille entre les extrêmes et ne pourra jamais avoir une stature d’opposant véritable. Raison pour laquelle entre l’Original et le clone, j’ai préféré faire appeler à voter pour l’original, c'est-à-dire Omar Bongo Ondimba en fin 2005, dont la politique des Actes pour le Gabon, est en train de se mettre en place… actuellement.

D )) La visite de Son Excellence Monsieur le Président Sarkozy au Gabon

Je la trouve très appréciable. Elle démontre la continuité des liens entre le Gabon et la France qui ne se sont pas affaiblis depuis 1839, année du traité entre Bouet Willaumez et le roi Denis Rapontchombo.

Cela est un honneur pour le Gabon que le Président de la République Française dont l’un des principes régalien est la politique étrangère, vienne en première visite de tournée Africaine sur la terre natale de N’tchoréré, d’Adandé, de Gondjout, de Damas, d’Amogho, de Léon Mba, de Paul Marie Yembit, de Stanislas Migolet, du Prince Birinda et de beaucoup d’autres, sans oublier mon ami et frère Valentin Mihindu mi N’zamba (Mapuélé). Que les fiers patriotes guerriers de la nation tels les Réndjambé me pardonnent, ainsi que tous ceux que j’ai omis. Ils sont si nombreux, qu’Ils me pardonnent.

Mais un grand couac a eu lieu, car son Excellence Sarkozy, au lieu de reconnaître l’infamie de la France dans le commerce des esclaves (crime contre l’Humanité), a renvoyé comme des enfants les Gabonais, en faisant état de la non repentance française envers cette action criminelle. Cela restera impardonnable et commence a faire jaillir un sentiment anti-Français au Gabon. Alors que le Père de l’Indépendance Léon Mba disait ceci :

« Le Gabonais à deux Patries, La France et le Gabon »

Plaise à Dieu, que Le Président Sarkozy comprenne son erreur et revienne sur ses propos. Car Ils sont odieux pour tout ce que représente la Nation Noire et son apport dans la civilisation humaine.

Que pensez-vous des opposants gabonais qui vivent au pays ?

Okili Boyer :les opposants Gabonais qui sont sur le sol Gabonais sont des hommes courageux qui donnent santé et honneur en pâture à l’Inacceptable, car dites moi comment accepter que dans un Pays de 1,5 millions d’habitants, il y ai une « foultitude » de ministres qui ne sont aux affaires que pour « ponctionner » les richesses de la nation sans réfléchir au lendemain.

Toute personne vivant en dehors de la République et vivant de ce fait dans ce qu’Il est tenu d’appeler la diaspora gabonaise à l’étranger, ne peut se parfaire en acceptant le discours des tenants du pouvoir qui se contentent d’être des nantis du régime, salissant même les propres actions d’Omar Bongo pour que le Gabonais lambda ne se retrouve pas dans les « arguties » du président de la République. Je vais même prendre en défaut votre question en vous opposant ceci :

Monsieur Mengara qui aujourd’hui est le leader du BDP Gabon nouveau a-t-il un discours qui soit offensif pour la « forme » ou pour le « fond », ne pensez vous pas que certaines des vérités qu’il énonce ne soient pas simplement le déterminant d’une nouvelle politique Gabonaise ?

Le président Omar Bongo Ondimba, qui lui-même expose un descriptif très exponentiel des attentes du « Petit » Makaya, ne se retrouve-t-il pas dans les demandes que fait Mengara des attentes populaires ?

Très mal entouré, Monsieur Omar Bongo fait des « expatriés » Gabonais, des ennemis du régime. Il a raison, s’il pense que ces expatriés réfléchissent pour le bonheur du Gabon. Il a tort s’il pense que ces expatriés sont contre « SA » personne. Je m’explique : Si au lieu de disserter à la méthode de « Georges Conan » « Les ennemis du Régime »….la Réflexion des gouvernants était plus coordonnée sur le fait qu’un gabonais où qu’Il se trouve soit un « vecteur, pensant et réfléchissant en tant que membre de la Grande famille Gabonaise, le rapport serait bien plus circonstanciel, et prendrait en compte les « Valeurs » intrinsèques des différents individus composant la diaspora ou la nation Gabonaise.

Je vais vous faire un « Aveu », ma jeunesse à Libreville à été très marquée par trois hommes, l’Honorable Robert Doumengoye, Mon Frère et Ami David Nzoubou, et Djoué Dabany.

Le Premier m’a fait comprendre ma qualité de Gabonais. Le Second (avec un S majuscule) a toujours été à mes cotés, même durant ma détention à Gros bouquet et a eu ces mots à mon encontre : « Tu réfléchis, Paul, comme le Gabonais que tout le monde veut avoir comme frère ». Le Troisième, était tous les jours à Louis (Orety) à la maison et était avec moi comme les deux doigts de la main. Sa mort pour moi a été une cassure de vie. Les soirées que nous passions ensemble au Papagayo, au Chasse-Cafard, à Akébé ou alors chez ma tante Lapebie ; à l’avenue de Cointet, me manquent terriblement.

Si Vous cernez mon propos, vous comprendrez que les véritables opposants du Gabon doivent avoir une histoire en dehors de leur périmètres ethnique et savoir valoriser l’Amitié inter-région qui est le creuset d’un Gabon fier et droit dans son envie de se rassembler.

Quel bilan faites-vous de l’action du président Bongo Ondimba ces dernières années ?

Okili Boyer :Ma réponse à cette question ne serait pas complète, si le second point concernant les actions du président Bongo Ondimba n’étaient pas liées à cette déclaration de ma part. Sans langue de bois, je dirais donc ceci :

En 1967 en accédant à la fonction suprême Albert Bernard Bongo aurait pu devenir une icône gabonaise, sa soif de devenir du Gabon était sincère et aurait pu être productive, et le socle de départ du Gabon Moderne….

Malheureusement des conseillers aux petits pieds ont été les freins de la machine et la locomotive « Gabon » n’avançait plus. Bloquée depuis 1967, la « Kouloumout’ »(locomotive) du Gabon s’est laissée distancée à cause du népotisme, du régionalisme, de la corruption et certains on cru que faire des fortunes immenses serait le « Fait» qui immortaliserait leur nom.

Le président Omar Bongo a encore 5 ans et demie pour que le Gabon puisse ne pas sombrer dans une guerre « clanique ». Pour cela, la suite de mon Propos vient justement couvrir votre question sur l’Alternance ou la Continuité.

Je suis partisan du Changement dans la souplesse raison pour laquelle mon choix s’Il devait être officiel se porterait sur Paul Tounguy, qui malgré les erreurs de parcours, qui ne sont dus qu’à des parcours difficiles que nous imposent le FMI et autres organismes internationaux, Monsieur Tounguy représente une valeur d’avance et de bonification pour notre nation. Je tairais les fondements même de mon analyse actuellement, mais les gabonais qui me connaissent, savent que si je parle de ce choix c’est après mures et complètes réflexions.

Par cette réponse, je pense avoir été au dessus de la question que vous me posiez sur les réalisations de monsieur Omar Bongo je pense ?…et sur le Bilan de son action ?

De quelle terminologie usez-vous quand vous envisagez l’avenir du Gabon, "Alternance" ou Succession" ?

Okili Boyer :Cette question me semble tellement centrale quant à la problématique sur l’avenir de mon pays que je vais tenter d’y répondre sans fioriture, sans ambages, afin que mes compatriotes, amis et aînés, qui commandent aux destinées du Gabon aujourd’hui trouvent de la matière pour nourrir les décisions cruciales qu’ils auront à prendre demain.

Dans nos villages, les initiations, qui se veulent être le creuset de notre héritage traditionnel, prennent en compte les différentes phases de notre avancée dans la vie « Sociétale ». En ce sens, nous avons tous, Gabonaises et Gabonais, le « Devoir » de retransmettre ce que nous avons reçu de ceux qui nous ont précédé. Nous nous devons donc, pour la pérennisation de cet héritage, nous imposer une culture, une obligation de succession, dans l’expressivité de notre citoyenneté nationale.

Mais croire, comme vous semblez l’avoir supputé dans votre question, pour ce qui est de l’Histoire du Gabon, de son passé et de son avenir, que le mot « Alternance » s’oppose à « Succession », me semble un peu réducteur et même tendancieux, quant à la lecture que nous devrions avoir des réalités sociopolitiques qui ont caractérisé ce pays depuis son indépendance.

Alternance ne peut guère s’opposer à Succession pour la simple et bonne raison que les deux perspectives concourent à la construction d’une même finalité : celle de l’éclosion d’un nouvel idéal républicain plus porteur et mieux représentatif des nouveaux besoins du peuple Gabonais. Et dans un régime parlementaire comme le nôtre, vous conviendrez avec moi que le succès d’une telle approche ne pourrait être garanti que par une réelle alternance au niveau législatif et une authentique succession au niveau exécutif ; en un mot, par une véritable application du jeu démocratique !

Beaucoup de nos pays ont très souvent encore tord de penser que ce sont les pays extérieurs qui nous emmèneraient la démocratie. Ils ignorent que ces pays, amis pour la plupart, peuvent certes nous aider à appuyer nos processus de démocratisation mais en aucun cas, ne peuvent exporter la démocratie, qu’ils ont réussi à installé chez eux !

La démocratie est une pratique d’acteurs qui progressivement mettent en place des contre pouvoirs, des débats publics. C’est un processus endogène. Les pays africains, le Gabon notamment, doit se donner les moyens de la démocratie et cela passe une forte pratique de la citoyenneté. Or il se trouve encore, pour ne prendre que le cas de notre pays, qu’il y ait encore trop de liens basés sur les appartenances familiales ou identités claniques et religieuses. La construction d’un Etat et d’une citoyenneté sont des éléments préalables pour la construction d’un pays. Actuellement, la plupart des régimes africains sont patrimonialistes ; il y règne une véritable confusion entre bien public et bien privé. Il faut que le Gabon intègre un jeu politique qui permette véritablement un développement économique durable. C’est une des priorités pour son avenir. La reconstruction de l’Etat est un préalable au développement, et l’on ne saurait reconstruire un Etat sans y associer toutes ses composantes ! C’est pourquoi, et je terminerai par là, mon avis est que le président Bongo, devrait, avant son fin de règne, initier un dialogue de concertation Nationale. Au même titre qu’une Conférence nationale souveraine qui tiendrait compte des avis de tous les Gabonais, sur ce que chacun de nous envisage sur l’avenir du pays. Le pays ne peut plus se permettre une gestion, une vision de son avenir, qui soit basée essentiellement sur le point de vue d’un groupuscule trié sur le volet de l’amitié et de la famille !

Afin de finir sa carrière sous les acclamations nationales et rester dans la mémoire collective comme un héros national, Omar Bongo devrait envisager, très rapidement, la mise sur pied, non pas d’un référendum, mais d’une plate forme consultative qui sera représentative de toutes les couches sociales gabonaises, au cours de laquelle il consentira de redistribuer les leviers régaliens nationaux, sur la base d’une clé de répartition absolument différente de celle actuelle, et qui tienne plutôt compte des aspirations nationales du peuple. Au moment où des groupes se forment au sein même de sa propre famille politique, dans l’optique de sa propre succession, le président, plutôt que de vouloir les taire par des déclarations incandescentes de candidature en 2012, devrait plutôt s’attaquer à ce qui ne satisfait pas que sa seule personne, mais bien l’ensemble de tous les Gabonais, à savoir, la redistribution des cartes politiques, en vue d’une meilleure représentativité de l’ensemble des gabonais. Seule cette option, que j’appelle ici de mes vœux «Nouveaux Accords de Paris» (le lieu restant une option), permettra de dégager les seules choses qui manquent à son pouvoir : la reconnaissance du peuple, le respect des pairs et l’unité nationale.

Que peut-on concrètement attendre de M Okili Boyer dans les mois, les années à venir ?

Okili Boyer :Quand à l’attente que certains peuvent avoir sur ma personne , Il s’agit de savoir si c’est dans le cadre Politique, ou autres. Car, dans le cadre familial et national, Okili-Boyer restera toujours le même, attaché aux valeurs de famille et de traditions, attaché à la valorisation de la culture polyethnique qui fait la richesse du Gabon éternel et surtout a l’osmose dans l’esprit de concorde qui fait le ciment d’une nation.

Mes actions politiques seront toujours axées sur la mise en place d’une véritable démocratie au Gabon et sur l’acceptation par toutes et tous de l’esprit de rassemblement Gabonais, de la valeur du « Vote » qui est l’esprit de la Démocratie et de la Souveraineté Nationale.

Je Vous rappelle que je n’ai ni mandat public, ni électif. Donc mon action ne sera toujours que celle d’un gabonais œuvrant pour sa terre natale et pour son Pays .

Je vous remercie, Messieurs, de vos questions et espère que mes réponses éclaireront , un tant soit peu le débat National

Source : gaboneco.com    Auteur : Gaboneco