Insolite. Je n’avais encore jamais vu de chaise nager.
Une promenade sur les bords charmants de la Rance, rivière bretonne, sinuant entre collines et bois, semble une balade ordinaire, mais ne sommes-nous pas aux pays des mystères ?
La rêverie bucolique s’élève graduellement en méditation… la marche se veut contemplative, vision de la terre et de l’humanité. Contemplative mais bientôt amusée. Eberluée même.
Au détour d’une méandre, vous apercevez, à peine dissimulée par les bosquets du coude de terre, une chaise en plastique, blanche à vous éblouir, posée sur ses quatre pieds bien distincts. Elle glisse sur l’eau tranquillement, trônant sur un radeau en plastique tiré par une corde en vinyle depuis une barque. Saisissant.
Hors du monde, hors du temps, pourtant la scène est bien réelle.
Pascal Rete, jeune artiste photographe "intuitif" est aux rames.
L’artiste et photographe vannetais de 29 ans s’est élancé mi-octobre de Saint-Samson-sur-Rance (22). Cap sur Arzal, à 140km et quelques dizaines d’écluses plus loin.
Un voyage prévu pour 15 jours en totale autonomie : Pascal a emmené des provisions et de l’eau douce. Des contraintes imprévues réduiront la durée à 7 jours.
Chaque jour, le matin, il photographie son environnement et enrichit ses clichés d’annotations poétiques.
Friand d’expériences esthétiques à partager, Pascal Rete cite ses expériences antérieures, pour exemple « 10 minutes d’un promeneur » au cours de l’été 2008: un parcours à pied du Mont Saint Michel à Pornic le long du littoral en marquant une halte chaque 10 minutes pour photographier droit devant, annoter heure, date, lieu, minutes avec une phrase poétique.
Il a imaginé cette fois-ci : « Réveil sur l’eau ».
Il relève la particularité et l’étrangeté de cette expérience prolongée d’isolement dans le mouvement sur l’eau.
" La sensation d’indépendance et de liberté, l’étrangeté de cette vision du monde sur la berge, dont je m’affranchissais, mais que je photographiais, a été une révélation".
"C’est l’expérience esthétique du déplacement, du voyage qui me motive. Bien que je vive souvent dans l’inconscience, sur pilote automatique, il m’appartient d’apprendre à m’interroger."
Son protocole de projet est précis, il inclus toujours le mouvement, sans moyen motorisé, et l’arrêt dans le déplacement. Le photographe s’impose des contraintes rigoureuses.
"Le plus difficile a été de domestiquer la chaise", confie le jeune photographe, " éviter qu’elle n’enfourne, ou se renverse".
"Je développe une esthétique de l’expérience. C’est le rapport au monde et sa découverte constante qui m’intéresse."
Pascal Rete vit par l’expérience, pour sortir des automatismes qui, selon lui, vous transforment en zombie. Le processus de mouvement par soi-même, et le "stop and go" permettent d’accéder à un état de contemplation dans le sens de prise de conscience du monde et d’évolution personnelle. Il essait d’offrir au public un moyen de pendre de la distance par rapport à une vie "excessive", pour mieux la vivre, et s’ameliorer, s’enrichir.
Les réactions des promeneurs fusent. Tantôt surpris, tantôt informés par le bouche à oreille et curieux, ils sont interpellés et réagissent:
" Vous avez perdu une princesse ?"
" la chaise, c’est pour pêcher ?"
Certains lui apportent un casse-croûte, d’autres des noix. Un éclusier prévenant lui offre un même un carré de mousse. Quelques-uns le suivront deux ou trois jours.
Pascal Rete respecte son protocole rigoureusement, les stops an go photographiques se succèdent, malgré les averses, le froid et l’humidité qui le trempent jour et nuit jusqu’aux os.
Mais c’est justement, selon Pascal Rete, en s’imposant des contraintes que l’homme s’en affranchit le mieux.
Lorsqu’il définit un protocole de travail, le jeune photographe fixe les règles :
– de l’idée originale à l’histoire d’un itinéraire,
– définir le temps (tous les soirs, toutes les dix minutes…)
– définir les éléments (vue d’un panneau…)
– définir l’intervention de tierces personnes,
– définir l’ajout d’un élément, d’un objet, d’un autoportrait en opposition avec l’environnement expérimenté (exemple : autoportrait costumé avec une lampe de chevet dans une forêt humide et boueuse, ajout d’un âne porte-manteau dans le milieu urbain, ajout d’une chaise en plastique blanc dans le paysage…).
– définir les taches rigoureusement.
Pour Pascal Rete, c’est leur caractère rigoureux, répétitif, qui forme le creuset d’autres visions et émotions et d’une évolution intérieure.
"Le public peut avoir le sentiment d’entrer, de comprendre ce langage dans sa globalité, d’apercevoir le monde de plus haut et plus en détails. Je souhaite révéler le caractère répétitif, inconscient du monde dans lequel je vis. Je transforme mon rapport au monde en une expérience esthétique".
Pourtant, le jeune photographe a traversé des moments d’émancipation de jeunesse qui n’étaient pas forcément gouvernés par la rigueur.
Formé au lycée hôtelièr de Dinard puis en BTS arts de la table, sommelerie, il acquiert les principes d’ordre et de précision, le goût de l’effort, mais ne trouve pas son plein accomplissement.
"J’obtiens mon bac avec mention " écrit Pascal dans la biographie présentée sur son site internet. "Ensuite, je passe mon BTS, je me sens de plus en plus en marge. Je passe mon temps à gribouiller pendant les heures de cours, je suis déjà ailleurs. J’exprime mon besoin d’anticonformisme par la musique et les textes. Par ailleurs, je commence à m’intéresser de plus en plus à la photographie, cet appareil mécanique est très pratique, je peux l’emporter partout".
Il travaille sur des ferries, en saison, commence à écrire.
Un besoin de rupture le conduit en Bolivie et au Vénézuela pendant l’hiver 2004, puis dans les montagnes du Népal en 2005, à Pokhara. Pascal Rete s’échappe du mode de vie dans lequel il était conduit pour découvrir. Il partage ainsi pendant quelques semaines la vie d’enfants népalais, aux côtés de deux universitaires locaux, et s’intéresse à leur avenir. Sa générosité naturelle s’exprime. Des intenses discussions avec les deux universitaire naitra un peu plus trad en France une association pour faciliter la scolarisation de ces enfants.
Pascal Rete édite ses dispositifs sous forme de livres, d’œuvres pour les collectionneurs, les musées.
Il vend lui-même lors de galeries d’exposition au cous desquelles il explique personnellement sa démarche au public.
Vous pouvez suivre Pascal Rete quelques instants dans sa démarche grâce à ce clip :
{youtube}WRoi86uP3M0{/youtube}
http://pagesperso-orange.fr/nepal.kabalbalika
http://www.reteimages.fr
http://www.10minutesdunpromeneur.fr/
Interview réalisé à Vannes le 21 10 2009
Isabelle Voidey
Le clip du photoreportage ne s’est pas installé correctement sur l’article
Le voici sur youtube :
[url]http://www.youtube.com/watch?v=mKjFhd-AvC8
[/url]
(juste attendre quelques minutes que youtube l’installe, je viens de l’uploader)
C’était un problème de fichier défectueux.
Voici donc la version « réparée » du photo-reportage
[url]http://www.youtube.com/watch?v=WRoi86uP3M0[/url]
Je ne pourrai guère commenter… Mais, cet article est très intéressant…
Il est toujours intéressant d’encourager les initiatives des jeunes.
Celle-ci m’a paru créative, originale, et constructive.
[b]Bonsoir Isabelle,
Moi non plus, comme Dominique je ne saurai vous commenter mais je vous offre ci dessous VOTRE VIDEO, que je viens de trouver sur youtube!
Regardez bien dans débattons la façon dont j’ai introduit le code , et en retournant dans votre article mettez le exactement comme cela, il apparaitra :
{youtube}WRoi86uP3M0{/youtube}[/b]
Merci Sophy !
[b]Fékicitations Isabelle, pour le vidéo remise dans votre article!
Je suis toujours « fière », de constater que ma pédagogie, porte encore ses fruits! (lol)
Pour une photo, dans l’article je vous renvoie sur le tutorial de Michaël Flamand,
Si un souci subsiste, n’hésitez pas à me contacter en MP :
Lien du tutorial de notre « ingénieux » INGENIEUR de C4N :
[url]http://www.come4news.com/index.php?option=com_content&task=view&id=26890[/url]
[/b]
Chère Sophy,
Je reconnais bien volontier l’inestimable esprit d’équipe qui règne sur C4N !
Et je n’en suis pas étonnée, j’avais remarqué dès le début un état d’esprit positif et dynamique sur cette plateforme, c’est d’ailleurs ce qui m’a incitée à la choisir.