Internet : le monde de tous les combats et de tous les changements

Par : Aziz Nafa*

Qui ne connaît pas internet ! Personne ne sait réellement ce qui se passe à l’intérieur de cet espace virtuel et immense. Pour beaucoup, ce n’est qu’une révolution dans les technologies de l’information et de la communication, permettant un échange et une recherche de données. Mais, internet ne se résume pas seulement à ces fonctions, c’est tout un monde où chacun se bat pour en faire un espace de pouvoir. L’intérêt de cet article est de mettre en avant une réalité existante dans un monde virtuel où des communautés se battent pour s’approprier internet afin de prendre le pouvoir.

Nous observerons trois types d’appropriation :

  • Le premier est l’appropriation des outils de communication et des réseaux par la population. Pour que la population participe à l’évolution du réseau et aux prises de décisions, elle doit rapidement se familiariser avec les outils de communication pour éviter qu’il y ait des inégalités d’accès entre les pauvres et les riches, entre le Nord et le Sud et entre le peuple et l’Etat.
  • Le second est l’appropriation du réseau par l’Etat en vue d’exercer un contrôle social par l’utilisation des systèmes d’identification et par la censure des contenus.
  • Le troisième est l’appropriation des réseaux par les industriels qui rêvent de faire de l’internet un immense marché mondial où la population est réduite à un rôle de consommation.

L’appropriation du pouvoir nécessite une participation active et constante de la part de ceux qui veulent se l’approprier. Elle requiert une implication dans les débats, la création de contenus, etc., les grandes questions sont : est- ce que les internautes sont conscients de ces phénomènes et de quelle façon comptent-ils s’impliquer socialement ?

Le nouveau monde virtuel n’a aucune frontière, aucun terrain géographique, et surtout il n’appartient à personne. L’évolution du monde contemporain s’est déroulée jusqu’à présent sur deux territoires géographiques. Le premier a été le vieux continent, régi sur le monde féodal, donc par une élite monarchique qui avait le contrôle sur la population. Un deuxième territoire s’est ajouté avec la découverte des Amériques. Le Nouveau Monde, abolissant le système féodal, a créé un nouveau système démocratique basé sur l’égalité et les droits de chacun dans le cadre d’une économie capitaliste. Ce système n’est pourtant pas tellement différent du précédent, puisqu’il est également constitué par le pouvoir d’une élite, liée par l’argent, qui contrôle le peuple.

Depuis, un nouveau monde virtuel a récemment surgi : internet. Ce nouveau monde virtuel inspire autant d’espoirs de changement sociaux avec un avenir basé sur de nouvelles valeurs que ce que la découverte des Amériques a pu représenter pour ses premiers colons. Ce monde est actuellement en construction et les idéaux des nouveaux colons du monde virtuel entrent en conflit avec les tenants du monde moderne. Il y aura une nouvelle révolution. Reste à savoir qui sera le vainqueur.

Nous faisons face à un conflit entre les nouveaux colons du monde virtuel, qui veulent établir un ordre basé sur une coopération internationale et, de l’autre côté du miroir, le système actuel composé d’élites, de gouvernements et d’industriels qui échafaudent des plans machiavéliques afin de s’emparer du monde virtuel.

Le conflit entre ces deux instances se déroule sur deux ordres de réalités : le réel et le virtuel. Les débats portant sur le développement d’internet sont de plus en plus présents sur les réseaux. Pour l’instant, l’élite intellectuelle en expose les grandes lignes et dirige les débats, tout en insistant grandement pour que la population d’internautes se manifeste et participe.

Les plus optimistes prônent « l’intelligence collective », ce qui veut concrètement dire : un monde basé sur l’accès et le partage des connaissances ; un monde où les citoyens sont en constante interactivité. L’intelligence collective implique une participation grandissante de la population aux questions sociales, culturelles et économiques, ce qui pourrait nous entraîner vers une conscience collective. Le pouvoir du peuple se manifestant sur internet finirait par se transférer dans le monde réel.

L’élite internaute s’évertue donc, dans un premier temps, à faire comprendre aux nouveaux colons les potentialités qu’offre ce nouveau monde et, dans un second temps, à les sensibiliser aux stratégies de l’élite du monde réel qui veut s’approprier le monde internet. Les colons de ce nouveau monde pourraient être classés en plusieurs catégories importées du monde réel.

Pour n’en nommer que quelques-unes, disons qu’il y a les serviteurs de l’Etat qui, évidemment, cherchent à contrôler les populations grâce à ce média ; les industriels qui s’approprient le réseau afin de créer un nouveau marché mondial et mettre leurs entreprises à la tête du monde (et au-dessus des gouvernements) ; les activistes qui se servent d’internet pour défendre une cause sociale ; les perturbateurs qui entretiennent des sites controversés (pornographie, fascisme, sectes etc) ; la population générale, les internautes qui cherchent de l’information, des relations, des activités divers et ceux qui nous intéressent particulièrement : les intellectuels et artistes, qui réfléchissent sur les potentialités et les usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication, participent à la création du nouveau monde virtuel.

Chacun de ces regroupements prend la forme d’une bande c’est-à-dire qu’il s’inscrit dans une structure horizontale, égalitaire et non hiérarchique, tout à l’image d’internet. La bande c’est aussi, telle que les penseurs l’appellent, « communautique », c’est-à-dire des rassemblements de gens sur internet partageant des intérêts communs, dont l’aspect fondamental est d’être le miroir de notre propre image.

Voyons maintenant quelques-unes des bandes qui participent à la conception et à la création d’internet. Les cyberpunks, apparus en 1984 avec le roman de William Gibson, en prenant le slogan des punks d’Angleterre de la fin des années 1970. Sa définition la plus générale est : toute personne naviguant sur le web en pensant, en écrivant et en réalisant de l’art à partir des médiums technologiques. On leur attribue le pouvoir de concevoir le futur beaucoup plus clairement que leurs contemporains et de vouloir changer les choses.

Les hackers, le groupe qui fait plus parler de lui dans les médias et dans le monde virtuel. Ces derniers sont divisibles en sous-groupes : par exemple les crackers, les swappers, les cypherpunks et ils mènent tous un combat similaire, mais en visant des cibles ou en posant des actions différentes. Les hackers sont généralement des professionnels de l’informatique et de programmation qui ont comme jeu préféré de déjouer la sécurité des systèmes informatiques des gouvernements et des compagnies. Leur action peut être uniquement ludique ou contestataire. Le but ultime de leur action étant de rendre publiques des informations confidentielles du gouvernement ou, encore, de rendre des logiciels ou des produits informatiques accessibles gratuitement à la communauté d’internautes.

Dans les deux cas, les victimes crient au scandale, au piratage et la presse dénonce. Ceux qui détiennent le pouvoir les considère alors comme des cafards qui détruisent et volent les compagnies de logiciels, comme des gens qui ont comme seul but d’anéantir et de détruire le système et de créer l’anarchie.

Lacroix disait que dans toute la société animale, la vitesse supérieure est une arme. Il est persuadé qu’avec un temps d’interactivité mondiale absolue, nous créerons une société cybernétique. Le cyberespace deviendra objet de pouvoir, il y a eu une tyrannie de l’espace réel, il y aura maintenant une tyrannie du temps réel.

L’avènement d’internet, comme tout autre innovation, a causé des changements culturels et identitaires. L’identité, en tant qu’appartenance à un groupe social dont les membres partagent des caractéristiques communes, soit une idéologie, une vision du monde, un mode de vie, une langue etc. La culture, en tant que moyen d’expression de cette identité à travers l’art, la littérature, la musique, la science, le savoir collectif entre autres. Dans ce monde virtuel à l’opposé au monde réel, l’individualisme est perceptible dans l’utilisation de l’ordinateur qui provoque une rupture des liens sociaux, puisqu’il faut s’isoler pour s’y brancher. Il s’agit en fait d’une nouvelle forme sociale de tribalisme, un néo-tribalisme (des regroupements de personnes construits autour d’intérêts communs). Des communautés virtuelles constituent un réseau où les intérêts se rejoignent et où on utilise un code de communication commun (les icônes, textes, images,…) par les liens électroniques.

Plusieurs recherches ont été réalisées pour mesurer l’impact d’internet sur d’éventuels changements identitaires et culturels des individus. Pour ne citer que quelques-uns, l’analyse des questions de recherche a révélé de nombreux facteurs permettant d’envisager que d’ici peu des changements identitaires et culturels seront perceptibles, il serait intéressant de les mesurer en Algérie, conséquemment au branchement grandissant de la population sur internet.

  • Premièrement, l’intérêt manifesté par les internautes à naviguer sur le web à la recherche de sites représentatifs de leurs intérêts particuliers a pour effet de revaloriser la personne face à elle-même et du coup favorise l’expression de l’extériorisation de l’intime de l’individu. Ce facteur est à la base du changement identitaire personnel.
  • Deuxièmement, les premiers signes de l’avènement du néo-tribalisme dans le virtuel se manifestent par des groupements centrés autour d’intérêts communs. Dans le réel, il y a un partage des connaissances avec la famille et les amis. Ces éléments annoncent le transfert de l’identité individuelle vers une nouvelle forme d’identité collective qui pourrait modifier le paysage social algérien.
  • Troisièmement, le niveau de conscience des internautes algériens face aux enjeux sociaux débattus sur internet ne s’exprime pas par une coalition sociale entre internautes. La conscience sociale est perceptible par leur intérêt pour les sites d’informations qui les ont amenés à prendre position face à la menace de censure d’internet, mais ne se manifeste pas par des actions concrètes. Divers raisons expliquent cela dont le fait que les internautes n’ont pas beaucoup d’expérience de navigation dans ce monde et n’en sont encore qu’au stade de la découverte.

Quatrièmement, les premiers signes d’une appropriation culturelle d’internet par les internautes algériens s’expriment par leur préférence de navigation sur des sites web. Leur vision d’avenir très optimiste leur fait croire qu’internet sera un excellent diffuseur culturel et identitaire par sa capacité à transférer les connaissances et à répandre la culture algérienne au quatre coins du monde.

On peut également anticiper une amélioration de la langue parlée et écrite autant arabe, française qu’anglaise, puisque internet incite à la lecture et à l’écriture. Donc, il y aura des changements identitaires et culturels causés par le branchement de la population algérienne au réseau internet. Cependant, il faut garder à l’esprit, comme l’a mentionné une personne que j’ai interrogée que, « nous ne sommes qu’aux balbutiements en termes d’impact (…) je qualifierais internet de Far West des temps modernes. » Les signes sont lisibles que ce soit chez nous en Algérie ou ailleurs dans le monde. Sommes-nous conscients de ces changements ? Avons-nous les moyens de les percevoir pour mieux les maîtriser ? Autant de questions qui restent sans réponses !

* L’auteur est : Chercheur économiste au Cread

Aziz Nafa – El Watan – Le 28 Mai 2008

Par : Aziz Nafa*

Qui ne connaît pas internet ! Personne ne sait réellement ce qui se passe à l’intérieur de cet espace virtuel et immense. Pour beaucoup, ce n’est qu’une révolution dans les technologies de l’information et de la communication, permettant un échange et une recherche de données. Mais, internet ne se résume pas seulement à ces fonctions, c’est tout un monde où chacun se bat pour en faire un espace de pouvoir. L’intérêt de cet article est de mettre en avant une réalité existante dans un monde virtuel où des communautés se battent pour s’approprier internet afin de prendre le pouvoir.

Nous observerons trois types d’appropriation :

  • Le premier est l’appropriation des outils de communication et des réseaux par la population. Pour que la population participe à l’évolution du réseau et aux prises de décisions, elle doit rapidement se familiariser avec les outils de communication pour éviter qu’il y ait des inégalités d’accès entre les pauvres et les riches, entre le Nord et le Sud et entre le peuple et l’Etat.
  • Le second est l’appropriation du réseau par l’Etat en vue d’exercer un contrôle social par l’utilisation des systèmes d’identification et par la censure des contenus.
  • Le troisième est l’appropriation des réseaux par les industriels qui rêvent de faire de l’internet un immense marché mondial où la population est réduite à un rôle de consommation.

L’appropriation du pouvoir nécessite une participation active et constante de la part de ceux qui veulent se l’approprier. Elle requiert une implication dans les débats, la création de contenus, etc., les grandes questions sont : est- ce que les internautes sont conscients de ces phénomènes et de quelle façon comptent-ils s’impliquer socialement ?

Le nouveau monde virtuel n’a aucune frontière, aucun terrain géographique, et surtout il n’appartient à personne. L’évolution du monde contemporain s’est déroulée jusqu’à présent sur deux territoires géographiques. Le premier a été le vieux continent, régi sur le monde féodal, donc par une élite monarchique qui avait le contrôle sur la population. Un deuxième territoire s’est ajouté avec la découverte des Amériques. Le Nouveau Monde, abolissant le système féodal, a créé un nouveau système démocratique basé sur l’égalité et les droits de chacun dans le cadre d’une économie capitaliste. Ce système n’est pourtant pas tellement différent du précédent, puisqu’il est également constitué par le pouvoir d’une élite, liée par l’argent, qui contrôle le peuple.

Depuis, un nouveau monde virtuel a récemment surgi : internet. Ce nouveau monde virtuel inspire autant d’espoirs de changement sociaux avec un avenir basé sur de nouvelles valeurs que ce que la découverte des Amériques a pu représenter pour ses premiers colons. Ce monde est actuellement en construction et les idéaux des nouveaux colons du monde virtuel entrent en conflit avec les tenants du monde moderne. Il y aura une nouvelle révolution. Reste à savoir qui sera le vainqueur.

Nous faisons face à un conflit entre les nouveaux colons du monde virtuel, qui veulent établir un ordre basé sur une coopération internationale et, de l’autre côté du miroir, le système actuel composé d’élites, de gouvernements et d’industriels qui échafaudent des plans machiavéliques afin de s’emparer du monde virtuel.

Le conflit entre ces deux instances se déroule sur deux ordres de réalités : le réel et le virtuel. Les débats portant sur le développement d’internet sont de plus en plus présents sur les réseaux. Pour l’instant, l’élite intellectuelle en expose les grandes lignes et dirige les débats, tout en insistant grandement pour que la population d’internautes se manifeste et participe.

Les plus optimistes prônent « l’intelligence collective », ce qui veut concrètement dire : un monde basé sur l’accès et le partage des connaissances ; un monde où les citoyens sont en constante interactivité. L’intelligence collective implique une participation grandissante de la population aux questions sociales, culturelles et économiques, ce qui pourrait nous entraîner vers une conscience collective. Le pouvoir du peuple se manifestant sur internet finirait par se transférer dans le monde réel.

L’élite internaute s’évertue donc, dans un premier temps, à faire comprendre aux nouveaux colons les potentialités qu’offre ce nouveau monde et, dans un second temps, à les sensibiliser aux stratégies de l’élite du monde réel qui veut s’approprier le monde internet. Les colons de ce nouveau monde pourraient être classés en plusieurs catégories importées du monde réel.

Pour n’en nommer que quelques-unes, disons qu’il y a les serviteurs de l’Etat qui, évidemment, cherchent à contrôler les populations grâce à ce média ; les industriels qui s’approprient le réseau afin de créer un nouveau marché mondial et mettre leurs entreprises à la tête du monde (et au-dessus des gouvernements) ; les activistes qui se servent d’internet pour défendre une cause sociale ; les perturbateurs qui entretiennent des sites controversés (pornographie, fascisme, sectes etc) ; la population générale, les internautes qui cherchent de l’information, des relations, des activités divers et ceux qui nous intéressent particulièrement : les intellectuels et artistes, qui réfléchissent sur les potentialités et les usages des nouvelles technologies de l’information et de la communication, participent à la création du nouveau monde virtuel.

Chacun de ces regroupements prend la forme d’une bande c’est-à-dire qu’il s’inscrit dans une structure horizontale, égalitaire et non hiérarchique, tout à l’image d’internet. La bande c’est aussi, telle que les penseurs l’appellent, « communautique », c’est-à-dire des rassemblements de gens sur internet partageant des intérêts communs, dont l’aspect fondamental est d’être le miroir de notre propre image.

Voyons maintenant quelques-unes des bandes qui participent à la conception et à la création d’internet. Les cyberpunks, apparus en 1984 avec le roman de William Gibson, en prenant le slogan des punks d’Angleterre de la fin des années 1970. Sa définition la plus générale est : toute personne naviguant sur le web en pensant, en écrivant et en réalisant de l’art à partir des médiums technologiques. On leur attribue le pouvoir de concevoir le futur beaucoup plus clairement que leurs contemporains et de vouloir changer les choses.

Les hackers, le groupe qui fait plus parler de lui dans les médias et dans le monde virtuel. Ces derniers sont divisibles en sous-groupes : par exemple les crackers, les swappers, les cypherpunks et ils mènent tous un combat similaire, mais en visant des cibles ou en posant des actions différentes. Les hackers sont généralement des professionnels de l’informatique et de programmation qui ont comme jeu préféré de déjouer la sécurité des systèmes informatiques des gouvernements et des compagnies. Leur action peut être uniquement ludique ou contestataire. Le but ultime de leur action étant de rendre publiques des informations confidentielles du gouvernement ou, encore, de rendre des logiciels ou des produits informatiques accessibles gratuitement à la communauté d’internautes.

Dans les deux cas, les victimes crient au scandale, au piratage et la presse dénonce. Ceux qui détiennent le pouvoir les considère alors comme des cafards qui détruisent et volent les compagnies de logiciels, comme des gens qui ont comme seul but d’anéantir et de détruire le système et de créer l’anarchie.

Lacroix disait que dans toute la société animale, la vitesse supérieure est une arme. Il est persuadé qu’avec un temps d’interactivité mondiale absolue, nous créerons une société cybernétique. Le cyberespace deviendra objet de pouvoir, il y a eu une tyrannie de l’espace réel, il y aura maintenant une tyrannie du temps réel.

L’avènement d’internet, comme tout autre innovation, a causé des changements culturels et identitaires. L’identité, en tant qu’appartenance à un groupe social dont les membres partagent des caractéristiques communes, soit une idéologie, une vision du monde, un mode de vie, une langue etc. La culture, en tant que moyen d’expression de cette identité à travers l’art, la littérature, la musique, la science, le savoir collectif entre autres. Dans ce monde virtuel à l’opposé au monde réel, l’individualisme est perceptible dans l’utilisation de l’ordinateur qui provoque une rupture des liens sociaux, puisqu’il faut s’isoler pour s’y brancher. Il s’agit en fait d’une nouvelle forme sociale de tribalisme, un néo-tribalisme (des regroupements de personnes construits autour d’intérêts communs). Des communautés virtuelles constituent un réseau où les intérêts se rejoignent et où on utilise un code de communication commun (les icônes, textes, images,…) par les liens électroniques.

Plusieurs recherches ont été réalisées pour mesurer l’impact d’internet sur d’éventuels changements identitaires et culturels des individus. Pour ne citer que quelques-uns, l’analyse des questions de recherche a révélé de nombreux facteurs permettant d’envisager que d’ici peu des changements identitaires et culturels seront perceptibles, il serait intéressant de les mesurer en Algérie, conséquemment au branchement grandissant de la population sur internet.

  • Premièrement, l’intérêt manifesté par les internautes à naviguer sur le web à la recherche de sites représentatifs de leurs intérêts particuliers a pour effet de revaloriser la personne face à elle-même et du coup favorise l’expression de l’extériorisation de l’intime de l’individu. Ce facteur est à la base du changement identitaire personnel.
  • Deuxièmement, les premiers signes de l’avènement du néo-tribalisme dans le virtuel se manifestent par des groupements centrés autour d’intérêts communs. Dans le réel, il y a un partage des connaissances avec la famille et les amis. Ces éléments annoncent le transfert de l’identité individuelle vers une nouvelle forme d’identité collective qui pourrait modifier le paysage social algérien.
  • Troisièmement, le niveau de conscience des internautes algériens face aux enjeux sociaux débattus sur internet ne s’exprime pas par une coalition sociale entre internautes. La conscience sociale est perceptible par leur intérêt pour les sites d’informations qui les ont amenés à prendre position face à la menace de censure d’internet, mais ne se manifeste pas par des actions concrètes. Divers raisons expliquent cela dont le fait que les internautes n’ont pas beaucoup d’expérience de navigation dans ce monde et n’en sont encore qu’au stade de la découverte.

Quatrièmement, les premiers signes d’une appropriation culturelle d’internet par les internautes algériens s’expriment par leur préférence de navigation sur des sites web. Leur vision d’avenir très optimiste leur fait croire qu’internet sera un excellent diffuseur culturel et identitaire par sa capacité à transférer les connaissances et à répandre la culture algérienne au quatre coins du monde.

On peut également anticiper une amélioration de la langue parlée et écrite autant arabe, française qu’anglaise, puisque internet incite à la lecture et à l’écriture. Donc, il y aura des changements identitaires et culturels causés par le branchement de la population algérienne au réseau internet. Cependant, il faut garder à l’esprit, comme l’a mentionné une personne que j’ai interrogée que, « nous ne sommes qu’aux balbutiements en termes d’impact (…) je qualifierais internet de Far West des temps modernes. » Les signes sont lisibles que ce soit chez nous en Algérie ou ailleurs dans le monde. Sommes-nous conscients de ces changements ? Avons-nous les moyens de les percevoir pour mieux les maîtriser ? Autant de questions qui restent sans réponses !

* L’auteur est : Chercheur économiste au Cread

Aziz Nafa – El Watan – Le 28 Mai 2008

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