Il faut savoir tirer un Dray… avec Gaspard Delanoe

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Oui, il faut savoir tirer un Dray. Martine Aubry s’était déclarée favorable à sa réintégration dans la liste des prochaines élections régionales pour l’Île-de-France, le voici claironnant qu’il est tête de liste pour l’Essonne sans même se soucier si les militants PS se satisfont de ce retour. « Je n’oublie rien, mais je n’ai pas vocation à être revanchard, » déclare-t-il (Le Parisien du 19 déc. 2009) après avoir clamé « cela laissera des traces ». On suivra donc Julien Dray à la trace, à travers le décompte des voix du FN et les bulletins (blancs ? ou à télécharger sur le site LesFranciliensDabord ?) du candidat « dadaïste » Gaspard Delanoë.

 

Bénéficiaires du retour de Julien Dray sur les listes du prochain scrutin régional en Île-de-France : les Verts, sans aucun doute, le FN, et l’ancien candidat à la mairie du Xe arrondissement de Paris, aux dernières élections européennes, soit Gaspard Delanöe, candidat au-dessus des partis qui le soutiennent (le Pffft, Parti faire un tour, et le PrRoUt, Parti de rien, revenu de tout).
 
Petit à petit, avec une tenacité dont n’ont pas fait montre Marcel Barbu, Coluche, Aguigui Mouna ou ses prédécesseurs (candidats farfelus à diverses élections), Gaspard Delanöe continue de vouloir prolonger le boulevard Saint-Michel jusqu’à la mer où s’enlisent les fatuités des Julien Dray. Cessons le lyrisme d’estrade et relevons que Gaspard Delanöe n’est pas « l’autre » Ferdinand Lop , mais bel et bien un phénomène de société ancré dans la réalité. Celui qui se définit comme « le vrai » Delanoë n’est pas celui qui, se faisant élire sur un programme socialiste, favorise le groupe Lagardère dans sa conquête du sport commercial et des paris sportifs ou les grands programmes immobiliers profitant d’abord aux promoteurs qui le soutiennent. Tout parallèle avec un Julien Dray, successeur d’un Chevènement à la « gauche de la gauche » du… PS, ancien de la Ligue communiste révolutionnaire, est caduc.
 
D’une part, bien peu pourraient encore croire que Julien Dray entrera dans les livres d’histoire, ce qui est déjà, pour les livres qui feront date dans l’histoire des idées, le cas de Gaspard Delanöe. Il est du nombre (photo Ève Clair) des rares illustrations de la Tentative d’assassinat du bourgeois qui est en moi, de Yann Kerninon, prix du Pamphlet 2009 (page 200, avec cette légende : « une tentative intéressante de vie comme œuvre d’art »). La comparaison avec la tentative dérisoire de survie en tant que machine à engranger les bénéfices, voire les prébandes, d’un Julien Dray, ne s’impose même pas. On mettra cependant en parallèle, infra, le programme d’un Julien Dray et le « programme insulaire » d’un Gaspard Delanöe.
 
Revenons cependant à l’épisode Dray. Partout, mais surtout dans l’est de la France, pour des raisons tactiques ou plus fondées, le Front national de Jean-Marie Le Pen et consorts familiaux est crédité d’un résultat qui pourrait favoriser des triangulaires. L’investissement, par la direction du PS et non par les militants franciliens, d’un Julien Dray, laissera des traces, effectivement, bien au-delà de l’Île-de-France. Les électrices et les électeurs se sentant laissés en déshérence par un PC ou un PS plus soucieux de postes, d’avantages, de passe-droits parfois, que de se préoccuper du sort de celles et ceux dont ils sollicitent les suffrages, se sont depuis longtemps tournés vers des formations jugées plus radicales. C’est le cas du FN dont les électeurs issus des couches dites pudiquement « moins favorisées » ou défavorisées (jargon PS) ont fait fi de la goinfrerie de Jean-Marie Le Pen et de sa famille.
Cet électorat avait fait fi des histoires de captations d’héritages, du train de vie somptueux du condottiere Le Pen. Peut-être avait-il même cru déceler chez le « lider minimo », Nicolas Sarközy, un peu moins de clinquant et de bling-bling que du côté de l’effronté frontiste. La suite leur a prouvé que non, et le retour en grâce à leurs yeux des Le Pen n’est pas étranger à cette désaffection. S’il ne croyait certes pas à la volonté affichée de moralisation de la vie politique, cet électorat lepéniste n’est pas animé que par des « valeurs » sécuritaires et de rejet xénophobique. Or, ce qu’ils toléraient chez un Le Pen, ils ne le tolèrent pas chez un transfuge en puissance, un Valls ou un Dray. Le Pen a su leur faire oublier son profond mépris pour le petit peuple, pas Dray, dont les actes, et notamment en distribuant des subventions à ses amis du secteur privé, ont creusé leur rejet
 
Tout autre est le nouvel électorat des Verts ou des petits candidats du genre Besancenot, Bové, voire Gaspard Delanoë. Pourquoi encore voter inutile sauce PC-PS ? Tant qu’à voter protestataire ou dérisoire, et plutôt que voter blanc ou s’abstenir, autant le faire avec emphase. Celles et ceux imaginant l’émergence d’un axe Bayrou-Dany l’ex-rouge ou que le camouflet des chefs d’États à leur égard à Copenhague a offusqué, se porteront sur les Verts. Parmi les autres, le refus de l’axe Sarközy-Dray en puissance, personnages  associés à maints égards, est désormais ancré. À tout prendre, le manifester de manière encore plus radicale qu’imaginé initialement leur est offert par un Gaspard Delanoë. Son insularité séduit. Il ne s’agit pas de s’abstraire mentalement du réel de la vie politique française, mais de lui renvoyer, en miroir, une image de difformité : entre le programme d’un Gaspard Delanoë et les promesses sur le pouvoir d’achat d’un Sarközy, qui est finalement plus crédible ?
 
Comme annoncé, voici les onze premières propositions de Gaspard Delanoë…

1° Délocalisation en banlieue de tous les ministères, y compris Matignon,

et création de  dix mille logements sociaux dans les hôtels particuliers libérés

par cette mesure.

2° Service civique obligatoire pour tous les franciliens et les franciliennes

âgés de 18 à 21 ans. Il sera d’une durée de deux mois et sera effectué dans

une agence Pôle Emploi afin que chacun se familiarise avec ce qui l’attend dans l’avenir.

3° Gratuité totale des transports amoureux. Exemple : un jeune homme monte dans le bus

et embrasse une vieille dame à pleine bouche : transport gratuit jusqu’au bout de la ligne.

4° Création d’un canal Saint-Martin en banlieue de manière à réiterer l’opération

Don Quichotte dans chaque département de la région, et faire voyager les SDF.

5° Inauguration des lignes Vitry – Neuilly et Sarcelles – Versailles en Zeppelin afin

de relancer les connections intra-franciliennes. Développement du réseau Zeppelin.

6° Construction d’un deuxième périf’(aquatique) autour de l’Ile-de-France afin

que l’Ile-de-France soit vraiment une île.

7° Possibilité de construire des minarets mignons dans toute l’Ile-de-France.

Interdiction de construire des minarets laids.

8° Possibilité pour chaque candidat d’intégrer à sa candidature le substantif «  huchon »,

qui signifie « petit oiseau des bois » – et qui, en ces temps d’Environnement-mania constitue un avantage non-négligeable. Seront donc candidats : Valérie Huchon Pécresse,

Cécile Huchon Duflot, Gaspard Huchon Delanoë, Jean-Paul Huchon Huchon, etc …

9° Un devoir de réserve sera appliqué à tous les écrivains d’Ile-de-France.

Celles et ceux qui ne respecteront pas ce devoir de réserve seront reconduits à Berlin.

10°  Après le « Grand Paris », lancement du « Gros Paris » dont la circonférence passera par les villes de Dijon, Moulins, Châteauroux, Tours , Le Mans, Alençon, Bernay, Amiens, Vervins, Charleville-Mézières, Bar-le-Duc et Chaumont.

11° Développement d’un grand centre de tourisme sexuel sous l’égide du ministre

de la Culture, qui permettra d’attirer de nouveaux porcs vers l’Ile-de-France

Auteur/autrice : Jef Tombeur

Longtemps "jack of all trades", toujours grand voyageur. Réside principalement à Paris (Xe), fréquemment ailleurs (à présent, en Europe seulement). A pratiqué le journalisme plus de sept lustres (toutes périodicités, tous postes en presse écrite), la traduction (ang.>fr. ; presse, littérature, docs techs), le transport routier (intl. et France), l'enseignement (typo, PAO, journalisme)... Congru en typo, féru d'orthotypographie. Blague favorite : – et on t'a dit que c'était drôle ? Eh bien, on t'aura menti !

Une réflexion sur « Il faut savoir tirer un Dray… avec Gaspard Delanoe »

  1. Vu sur le site du Monde :

    Julien Dray ne sera pas renvoyé en correctionnelle mais fera l’objet d’un simple rappel à la loi. Dans ces conditions, souhaitez-vous que le Parti socialiste…
    … lui accorde la tête de liste dans l’Essonne pour les élections régionales de mars 2010. 32 %
    … ou ne revienne pas sur la décision qui a été prise de ne pas retenir sa candidature.53.9 %
    Sans opinion. 14.1 %
    Nombre de votants : 7472
    © expression publique

    Tout autre chose : même s’il n’est pas d’une formidable originalité, je n’ai pas été mécontent de retrouver mon titre dans Le Canard enchaîné…

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