Dans une interview publiée dans le "Journal du dimanche", le député UMP Jean-Pierre Grand propose son siège à l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, l'ex-chef du gouvernement mis en examen vendredi pour "complicité de dénonciation calomnieuse, recel de vol, recel d'abus de confiance et complicité d'usage de faux" par les juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons chargés de l'enquête, dans le cadre de l'affaire Clearstream.

Que penser de cet acte de solidarité ? Fait-il l'honneur de nos politiques ou témoigne-t-il du mépris qu'ils ont pour la Justice de notre pays ?

"En traitant Dominique de Villepin comme s'il était à la tête d'un réseau de trafiquants de drogue, les juges et les policiers portent atteinte à la démocratie", estime Jean-Pierre Grand, dans cette interview accordée au «Journal du Dimanche », le député avait déjà comparé vendredi cette affaire à l'affaire Dreyfus."Nous sommes suffisamment nombreux comme députés à le soutenir pour que l'un d'entre nous fasse le geste politique fort de démissionner afin qu'il puisse siéger à l'Assemblée nationale", ajoute-t-il.

"Je suis prêt à lui proposer le mien si cela peut être utile à la défense de son honneur et de la démocratie", précise-t-il.

Rappelons à titre indicatif que Jean-Louis Gergorin, un des principaux protagonistes de l'affaire, a dit lors d'une audition la semaine dernière que Dominique de Villepin lui avait demandé de transmettre à un juge les listes falsifiées de comptes bancaires sur lesquelles figurait le nom de Nicolas Sarkozy. Le Premier ministre lui avait précisé que l'instruction venait de Jacques Chirac, a ajouté Jean-Louis Gergorin, selon des extraits du procès verbal de son audition publiés dans la presse.

A la sortie du pôle financier du palais de justice de Paris, Dominique de Villepin avait démenti vendredi s'être livré à une "quelconque manoeuvre politique" et avait dit avoir fait son "devoir comme ministre" en s'intéressant à cette affaire qu'il pensait liée aux malversations en marge de la vente de frégates à Taiwan en 1991, il a d’ailleurs fait appel du contrôle judiciaire qui lui a été imposé et qui prévoit le versement d'une caution de 200 000 euros ainsi que l'interdiction de rencontrer les protagonistes de l'affaire, dont l'ancien président Jacques Chirac.

On pourrait presque se féliciter de cet élan de solidarité venant de l’UMP, considérant que lorsque la Justice fait son travail, il s’agit d’une atteinte à la démocratie, et en effet sous la présidence Sarkozy, il semble si loin le temps où corruption, malversations et autres faisaient l’honneur de notre classe politique, et ne provoquaient pas tant de zèle de la part de nos juges, époque dorée qui semble manquer au député Gand.

Et en effet, pourquoi ne pas offrir un siège de député à de Villepin, et montrer à quel point notre grande démocratie sait protéger ceux qui la servent, montrer encore une fois qu’alors qu’ils demandent à tous de se montrer responsables, d’assumer leurs actes, nos politiques revendiquent le droit d’être au-dessus des lois, et peut-être cela participe-t-il d’une bonne vieille tradition française qui veut que nos hommes politiques s’en tirent la plupart du temps alors même que ce sont bien plus que des soupçons qui pèsent sur eux.

J’imagine que la prochaine fois, Mr Gand proposera l’immunité à vie pour tous ceux qui ont occupé une fonction politique, il est certain que l’UMP, au travers des propos de Mr Gand, est porteuse d’avenir pour notre démocratie.Quant à comparer de Villepin et Dreyfus, il semble qu'il n'y ait aucune limite à la mauvaise foi de nos hommes politiques.

Reste à savoir que peut-on penser de la célérité avec laquelle la Justice a opéré dans cette affaire impliquant de Villepin et avec lui derrière, l’ancien président Chirac, alors qu’elle nous avait habitué jusque là à faire preuve de moins de zèle dans ce genre d’affaires…que chacun en tire ses propres conclusions…