Une année scolaire qui se termine, ma onzième au service de l’État, en tant qu’assistante sociale dans les établissements scolaires. Confrontée chaque jour à des enfants de 10 à plus de 20 ans, et exceptionnellement à des enfants plus jeunes, je n’ai encore jamais rencontré l’"enfant Roi". Mes rencontres sont toutes autres : elles sont tristes à pleurer, elles sont bouleversantes, invraisemblables même parfois.
A l’époque où on parle d’enfant Roi, de l’enfant qui a tout, tout de suite, de l’enfant sans frustration aucune, né avec 1 souris de PC dans la main ou un téléphone portable à l’oreille, je le cherche, désespérément, mais je ne le trouve pas.
Mais quelle souffrance traverse des parents pour éduquer leurs enfants dans la violence verbale, physique, psychologique, parfois sexuelle. Mais que s’est-il passé pour en arriver à ce point de non retour ? Comment peut-on être si loin de la réalité de notre norme éducative ? Ce qui peut nous paraitre évident n’effleure même plus certains parents….
Cette fin d’année fut éprouvante. Si je fais le bilan de ce dernier mois, je me dis pour me rassurer que ce ne peut-être que le hasard qui me fait rencontrer de telles d’horreurs.
Ma mission principale est la protection de l’enfance. Je suis si loin de l’interdiction de la fessée, grande question récente. Mes rencontres à moi, ce sont des parents qui se débarrassent de leurs enfants comme d’un vulgaire colis…., ce sont des parents qui "y vont un peu fort" lorsqu’ils corrigent leur enfant au point d’avoir traces et traumatisme crânien…, ce sont des parents qui baissent les bras à l’adolescence et veulent "signer une décharge pour leur fille de 15 ans"…. etc etc…
Alors je me demande si une loi pour l’interdiction de la fessée va changer quelque chose… si la suppression des allocations familiales aux mauvais parents va changer quelque chose, et si l’enfant Roi existe vraiment. Si oui, j’ai dû me tromper de planète !
Il faudrait peut-être commencer par traiter la grande précarité, et donner les moyens et la reconnaissance aux travailleurs sociaux qui chaque jour se prennent l’horreur en pleine figure, mais continuent fidèlement et avec cœur leur métier car ils ont foi en l’humain.
Lien à lire : http://www.marianne2.fr/La-double-peine-des-travailleurs-sociaux_a207132.html#
je m’étonne d’être la première à saluer votre article chère Fata , mais il est vrai que ce W-E férié n’est peut-être pas des plus propices …
Comme d’habitude pour ceux qui vous lisent fidèlement et j’en suis, on retrouve dans votre texte votre sensibilité profonde, votre empathie pour les jeunes que vous suivez, votre sens des réalités et l’amour de votre métier …Cela fait du bien de voir qu’il y a encore des gens comme vous , avec des valeurs solides , le goût des autres et de la réflexion . Bien souvent vous nous aidez par le récit de votre vécu pas toujours facile, à mieux comprendre la grande misère affective , physique, morale , que secrète notre société .
je vous en remercie et souhaite que longtemps encore tous ces « enfants perdus » et non rois vous trouve sur leur chemin …
Et pour rester dans le vif du sujet , effectivement c’est une grande réflexion de société que nous devrions tous mener pour que ce monde ne s’enfonce pas ,jour après jour, dans la précarité, la solitude et la violence alors inéluctable .Mais qui aura le courage de nous y conduire …vers cette réflexion ?
Merci pour votre commentaire MUM.
On ne la voit que très rarement la grande précarité, les médias préfèrent nous montrer le grand luxe…. car qui est intéressé par la misère sociale ??….
Bonne journée.
Très bonne question, Fata!!!
Lorsque l’on travaille au contact de l’enfance on rencontre hélàs bien moins de « ROIS » que de victimes des adultes, n’en déplaise aux Zemmour et autres idéologues adeptes du passéisme!
Très bon article, Fata !
Les mythes ne résistent jamais à l’expérience. Votre vécu en témoigne, l’enfant n’a JAMAIS été roi !
Cdlt.
Merci Siempre et le havrais.
Cela fait toujours plaisir de voir son avis partagé !
Bonne soirée