J’ai cru qu’il avait disparu. Non pas que j’en sois attristée, non bien-sûr. Je n’avais rien à me reprocher.

Je n’étais pas responsable. Il avait agit à sa guise pendant ces années semblant oublier qui l’avait assis sur ce trône.      Malgré mes idées, bien plus proches des siennes que de celles des autres discoureurs, je n’avais pas cru en lui.

Je n’avais pas perdu la foi, il ne me l’avait jamais inspirée.

Mes camarades de cœur, de sang et d’idéologie étaient anéantis. Il semblait cheminer seul sur le chemin du chaos si avide de pouvoir et de reconnaissance.

J’avais senti- intuition féminine ?- que ce ne serait pas comme avec les autres, fussent-ils du même bord que lui. Qu’avec lui les choses seraient bien plus franches et plus tranchées. Qu’il serait préférable que je les prenne comme elles venaient…je n’aurais certainement pas d’autres alternatives.

Sachant qu’il n’était obligé à rien, il aurait pu faire autrement. Ne pas choisir la facilité en tenant des propos qu’il oublierait quelques mois à peine après les avoir prononcé.

Il était porteur d’espoir et de véritables changements. Il semblait posséder le charisme pour aller de l’avant et nous faire sentir fiers.

Il avait tout pour se démarquer et nous prouver qu’il était différent, vraiment.

Mais pour cela il eut fallu qu’il comprenne que promettre c’est tenir et tenir c’est grandir. Mais non !

On n’avait pas l’habitude d’un gars comme ça, on a été bluffé, berné, traîné dans la boue aux yeux du monde.

        


Que s’est-il donc passé pendant toutes ces années pour que jour après jour, doucement, pernicieusement, subrepticement, ma vie se modifie ainsi, change pour toujours et en soit a jamais bouleversée.

Je n’ai pas eu à attendre longtemps. Il sait mis au travail tout de suite et dés le début ce fut différent.

Il avait promis le changement, il s’y est attelé dés les premières heures.

Plus de moments figés et calculés où tout semble écrit au millimètre prés. Avec lui on n’est plus tenu à l’écart.

On entre de plein pied dans sa vie, il nous fait pénétrer son intimité. Il nous présente ses amis, nous prend à témoin avec ses amours mais nous laisse les emmerdes !

Avec lui, on se sent proches des peuples opprimés qui subissent les extravagances de leur dictateur, pardon de leur président.

On ressent la boule au ventre de ceux qui ont faim et peur, chaque jour, qu’un nouveau privilège de pauvre soit aboli.

On sait désormais ce que le mot faste signifie.

On comprend ce que vivre dans une dictature représente.

On a rêvé nous aussi pouvoir dîner dans des endroits illustres sans débourser un dénier.

Puis des voix se sont élevées. Doucement d’abord puis de plus en plus fort et de plus en plus nombreuses.

Au début ce n’était pas politiquement correct de charger ainsi celui qui se présentait comme le messie, il fallait lui laisser le temps de faire ses preuves. Ce qui fut fait, mais qui ne stoppa pas pour autant les diatribes.

    

Alors ma petite voix est revenue et m’a expliqué que j’avais vu juste, qu’il n’était pas celui qu’il prétendait. Que nous devions aller au bout en serrant les dents comme de bons petits soldats. La guerre ne faisait que commencer.

Le temps a passé et j’ai serré les dents comme des milliers.

Je l’apercevais de temps à autre dans divers galas toujours bien entouré et toujours faisant fi de ce que ses sujets pouvaient bien penser. Il gouvernait en maître absolu, le faisait savoir et s’en délectait.

          

Et puis, il y quelques jours l’homme d’avant est réapparu. Celui des débuts, celui qui nous avait tant charmé.

Raffiné, élégant, pesant ses mots sans agitation, sans rien qui dépasse de ses manches, il été revenu.

Il nous a regardé dans les yeux, sans sourciller – quel contrôle et quelle maitrise – pour nous redire combien il nous aimait, combien il nous comprenait, combien sa tâche fut difficile mais que le temps lui avait manqué et qu’il comptait sur nous pour l’aider à achever sa mission.


Je ne lis pas l’avenir mais l’histoire des peuples nous a prouvée combien les hommes ont la mémoire courte…