Pas encore dépêtré de la réforme des rythmes scolaires, Vincent Peillon évoque les programmes de l’école élémentaire. Comme tout bon ministre de l’éducation qui se respecte, on balaye d’un revers de main ce qui a été fait avant et on propose enfin les BONS programmes, ceux qui vont enfin faire réussir nos enfants. En 38 ans dans l’Education Nationale, j’en ai vu des programmes, quasiment à chaque nouveau ministre.

A chaque fois, on a essayé de nous faire croire que c’était la bonne. Nos IEN déployaient des trésors de persuasion pour nous expliquer qu’on allait devoir les lire ces fichus programmes parce tout ce qu’on avait fait avant était mauvais. Ils oubliaient que ce qu’ils critiquaient, ils l’avaient encensé quelques années auparavant. Quand on est enseignant, on n’a que ça à faire !

Dois-je avouer que je ne les ai pas tous lus, ces pensums qu’on nous demandait de digérer rapidement, ce qui supposait qu’on devrait changer en partie nos pratiques de classe. Se remettre en question, d’accord, mais pas trop souvent ! Evidemment, résultat des courses, on n’a jamais vu d’effets bénéfiques à la suite de changements de programmes sauf, peut-être,  quand Monsieur Gilles de Robien a fait la guerre à la méthode globale de lecture, mais là c’était une œuvre de salubrité publique.

Non, monsieur le ministre, les programmes de 2008 ne sont ni meilleurs ni pires que ceux qui les ont précédés. Un enseignant qui travaille bien saura s’en tirer avec n’importe quels programmes. J’en ai connu qui ont fait toute leur carrière en faisant fi des programmes officiels mais qui s’en tiraient très bien parce qu’ils adaptaient « à leur sauce ». Et comme ils avaient du bon sens et un sens aigu de la pédagogie, ils obtenaient de très bons résultats.

On va encore réunir des commissions d’experts, de sommité intellectuelles et quelques professeurs, histoire de ne pas froisser la profession. Ca va durer une année ou deux pour nous concocter enfin les programmes qu’on attendait depuis si longtemps. Il faudra au moins deux ans pour que ça redescende jusque dans les classes, à coup d’animations pédagogiques. Quand ça sera à peu près installé, on sera en 2016 avec de nouvelles élections qui aboutiront sur un nouveau ministre qui voudra faire de nouveaux programmes.

Laissez tomber ! Ce sont les éditeurs qui se frottent les mains !