Hortefeux, Sarkozy et les expulsions : l’obscénité

Comment ne pas en parler ?

L'abominable Brice Hortefeux, ministre de la Persécution des étrangers, a convoqué les 19 préfets n'ayant pas rempli leur quota d'expulsions de sans-papiers : "réunion de travail et de mobilisation où le ministre devait échanger avec les préfets dont les résultats doivent être améliorés", précise l'entourage hortefesque.

11000 expulsions seulement, alors que Sarkozy en a promis 25 000 ! Inacceptable.

Mais le pauvre Brice a des excuses : les Roumains et les Bulgares sont désormais des ressortissants de l'Union européenne, or ils représentaient 30% des expulsés en 2006 (en majorité Roms).

C'est bien pour ça qu'Hortefeux, qui fait pourtant son possible dans la traque au clandestin, pleurnichait le 20 août dernier que l'objectif fixé par Sarkozy serait difficile à atteindre, ordonnant tout de même à la police de "redoubler d'efforts pour les interpellations d'étrangers en situation irrégulière". Que n'avait-il dit là ? Fureur de l'hôte de l'Elysée : "Je veux du chiffre ! C'est un engagement de campagne. les Français m'attendent là-dessus", avait glapi Sarkozy, cité par Le Point.

Les Français ? Les racistes électeurs du Front National, ça c'est sûr, mais les Français ? "Je veux du chiffre"… Cette ignoble vision purement comptable fait fi des familles démembrées et des tragédies humaines. Le canard enchaîné donne un autre verbatim de l'engueulade présidentielle passée à Hortefeux, qui confirme cette obscène obsession statistique : "Rien n’a été fait depuis trois mois en matière de lutte contre l’immigration irrégulière. On a promis aux Français que cette immigration serait endiguée. Et qu’est-ce que je vois trois mois après ? Que les chiffres sont toujours les mêmes". Alors au travail, Brice ! Que signifie concrètement ce discours ? Comme si Sarkozy avait dit à son âme damnée – peut-être l'a-t-il vraiment dit, d'ailleurs : "Tu vas m'en choper un maximum et tu me les fous dehors ! Pardon ? Ceux qui sont intégrés, qui ont un travail ? On s'en fout ! Quoi, les parents séparés de leurs enfants, la mère et les enfants français privés du père étranger qui les fait pourtant vivre ? On s'en fout je te dis ! Du chiffre ! Et les brutalités policières ? dans les avions pour les faire taire (deux morts, une broutille) ? Ceux que l'on passe à tabac pour leur apprendre à refuser d'embarquer ? Les contrôles au faciès, le harcèlement des bronzés, des bridés, la chasse aux métèques ? Faut c'qui faut : du chiffre, du chiffre, du chiffre !"

affiche_fn_invasion_corrig_e_sarkoReprenons un peu notre souffle et tâchons de calmer notre rage. Soumis à une telle pression par l'omniprésident lui-même, qui tient, répétons-le, à se voir conserver la sympathie de la frange la plus abjecte de l'électorat et qui fait de l'acharnement par pure idéologie, Hortefeux répercute la fureur sarkoziste sur les préfets les moins efficaces dans la chasse au clando. Qu'a-t-il bien pu se dire lors de cette fameuse réunion ? Puisqu'il s'agit de "résultats (qui) doivent être améliorés", ces bons préfets ont sans doute échangé leurs meilleures trouvailles. Les associations d'aide aux femmes battues, par exemple. Vous y avez pensé, aux associations d'aide aux femmes battues ? Parce qu'il y a des femmes sans-papiers qui viennent s'y réfugier : l'occasion est trop belle de les cueillir ! Elles n'avaient qu'à se laisser taper dessus. Ah elles ont voulu se plaindre ? Hop, dans un charter, fissa ! On repense à la compassion dégoulinante du candidat Sarkozy envers les femmes battues, promettant des papiers aux protégées de l'association Coeur de femme et déclarant solennellement lors du meeting de Bercy du 29 avril : "A chaque femme martyrisée dans le monde, je veux que la France offre sa protection en lui donnant la possibilité de devenir française". Hypocrite, menteur, manipulateur ! Ne vous y trompez pas, nous ne vous parlons pas de femmes battues au hasard : Sviatlana Tchibissova, 30 ans, Bélarusse, a perdu son titre de séjour quand elle a fui son mari français, condamné à 3 mois de prison avec sursis pour menaces de mort à son encontre, pour se réfugier dans un foyer pour femmes battues. Au motif de la "rupture de la vie conjugale", elle est sous le coup d'une reconduite à la frontière et se cache désormais, la chaise de son fils Arseni, 6 ans et parlant parfaitement le français, désespérément vide dans la classe de CP où il devait faire sa rentrée. Que dit la préfecture des Ardennes, en cause dans ce cas précis, quand on lui parle de Sviatlana? "Le ministère de l’Immigration nous demande de ne pas faire de régularisations à tort et à travers", explique-t-elle benoitement. Aussi zélée soit-elle – et elle s'était déjà particulièrement illustrée dans l'abjection en séparant une enfant de 3 ans de sa mère expulsée -, sa préfète, Catherine Delmas-Comolli, figure pourtant dans les mauvais élèves convoqués par Hortefeux !

Parce que le pire de tout est peut-être encore que, même en multipliant les indignités, l'objectif sarkoziste des 25 000 expulsions est inatteignable ! Et il mobilise en outre les forces policières dans une proportion sans commune mesure avec l'importance du dossier : la police française doit-elle restaurer l'ordre dans les zones de non-droit, protéger les citoyens, endiguer la violence aux personnes dont l'augmentation est spectaculaire (+ 27% en 5 ans de Sarkozy), ou bien traquer de pauvres hères qui ne font de mal à personne et dont le seul coût, économiquement dérisoire dans le budget de la sécurité sociale – rapportons-le pour rire aux cadeaux fiscaux ! -, est d'être pour certains bénéficiaires de la Couverture Maladie Universelle et de se faire soigner ? Joaquin_MasanetQu'ils crèvent donc ! Même dans les rangs policiers, on trouve que ça commence à bien faire. "Ce n’est pas à la police de décider qui on doit reconduire à la frontière. C’est à la justice de statuer, proteste Joaquin Masanet, secrétaire général de l’Unsa-police, le principal syndicat des gardiens de la paix. Il faut faire attention à toute cette pression sur les préfets qui ­risque de retomber sur l’ensemble de la hiérarchie policière. Les fonctionnaires ne sont pas là pour contrôler tout le monde. On ne va pas mettre un gardien de la paix à chaque carrefour, dans chaque restaurant ou entreprise pour faire du chiffre en matière d’expulsion." Le leader syndical se place aussi au niveau de l'éthique: "Je ne vois pas pourquoi il y aurait des quotas sur des êtres humains, nous sommes dans un pays des droits de l’homme", avance-t-il. Il faut croire que non, ou alors sélectivement. Conséquence concrète de la pression infligée à la police : le drame du petit Ivan, tombé du balcon (14 mètres de chute, souffrant désormais d'une incapacité permanente à vie) alors qu'il tentait de fuir avec son père les fonctionnaires venus les arrêter à leur domicile. L'avocat de la famille, Maître Francis Lec, raconte : "Les parents ont été pris de panique. Cela a duré près d’une heure avec l’intervention d’un serrurier, qui a utilisé une perceuse. Les policiers agissaient dans le cadre de l’article 78 du code de procédure pénale, qui prévoit une visite domiciliaire en cas de non réponse aux convocations au commissariat. Or la maman s’était présentée, deux jours plus tôt avec son fils, mais on ne l’avait pas reçue. Il faut se demander si l’intervention était justement proportionnée ou non. Une dizaine de policiers tambourinaient à la porte. Une voisine qui a assisté à toute la scène dit qu’elle a vu les parents terrorisés. Elle est intervenue, sans succès, pour faire cesser l’opération policière." En plus, cette famille avait fait appel de la décision d’expulsion devant le juge administratif, qui devait les entendre le 6 septembre. La tentative d'interpellation ayant tourné au drame date du 9 août. Vite, vite, du chiffre !

gistiEt puisque Hortefeux veut améliorer ses résultats, semblables tragédies ne manqueront pas de se reproduire. Le gros rougeaud de Beauvau, ainsi que son mentor de l'Elysée, en porteront la responsabilité morale directe. "Les interpellations sont de plus en plus musclées, dénonce un autre avocat, Maître Stéphane Maugendre, vice-président du Groupe d'Information et de Soutien des Immigrés (Gisti). Un étranger en situation irrégulière, ce n’est pourtant pas un terroriste ou un grand délinquant ! C’est quelqu’un qui travaille, qui mène une vie normale, qui ne terrorise pas toute une cité ! On est en plein délire : pour faire du chiffre, on emploie les grands moyens, car c’est plus facile d’aller chercher un sans-papiers chez lui que de démanteler un trafic de stup’. Depuis la circulaire de régularisation, l’an dernier, la police dispose d’une manne: près de 60 000 personnes sont resf_expulsionsallées se faire ficher ! Le processus était enclenché, la chasse aux étrangers est ouverte." Voilà à quel niveau est tombée la France des droits de l'Homme, que Sarkozy et sa clique déshonorent. Une situation parfaitement résumée par Réseau Education Sans Frontières : "La dictature des quotas d’expulsions, imposés aux préfectures par le ministère de l’inhumanité, conduit à des situations qu’on croyait impossibles dans un pays civilisé : couples séparés, familles démembrées, parents et enfants arrêtés au petit matin, transportés sur des centaines de kilomètres pour être enfermés dans des centres de rétention puis expulsés vers des pays où personne ne les attend si ce n’est, pour certains, leurs bourreaux."

8 réflexions sur « Hortefeux, Sarkozy et les expulsions : l’obscénité »

  1. Très bonne analyse, Olivier…

    Ce qui me fait froid dans le dos, c’est cette logique comptable… les chiffres étant là pour tout régler…

    Les policiers, les gendarmes, leurs supérieurs hiérarchiques, les préfets, sont soumis à des pressions de plus en plus lourdes…

    Mais, ne risque-t-il pas d’y avoir un revers à cette médaille ?

    – la justice est de plus en plus sollicitée,

    – devant les révoltes de plus en plus nombreuses de passagers révoltés par certains comportements policiers dans les avions (des passagers ont été acquittés), les syndicats de personnel navigant commercial et de personnel navigant technique ne veulent plus que les avions de notre Compagnie nationale serve de charters !

    Alors, quelle solution ?

    – n’aurait-il pas fallu créer, entre la FRANCE et ses anciennes colonies, un COMMONWEALTH « A LA FRANCAISE », qui suppose que les ressortissants des Etats Membres puissent travailler dans les pays de leurs choix ?

    – N’aurait-il pas fallu modifier nos politiques de cooopération, de manière à obliger les Etats des pays en voie de développement à entrer de plein pied dans une démocratie véritable et dans un ETAT DE DROIT réel ?

    Je sais qu’il faut combattre les immigrations clandestines… Mais, pas au prix de cette logique comptable inhumaine…
    Il convient de trouver, avec nos partenaires (pourvoyeurs de ressortissants immigrés), d’autres réponses adaptées et plus humaines…

    Mais, je me souviens : dans les Années 30, Roger Salengro, Ministre socialiste, prônait, bien avant le FRONT NATIONAL, la « PREFERENCE NATIONALE » ! A cette époque, nos « bons » immigrés provenaient d’Italie, d’Espagne, de Pologne… De nombreux Juifs, fuyant le régime nazi entrain de s’affirmer, faisaient partie de ces « bons » immigrés !
    COMME QUOI, L’HISTOIRE, DANS CE DOMAINE, EST UN ETERNEL RECOMMENCEMENT !

  2. Comment peut-on utiliser de tels commentaires et publier un tel article? C’est une honte et totalement diffamatoire de traiter un ministre d’abominable.
    Nous ne sommes pas en Iran ni en corée du nord.
    Je tiens également à signaler cet abus aurpès du syndicat national des journalistes.

  3. @ amaury
    Je ne vois pas ce qu’il y a de diffamatoire dans le commentaire; il est plutot consensuel dans les termes et ne donne qu’une opinion.
    Par contre pour l’article, je te rejoins en grande partie..sans aller jusqu’à saisir une quelconque autorité. Il ne s’agit que d’un brulot partisan car la qualité de l’investigation est gommée par les termes employés et l’usage systématique de qualificatifs nauséeux et haineux.

  4. Ouvez les yeux !
    Regardez la situation telle qu’elle est, ces milliers de vies brisées, ces gens qu’on vient rafler alors qu’ils sont intégrés, qu’ils travaillent, qu’ils ont un logement, que leurs enfants sont scolarisés. Tout ça pour faire du chiffre et flatter l’électorat xénophobe ! Le vrai scandale est là, et je le dénonce en termes forts, c’est vrai. Mais je persiste et signe.
    Bien cordialement à vous.

  5. @ amaury
    Monsieur le Censeur, nous ne sommes pas à l’époque de la Dictature de Pétain… Puis, le Président Sarkozy n’a pas de Gestapo à sa disposition !

    Par ailleurs, que pourra faire le Syndicat des Journalistes lorsque vous aurez envoyé votre lettre de dénonciation (que je suppose : anonyme, puisque je me demande si amaury est votre nom !) pour vous plaindre de

    – l’auteur de cet article, en l’occurence : Olivier Bonnet ?

    – gergovia, un commentateur ?

    – moi-même ?

    Eh bien, ne vous en déplaise, ce syndicat, qui n’a aucun pouvoir de sanctions (sauf dans les droits du travail), ne pourra strictement rien faire, puisque

    – le contenu d’un article est de la responsabilité même de son auteur

    – le contenu d’un commentaire est également de la responsabilité de son auteur !

    Donc, puisqu’il n’existe pas, en France, de « Police de la Pensée », je vous engage,

    – soit, d’aller lire des sites qui sont plus conformes à vos pensées philosophiques et politiques,

    – soit, d’apprendre ce que signifie ce terme « Liberté de la Presse ».

    Que vous ne soyez pas d’accord avec l’auteur de cet article et avec nous, les commentateurs, c’est votre droit !
    CEPENDANT, IL CONVIENT QUE VOUS RESPECTIEZ LES ECRITS ET LES PENSEES DE CHACUN, NOTAMMENT EN POSTANT UN COMMENTAIRE INTELLIGENT ET CONFORME A L’ESPRIT DE NOTRE DEMOCRATIE !

    Monsieur le Censeur, je n’ai pas l’honneur de vous saluer…

    BON VENT, AMAURY !

  6. Beurkkkk
    les nazis avaient déja des « objectifs » et des « quotas » de juifs et de déficients à exterminer dans les années 40.

    On en en train de revivre la meme chose. D’ailleurs, si vous traduisez le nom allemand du ministère nazi des affaires juives, vous verrez la « coincidence ».
    A quand l’ouverture de camps de regroupements de sans-papiers? (visitez la zone de transit de Roissy)

    Tout cela est non seulement abject mais n’a aucun bon sens economique. Nous manquons de main d’oeuvre, de travailleurs et d’enfants.

    En termes constitutionnels, comment peut on stigmatiser une partie de la population par ses caractéristiques administratives par la dénomination d’un ministère?
    Y’a pas un parti ou un syndicat ou une ONG pour saisir le conseil?
    Merci Olivier pour votre papier salutaire!

  7. @ hozho
    Les Nazis n’ont pas été en reste : c’est vrai… Les Soviétiques : non plus, puisqu’ils sont autant que les Nazis responsables de las Shoah (pratiquée dans les territoires occupés par l’Armée rouge, du temps où l’U.R.S.S. était l’alliée de l’Allemagne Nazie)…

    La Dictature de Pétain a aussi participé à la Shoah et à la chasse aux Etrangers…

    Mais, est-ce que vous savez que, dans les Années 30, les Gouvernements français, dont celui du Front Populaire, ont eu une politique répressive en matière d’Immigration ?
    Roger Salengro, Ministre socialiste (à l’époque : SFIO), prônait, bien avant le Front National, la « PREFERENCE NATIONALE » ! A cette époque, nos « bons » immigrés provenaient d’Italie, d’Espagne, de Pologne… De nombreux Juifs, fuyant le régime nazi entrain de s’affirmer, faisaient partie de ces « bons » immigrés !

    COMME QUOI, L’HISTOIRE, DANS CE DOMAINE, EST UN ETERNEL RECOMMENCEMENT !

  8. Cette histoire de test ADN ne serait en effet qu’un « détail » si elle ne venait pas étayer de lourds soupçons qui pèsent sur N$ quant à son rapport à la génétique : rappelons nous la prédisposition à la pédophilie et au suicide, les confusions entre l’inné et l’acquis… Une petite dictature de ce genre peut devenir grande.

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